vendredi 24 mars 2017

10 Espions d'Importance Mondiale

Avec les accusations crétines d'espionnage de bottine lancées par l'administration Trump j'ai eu envie de plonger dans le vrai espionnage réussi.

Voici 10 espions internationaux majeurs.

Melita Norwood (1912-2005)
Inoffensive (en surface) assistante du directeur du centre de recherche atomique britannique, Melita a refilé tout ce que les britanniques trouvaient sur la bombe atomique, pendant près de 40 ans, principalement car elle était contre la bombe atomique. Fille d'un père Letton communiste qui traduisait des articles de Lenine et de Trostky, elle est vite recrutée à 25 ans pour infiltrer le centre de recherche atomique d'Angleterre. Elle portait toujours de gros sacs d'épicerie et restait une excellente employée, très à son affaire. Lorsqu'exposée en 1999, à l'âge de 87 ans, on la surnommera (en raison de ses sacs) The spy who came from the co-op. Avec un charme absolu, lorsque grillée, elle répond bravement : "Oh dear! je croyais m'en être tirée!". Les britanniques n'ayant jamais été des leaders en matière atomique, n'ayant donc que très peu de secrets à partager, ne poursuivront jamais Norwood.

Fritz Joubert Duquesne (1877-1956)
Sud-africain (afrikaaner), Fritz était motivé par la vengeance du massacre de sa famille durant la seconde guerre des Boers. Il sera conseiller de chasse du président Theodore Roosevelt avant d'être accessoire dans la mort de Lord Kitchener, en signalant à un sous-marin allemand la position du navire HMS Hampshire en 1916, à bord duquel se trouvait le maréchal britannique, et qui coulera au large de l'Irlande. Il sera espion pour les Allemands dès le début de la Première Guerre Mondiale, mais aussi pour la Seconde Guerre Mondiale. Il sera maintes et maintes fois capturé, mais s'évadera presque toujours. Des Bermudes, il s'évade aux États-Unis. Il infiltre les rangs britanniques et sabote de l'intérieur. Il est reémprisonné en 1917 à New York et feint la paralysie pendant 2 ans avant de s'évader à nouveau. Il est réarrété en 1932, mais les crimes de guerre sont pardonnés et il est libéré. Déguisé en scientifique, il pose plusieurs bombes sur plusieurs bateaux britannique avec succès. Il est si bon qu'il a son propre réseau d'au moins 33 espions appelés le Duquesne spy ring. Ils seront presque tous arrêtés en 1941. Il écope de 18 ans de prison, mais n'en sert que 14. Il sera libéré pour des raisons de santé. Ce qui ne fera jamais de sens de mon vivant. Et la dignité de ses victimes?  N'est-ce pas un aveu que ses victimes devaient mourir?

Virginia Hall (1906-1982)
Véritable héroïne, elle a une intéressante carrière administrative dans les ambassades des États-Unis à Varsovie et en Turquie avant d'être victime d'un bête accident de chasse (elle se tire dans la jambe) qui lui amputera une jambe. Elle travaillera en Estonie, avant de rejoindre l'Angleterre, puis la France occupée, pour y être officiellement journaliste. Mais en réalité, elle coordonne aussi des activités de la résistance, leur indique le mouvement des troupes allemandes, sabote subtilement et envoie dans les mauvaises direction les soldats d'Hitler, conduit des ambulances pour la résistance avant d'apparaître sur la liste des espions les plus recherchés de la Seconde Grande Guerre. Mais elle reste introuvable. Connue sous les noms de Camille, The Limp Lady (la fille qui boite), Brigitte Lecontre, Diane, Anna Müller, Nicolas, Mae, Germaine, Marie Monin et pour les Allemands qui la recherchent: Artemis, elle sera agente de l'OSS tout en étant correspondante pour le New York Post.  Elle sera magistrale. Elle décède à l'âge de 76 ans. Handicapée beaucoup plus habile que bien des gens sans handicap.

