"My dear Kermit, I could never be myself ... You see, there is no me. I do not exist ... There used to be a me, but I had it surgically removed."
-Peter Sellers répondant à Kermit la grenouille au Muppet shows qui lui demandait de cesser de jouer continuellement une série de personnages et de se comporter en Peter Sellers.
De son propre aveu, il n'a jamais existé lui-même. Ça commençerait pratiquement à sa naissance.
Enfant unique né en septembre 1925 à Portsmouth en Angleterre, il a été baptisé du nom de son frère mort-né . Ses parents, tous deux dans l'univers du show business, l'intègrent, bébé à leurs numéros sur scène. Étouffé d'amour et hyper couvé par sa mère au point où ça en deviendra malsain, très tôt, il apprend à réclamer la totale attention de tous, des femmes en particulier.
Quand la guerre éclate, Sellers a 14 ans. Sa mère choisit de ne pas le relocaliser hors d'Angleterre et de le garder près de lui. Sellers voudra être pilote de guerre mais sa mauvaise vision l'en empêchera. Il devient batteur de jazz, position et style de musique qui conviennent parfaitement à son tempéramment. C'est au travers de l'armée et du jazz qu'il croise Spike Milligan avec lequel il fera de la radio (avec Harry Seacombe aussi) et avec lesquels il deviendra immensément populaire dans le goon show, émission d'humour radiophonique enrgistrée en direct devant public pendant les trois premières années. Le succès des Goons durera de 1951 à 1960. Sellers marie l'actrice australienne Anne Howe en 1951. Il a un fils trois ans plus tard et une fille en 1958.
Cet immense succès apprend à Sellers à improviser des centaines de personnages (principalement écrits par Milligan et Seacombe), à perfectionner autant de voix, mais aussi à travailler sans compromis, suivant principalement son instinct. Il tente de faire son chemin au cinéma mais sa bouille n'est pas celle d'un jeune tombeur et les rôles n'arrivent pas facilement. Un film qu'il tourne avec des amis et qui n'était originalement pas prévu pour diffusion, trouve son chemin jusqu'aux oscars en 1959. 4 ans auparavant, ces même oscars offraient une belle visibilité à Sellers qui avait participé au film The Ladykillers, nommé dans la catégorie du meilleur scénario. Très tôt, il apprend à jouer plus d'un rôle dans un même film, pavant la voie aux futurs Mike Myers et Eddie Murphy de ce monde. Il gagne en 1959 le prix du meilleur acteur au British Academy Film Award.
Sellers commence peu à peu à mentalement dériver...
Refusant de jouer dans The Milionnairess si Sophia Loren n'est pas sa partenaire, il tombe follement amoureux d'elle sur le plateau et s'en confesse à sa femme et à ses enfants...à qui il demande ouvertement des conseils de flirts...Quand sa femme demandera le divorce plus tard, Sellers demandera à ses enfants qui ils aiment le mieux, papa ou maman? quand ceux-ci suggèrent maman, Sellers les somme de ne plus jamais tenter de le revoir. Sophia Loren lui fait comprendre qu'elle n'est pas intéressée par ses avances, mariée au producteur Carlo Ponti. Sellers lui fait tout de même une déclaration d'amour désespérée...en présence de sa femme... Incapable de coucher avec la vraie, Sellers baisera avec la doublure de Mme Loren(!).
Sellers tourne avec Kubrick en 1962 et sa performance est saluée de tous. Kubrick le reprendra pour le film suivant, l'encourageant toujours à improviser. Sellers tourne aussi avec Blake Edwards un rôle secondaire qui vole la vedette aux principaux interprètes, lui vaut des éloges et le marquera pour toujours. Sellers choisit de consulter un numérologiste/astrologiste/charlatan qui guidera ses choix futurs. Celui-ci lui prédit un jour qu'il aura beaucoup de jolie femmes dans sa vie et qu'il doit prévoir quelque chose d'important autour des lettre B et E. Quand Sellers tourne avec la jolie Britt Ekland, Sellers y voit un lien et tombe amoureux de la suédoise. Il la marie 10 jours après lui avoir parlé pour la première fois.
