samedi 4 mars 2017

Racines de L'intolérable

Quand on se donne le droit de crier, il faut aussi apprendre à bien murmurer.

Milo Yiannopoulos a été victime d'agression sexuelle, enfant. Ça l'a, de manière justifiable, traumatisé à vie. Ça lui a aussi fait perdre une partie de son jugement. Qui s'est peut-être arrêté, justement, à celui d'un enfant.

Journaliste d'origine britannique sur le net, il a toujours été provocateur. Anti-féministe, anti-islamiste, anti-justice sociale (ça existe?), anti-politically correct, anti idéologies (con?) qu'il juge pour la plupart totalitaristes et issues de la gauche régressive. Il vit fièrement son homosexualité, ce qui est à son honneur, mais se dit aussi fier représentant de la alt-right, mouvement extraordinairement régressiste, nativiste, suprémaciste blanc, sexiste, antisémite, conspirationniste, opposé à l'immigration, réactionnaire et raciste. Il y a deux mots en anglais pour tout ça: sad loser.  Et le mouvement se comprennent aussi ainsi. Souvent. J'y reviendrai.

Bien entendu, Milo a vite été repéré par le risible site populiste d'extrême droite Breitbart News. Le même site qui a donné naissance à des monstres comme Steve Bannon, qui polluent en ce moment le cabinet Trump.

Yiannopoulos dit tout ce qui lui passe par la tête et Twitter l'a sanctionné pour son extrême manque de jugement sur son site. Il en est banni depuis juillet 2016. Son insistance à propager la haine a été jugée extraordinairement malsaine.

Il y a quelques jours, tout ceux qui ne connaissaient pas Yiannopoulos, lui on vu la face en pleurs quand il a donné sa démission du site Breitbart News. On l'a forcé à le faire quand il a dit candidement, il y a deux ans, qu'il ne voyait aucun problème à ce qu'un homme d'âge mur ait une relation avec un garçon de 13 ans, si tout ça est consenti, Il aurait pu facilement être noyé par des centaines d'autres déclarations, mais celle-là fût la goutte qui a fendu le vase.

Yiannopoulos fait parti de ces personnages, assez jeunes, (il a 32 ans sur papier) intolérants et intolérables, qui ont maintenant une voix depuis Trump. Il y a ce phénomène au Japon, et maintenant ici aussi, les hikikomoris. qui sont ces jeunes, généralement des hommes, qui vivent complètement coupés du monde, exclusivement dans leur chambre, sans jamais en sortir ou presque. Et qui ne vivent que par leur ordinateur, leur console de jeux, leur téléphone intelligent ou tout ça en même temps. Coupé de la société et presque 100% virtuels. En Amérique, ce phénomène existe depuis un peu plus de 10 ans. Des jeunes ne sortent presque plus de leur chambre ou de leur maison jouent et correspondent obssessivement sur leur console, amateurs des mangas japonais et d'animations japonaises.
Yiannopoulos était un superhéros pour ces gens. Principalement des hommes, je le répète, sans aucune forme de relation avec les femmes, ce qui les rend anti-féministe d'emblée, par ignorance, et qui sont aussi complètement aliénés par le libéralisme culturel. Ces jeunes se considèrent comme perdants dans la grand univers de la mondialisation, ce qui les poussent aussi vers un racisme certain. Par ignorance, toujours. Milo était une voix pour eux. Une canalisation de toutes les rages refoulées et inavouables, parce que tout à fait inacceptables dans une société civilisée.

Ces gens se réclament du contraire du civisme.

Un punk absolument crétin.
Plus abruti encore que le punk ne l'est par définition.

Les plateformes d'amateurs de dessins et de créateurs de dessins sur le net sont devenues des forums ou absolument toutes les opinions se valent, même si raisonnées comme un enfant de 9 ans et plus près de la pulsion que de la pensée logique.

Ce que je vous décris, c'est en fait le phénomène des trolls. Celui qui lance une vacherie anonyme de son sous-sol dans le simple but de se délester d'une pulsion. Pour faire réagir car autrement, il n'aurait pas l'impression d'exister vraiment.

La sous-culture anonyme s'est trouvée un nom (alt-right) et est même maintenant au pouvoir.

Ce sont les trolls qui ont mené Trump au pouvoir. Qu'il soit poche? pas grave. Si ma vie n'est pas acceptable, pourquoi devrait-elle l'être pour les autres?
C'est le désoeuvrement comme objectif de vie.

Le triomphe du nihilisme. Tourganiev y aurait pris son pied en Amérique.

Pour eux, Trump est un perdant dans l'arène du libéralisme culturel.
Tout à fait comme eux. Ces fiers pirates. Souvent pro hackers. Donc déjà sur la voie de l'anonyme et de la réclusion depuis longtemps.

Islamophobes, sexistes, racistes, antisémites, misogynes, traits qui avaient toutes les raisons de rester souterrains avant Trump sont maintenant au sommet de la mer.

Une mer de mouscaille.

La légitimité qu'a donné l'administration Trump, (Les Le Pen, dans l'Hexagone) à la parole haineuse, fait en sorte que lorsque les Conservateurs canadiens, comme ils le font à chaque année, se réuniront pour discuter des idées à importer au Parti (ce sera dirigé par Preston Manning), on discutera de ce qui serait bon d'importer de Donald Trump ici même.

En espèrant que la conclusion soit le plus gros des RIEN.

Ou mieux, un retour de l'utilisation de son intelligence au détriment de l'ignorance glorifiée et de l'immature pulsion. Un appel à la sagesse.

L'internet peut être un beau murmure dans le troubillon fou de la vie.

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