Klaus Fuchs (1911-1988)
Sympathisant communiste, Il quitte l'Allemagne quand Adolf Hitler devient chancelier et trouve refuge en Grande-Bretagne. En 1939, il demande la citoyenneté britannique, mais la guerre éclate avant que sa demande ne soit traitée. Allemand, il est même déclaré ennemi et sera interné, entre autre, à Sherbrooke au Québec. Son talent pour la science et ses connaissances pointues en mécanique quantique font en sorte que ses professeurs exigent sa sortie et il sera intégré au Projet Manhattan en 1943. Travailleur discret et studieux, il gagne la confiance de tous. Il est toutefois d'avis que les alliés ne devraient pas être les seuls à profiter du travail de recherche  sur la bombe atomique. Communiste depuis toujours, il refile aux Russes, tout ce qu'il apprend aux États-Unis, quelques semaines à peine après le bombardement de Nagasaki. Il est arrêté en 1950 et condamné à 14 ans de prison. Il n'en fera que 9. Car il est si brillant en mécanique quantique, que tout le monde se l'arrache. Les Britanniques, les Allemands, les Russes et les Chinois.

Belle Boyd (1844-1900)
Tomboy du sud des États-Unis, la Cléopâtre de la Secession (elle avait un bon nez) ou la sirène de Shenandoah est devenue espionne un peu malgré elle. Lorsqu'un soldat ivre entre chez eux et la bouscule, elle et sa mère, Belle, qui n'a que 17 ans, le tue d'un coup de fusil. Elle ne sera pas condamnée car on juge qu'elle a agit par légitime défense à une agression, Mais l'armée est amère et surveille les moindres faits et gestes de sa famille, errant autour de la maison jour et nuit. Belle, opportuniste, se lie s'amitié avec eux, et bien assez vite se lie de la cuisse aussi. Un soldat lui confie sur l'oreiller les secrets de ses troupes. Secrets qu'elle refile sur papier à la gouvernante, une esclave illettrée, qui ira porter le bout de papier à des gens en lien avec les troupes ennemies. Elle aura une brève carrière d'actrice par la suite.

Françis Walsingham (1532-1590)
Dégage Thomas Cromwell! Walsingham était le roi des espions pour les Tudors. Principal secrétaire d'Elizabeth I et ardent protestant, il était maître d'oeuvre de l'étouffement du catholicisme par tous les moyens possibles. Ses performances furent remarquables. Il intercepté pratiquement toutes les communications par lettre. Il avait un réseau efficace de faussaires en mesure de copier les écritures et créér des répliques parfaites de sceau royale contrefait. Il avait pour modèle, Machiavel. Quand Mary Stuart d'Écosse menace de devenir souveraine à la place de son Elizabeth chérie, Walsingham réussit à la faire enfermer. Il n'a toutefois pas de raison de l'assassiner sans outrer la diplomatie. Une correspondance d'un groupe qui souhaiterait la faire libérer et assassiner ensuite Elizabeth se rend à Mary d'Écosse. Walsingham l'a lue (il a les yeux sur toute les communications) et lui fait parvenir lui garantissant que si elle souhaite répondre, sa réponse à elle sera scellée et placée dans un tonneau, personne ne la lira sauf ceux à qui elle est adressée. Mary mord à l'hameçon  Elle approuve par écrit. Il a maintenant sa raison de la faire mourir. 14 des comploteurs seront aussi exécutés.

Sidney Reilly (1873-1925)
Sigmund Georgievich Rosenblum aurait été de ceux qui auraient influencé Ian Flemming pour son James Bond. Tombeur de ces dames, charismatique et brillant, playboy, il était passé maître dans l'art du déguisement et de la supercherie. Dans les années 1890, il quitte l'Ukraine pour Londres et travaille dans la revente de médicaments. Ça le met en contact avec de petites fripouilles, des immigrants, des exilés politiques, des criminels: la clientèle potentielle de la prison de Scotland Yard. Celle-ci l'engagera d'ailleurs comme informateur. Il prend goût à tout ça. Quand il a une liaison avec une femme mariée, le mari cocu décède soudainement, officiellement de la maladie de Bright, mais dont tous les symptômes sont exactement les mêmes qu'un empoisonnement à l'arsenic. Lors du conflit russo-japonnais de 1898, Reilly se trouve au bon endroit au bon moment (en Mandchourie), vend des armes aux Russes, mais tisse des liens avec les deux belligérants. Pour le War Office, on le charge alors de convaincre un prospecteur de pétrole de favoriser l'Anglo-Persian Oil Company, et non la famille Rothschild pour faire naître un géant pétrolier. Sa mission est si couronnée de succès qu'il s'invente une nouvelle vie, devient Sidney Reilly, et gagne en confiance. Il fait fortune pendant le Première Grande Guerre en vendant des armes aux États-Unis, aux Russes et aux Japonnais.  Il est choisi pour mettre fin au régime de Lenine, mais au contraire, choisit de le rencontrer pour peut-être s'y associer. Lenine refuse de le recevoir. Reilly est outré. Lénine et Trotsky doivent se rendre au théâtre Bolchoï. Son plan pour les kidnapper/abattre/tout ça est éventé, il doit fuir. Il revient à Londres, offre beaucoup d'informations sur les Russes, l'armée rouge et l'armée contre-révolutionnaire des Blancs. Antibolchévique, il s'associe à un prétendu groupe de révolutionnaire anti-bolchévique, mais c'est un piège. Staline a ordonné la purge des ennemis du régime hors Russie. Reilly tombe dans le panneau et est exécuté en voulant les approcher. Il n'aura pas baisé que des centaines de femmes...