Sellers devient vite paranoïaque et jaloux. Ekland est très belle et attire les regards. Sellers entre dans des délires violents. Il pète les plombs sur les plateaux lors de scènes entre Ekland et ses partenaires masculins. Il fait limoger des réalisateurs, une tendance qui le rendra fort désagréable dans les années à venir. 6 semaines après avoir marié Ekland, Sellers est victime de 8 crises cardiaques successives suite à une injection de drogue pour se stimuler sexuellement avec sa femme. Billy Wilder, avec lequel il tournait alors dira cyniquement "il faudrait d'abord avoir un coeur pour en faire une crise".
Ekland et Sellers, malgré un mariage très orageux ont une fille.
Le très gros succès populaire de What's New Pussycat qui lance, entre autre, la carrière de Woody Allen, garde Sellers comme une valeur sûre du box office. Allen et Sellers sont réunis à nouveau pour une parodie de film de James Bond. Toutefois cette fois c'est la catastrophe. Sellers voulait jouer un très sérieux playboy pas un clown, il fait renvoyer un réalisateur et est si intimidé par Orson Welles (qui le méprise) qu'il refuse de tourner en sa présence après la première journée, filmera le reste sans que Welles ne soit présent, avant de quitter le plateau avant la fin. Au montage, l'intrigue autour de son personnage en souffre un peu mais le film reste un autre succès du box office. Ekland le divorce.
Blake Edwards le ramène sous sa caméra pour la comédie The Party. Il brille aussi dans I Love You Alice B. Toklas où il y joue un personnage aux instincts se rapprochant des siens.
Les années 70 sont une triste dégénération mentale pour l'acteur.
Entre 1970 et 1978, il tourne 9 films, 3 ne seront jamais distribués et 5 sont des échecs. Il marie une mannequin. Trois ans plus tard, il fait la rencontre de quelqu'un de tout-aussi-instable que lui, Liza Minelli, et la demande en fiancailles. Celle-ci accepte, bien que mariée (!!). Sellers est aussi marié (!!!). Un mois plus tard tout ça est fini, le mariage de Sellers aussi.
De plus en plus enfantin, immature, irrespectueux et auto-destructeur, il se construit un nombre impressionnant d'ennemis. Principalement chez ses anciens amis. Il marie l'actrice Lynne Frederick. Avec elle, Sellers consomme beaucoup de cocaïne et d'alcool. Il subit une autre crise cardiaque en 1977 le forçant désormais à porter un pacemaker.
En 1979 est porté à l'écran l'adaptation d'un roman que Sellers chérit depuis 8 ans: Being There, adapté du roman de Jerry Kozinski.
Sellers prétend que le rôle du valet, simple d'esprit, Chance, un homme terne sans humeur, sans émotion, sans grande personalité, sans ego et accro à la télévision est tout simplement le rôle de la vie de Peter Sellers.
Un homme n'ayant aucune prise avec le monde réèl.
Ce qui n'était pas complètement faux.
Il meurt d'une dernière crise cardiaque à l'âge de 54 ans, la veille d'une réunion entre les membres originaux des Goons. Ce qui fera dire à Harry Seacombe dans la plus pure tradition des Goons: "Il aurait tout fait pour ne pas payer une facture".
Sellers, qui allait divorcer sa 4ème femme, lui fait hériter de 4,5 millions. Celle-ci offre quelques 2000$ aux trois enfants de Sellers. Spike Milligan tente légalement d'imposer une certaine justice dans ce réglement, mais sans succès.
Le fils de Peter Sellers meurt exactement le même jour que son père, mais 26 ans plus tard, d'une crise cardiaque lui aussi, à l'âge de 52 ans.
Derrière certains grands comiques, se cachent parfois de grandes tristesses.
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