jeudi 19 avril 2012

L'Empire des Sales

La violence sociale a moins à faire avec la fureur des manifestants qu'avec la surdité du pouvoir. On commence par crier pour qu'il entende. Il n'entend jamais la première fois. Ni la deuxième. Ni la dixième. La centième fois, une vitrine vole en éclats. C'est pas bien. Mais c'est pas si grave non plus.
                                                             -Pierre Foglia, 2005

L'an dernier je signais la mort de mon intérêt pour le hockey.

Mais ce n'est pas chose facile. M'émerveiller devant l'intelligence d'un Pavel Datsyuk, la hargne et le travail constant d'un Sidney Crosby ou le style d'un Claude Giroux (qui me rappelle humblement le mien à l'époque chez les plus petits) est toujours une bonne raison pour moi de tricher vers la télé.

Toutefois la réalité me rattrape bien souvent.

Les Bruins de Boston ont tué le sport avec leur style de barbare qui frappe avec leurs poings, dans le dos, dans le ventre, dans les genoux, en fonçant sur le gardien et la ligue se fait complice en ne les punissant jamais. La ligue endosse la violence qui peuple les séries éliminatoires actuelles.

Pas plus tard qu'il y a deux ans, il n'y avait absolument AUCUNE bataille en séries éliminatoires. Seul le talent déclarait le vainqueur au bout du compte, les joueurs reconnus pour être exclusivement des bagarreurs ne trouvaient plus de temps de glace. Ils étaient rendus caducs. Tout a changé avec Boston l'an dernier qui, bien qu'ayant le talent depuis plusieurs années, ne gagnant jamais ce qu'ils auraient dû gagner depuis longtemps (la coupe), ont alors opté pour les coups salauds, l'intimidation et les techniques animales pour arriver à leurs fins.

L'an dernier c'est une coupe Stanley puante qui a été soulevée par un ogre qui n'aurait même pas dû être en uniforme depuis le mois de mars.

Comme les arbitres et les autorités de la ligue ont laissé faire, les autres clubs ont choisi d'imiter la technique des sales bruns de Boston. Cette année chaque série (sauf peut-être la série New Jersey/Floride) est peuplée des gestes extraordinairement disgracieux. Même Crosby et Giroux, deux des meilleurs joueurs de hockey au monde en ce moment, font de la danse de gigons.

C'est la ligue qui est responsable de ces débordements qui ne cesseront pas.

Laissez-moi faire un parallèle avec notre (très)petit Québec.
Gros pétard mardi dernier pour détourner l'attention.
Les rats au pouvoir ont fait depuis le tout début de la propagande haineuse envers les étudiants. Ils ont tour à tour souligné à tort que les jeunes ne faisaient pas "leur juste part" dans le paiement des frais de scolarité. Ils ont ensuite tenté de les dépeindre comme des enfants gâtés pourris ce qui a été impossible à prouver. On a ensuite tenté de dire qu'on envoyait la facture à la classe moyenne, ce qui n'est pas faux. Ce qui l'est toutefois c'est de prétendre que la classe moyenne paie déjà " sa large part".

Pourquoi viser ceux qui compte sur une famille qui ne veut pas nécessairement aider même si elle en a les moyens, quand elle n'est tout simplement pas éclatée et que papa et maman se renvoient la facture ou encore que le salaire famélique des deux emplois combinés aux études ne suffit pas à payer 75% des excès des gestionnaires universitaires. Qui au monde peu payer une augmentation de la facture de 75% de toute façon?

Qui a souligné que la facture refilée aux étudiants correspond EXACTEMENT, à la cenne près aux pertes engendrées par le fiasco de l'îlot voyageur et les folies de primes de départ de l'Université de Concordia?

Mais il est beaucoup plus facile de faire de la désinformation, d'attaquer les jeunes, moins nombreux pour se défendre. Des jeunes qu'on tentera de dessiner sous toute sortes d'angles, de placer dans une petite boite d'imagination collective pour mieux faire avaler les coups en bas de la ceinture.