Harold "Kim" Philby (1912-1988)

Oleg Gordievsky (1938-     )
Étudiant de la Moscow State Institute of International Relations, qui n'est qu'un autre nom pour École d'espionnage,  il est posté à Berlin-Est en 1961, pendant que le mur se construit. Il joint le KGB deux ans plus tard et est envoyé à Copenhague au Danemark, à l'ambassade Soviétique. Après le printemps de Prague, Gordievsky est dégoûté par le KGB et le fait savoir au MI6. Il collabore avec eux et s'arrange même pour y être assigné à l'ambassade Soviétique à partir de 1982, au Royaume-Uni. Grillé par un agent de la CIA, il est rappelé à Moscou, drogué, torturé et interrogé sur ses trahisons. Il n'avoue rien. Se dit innocent. On le laisse libre, mais surveillé en tout temps, et interdit de voyage hors de Russie. Oleg réussit à envoyer un message codé au MI6, qui avait un plan d'évasion tout prêt depuis longtemps pour une telle situation. En faisant son jogging du matin habituel, Oleg échappe à ses surveillants du KGB, et s'agrippe à un train sur le trajet du jogging. Ce train l'amène jusqu'à la frontière finlandaise où l'attendent les gens de l'ambassade britannique qui l'amèneront d'abord en Norvège, puis en Angleterrre. Où il vit toujours même si condamné à mort en Russie, in abstentia.

Ursula Kuczynski (1907-2000)
À 17 ans, l'Allemande intègre la ligue des jeunes communistes d'Allemagne. La famille Kuczynski est forcée de s'expatrier quand le papa prend la tête d'un mouvement demandant l'expropriation sans compensations des ex-princes et ex-rois allemands en s'attirant une grande animosité. On ira aux États-Unis, puis en Angleterre. Extrêmement littéraire, Ursula travaille d'abord dans une libraire de New York, puis retourne en Allemagne, épouser un ami d'enfance. Elle travaille à la Marxist Worker's Library. Son mari est architecte et le couple est relocalisé en Chine où l'architecture prospère. Là-bas, elle y fait la rencontre de Richard Sorge. Il introduit le couple au GRU, forces auxquelles il fait partie. Ursula y apprend la maîtrise des messages radios codés, la langue russe, Elle apprend comment monter des systèmes de communication radio, le morse et l'espionnage en général. Elle devient Sonja. Elle espionne les militaires japonnais qui occupe la Mandchourie pour la Chine et pour les Russes qui la font colonel, même si elle n'en portera jamais l'uniforme. Fin des années 30, elle est envoyée en Suisse où son mariage s'éteint dans la naissance de la Seconde Guerre Mondiale. Elle y fait de la radio, forme des espions à son tour et fait infiltrer des allemands chez les Nazis. Remariée en Angleterre, avec un autre agent du GRU, Elle y fera de la technique radio, mais aussi de la coordination avec les États-Unis pendant la Seconde Grande Guerre. Elle sera courriériste dans le réseau de Klaus Fuchs (voir plus haut) et réussira à fuir vers Berlin-Est quand tout le monde se fait griller. Son amitié avec Melita Norwood (voir aussi plus haut) que beaucoup plus tard, mais elle survient aussi à cette époque. Entre 1958 et 1988 elle écrit des histoires pour enfants, ce qui la rend totalement non suspecte, sous le nom de Ruth Werner.  Elle quitte le Gru pour se joindre au SED. On la qualifiera de meilleur espion de Staline parce que jamais soupçonnée de quoi que ce soit alors que tout ceux avec lesquels elle a travaillé, incluant son mari, se sont fait coincer. On dira d'elle que si ils avaient pu avoir 5 Sonja pendant la Seconde Grande Guerre, celle-ci se serait terminée bien avant.

Dangereusement, vôtre.

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