Boston disait de Montréal et Vancouver que c'étaient des clubs de comédiens. Ils s'amusaient l'an dernier à frapper lâchement les joueurs des Canadiens qui n'avaient aucun joueurs pour se défendre aux poings.

Line Beauchamps, cette tête digne de madame Bourette de la défunte série télé A Plein Temps, a demandé à rencontrer les membres de deux des trois regroupements représentant les étudiants. Elle a aussi précisé qu'on ne discuterait pas de la hausse des frais de scolarité, ce qui, dès le départ est exactement comme commander une réunion entre Israël et la Palestine afin de discuter de lingerie fine.

Les démagogues leaders ont aussi martelé le message qu'il ne s'agissait pas d'une grève.

Grève: Arrêt temporaire et collectif du travail visant à signifier un mécontentement.
Ça correspond EXACTEMENT à la situation.
Vous y lisez le mot employeur vous? Moi non plus. Mais il est beaucoup plus confortables pour les ânes de penser que les étudiants ne travaillent pas à l'université. Ils font la fête.

Chaque geste de mépris du gouvernement vis à vis des jeunes a été comme autant de taloches derrière la tête de la part des bruns de Boston quand l'adversaire se serait présenté devant le but. Et ils se surprennent qu'un coup de poing soit décoché de temps à autre? (lire vandalisme).

La CLASSE ne "dénonce" pas le vandalisme sur les bureaux des ministres? bien sûr que non. Y a des coups de bâtons qui se doivent d'être donnés, c'est le type de jeu qu'oblige l'attitude actuelle du gouvernement. Quelqu'un s'est excusé du côté des crétins en place pour la grenade éclatée dans l'oeil d'un jeune homme au bon endroit au bon moment mais qui avait sous-estimé l'absence de réflexion chez les morons? De plus comment peut-on encourager à traverser des lignes de piquetage sans s'attendre à de la confrontation physique? Mauvaise foi quand tu nous tiens...

Moi je salue l'intelligence et la créativité des jeunes qui sont forts habiles dans leurs démarches en renouvelant les techniques du jeu du chat et de la souris. Mais je le répête: ils seront toujours moins nombreux que les boomers. Peut-on leur en vouloir d'user de techniques du désespoir?

C'est le gouvernement qui est responsable de ces débordements qui ne cesseront pas.

La fureur en catimini c'est pas pour ici.
C'est à la montre des étudiants qu'il faudra lire l'heure.

2 commentaires:

icare2 a dit...

Bonjour Jones,

Merci à Foglia pour m'avoir fait découvrir votre blog.
L'article d'aujourd'hui traitant de la grève étudiante me plait particulièrement...

Soyez assuré que je vais revenir vous lire régulièrement.

Un vieux retraité avide...

icare2

icare2 a dit...

Bonjour Jones,

Merci à Foglia pour m'avoir fait découvrir votre blog.
Je ne suis pas Montréalais,mais les valeurs sont Dieu merci,universelles... Depuis trente années,que le pouvoir de l'argent assène au populo l'argument massue que l'on doit produire pour eux et non pas pour notre bien-être.Nous avons été de si bons 'élèves' qu'il en ont même réduit nos groupes de pression a opérer eux-mêmes les coupes prétendument nécessaires .Cette façon de faire a été tellement efficace qu'elle en est devenue la seule pour les gens tenant les rêne du 'pouvoir' de négocier. (Tous partis politiques compris).

Les étudiants,comme souvent les jeunes le font, menacent cette façon de faire,avec un manque d'expérience,il est vrai,mais qui n'en désarçonnent que plus le gouvernement. Il ne peut que s'appuyer sur une prétendue 'opinion publique favorable' pour s'entêter.D'ici que cette 'opinion' se mette à réaliser que les sommes économisées en stoppant les passe-droits aux grosses compagnies,aux firmes d'inginérie 'généreuses' pourraient faire la différence n'est pas loin.

L'évolution de l'opinion publique est lente,mais elle n'est que plus difficile a stopper une fois amorcée. En espérant que la petite flamme étudiante,même si elle vacille,finisse par éclairer toute la province ...

icare2