mardi 10 avril 2012

Du Dictateur (et du culte de la personalité)

 Le couple Al-Assad est atypique dans le domaine de la dictature.

Elle, vient du milieu financier ayant travaillé pour la Deutschbank, née et éduquée en Grande-Bretagne (bien que sa famille soir originaire de Homs qu'Al-Assad bombarde justement); lui, était ophtalmologiste, n'a jamais fait son service militaire car il n'était pas animé du sentiment d'urgence et la vue du sang ne lui plaisait guère (!!!). C'est le frère ainé d'Al-Assad qui était plutôt destiné à tenir les rênes du pays mais celui-ci est décédé dans un accident de voiture en 1994. Bashar Al-Assad a donc pris le relais et a modernisé, relativement bien au début, la Syrie. Elle, avec ses contacts financiers, a aidé son mari à se former un réseau. Leur dictature modernisée a même séduit Sarko le chiot puisque celui-ci les avaient reçus comme invité pour la parade du 14 juillet 2008.

On a découvert récemment une correspondance entre Al-Assad et sa femme pendant les massacres perpétrés contre la ville de Homs et ailleurs en Syrie. Madame s'est acheté un vase précieux, des souliers, des chandeliers, des rideaux, des bijoux, des tableaux et passait ses commandes chez Harrods comme une bonne occidentale pendant que le sang coulait dans la ville de sa famille (le problème d'Al-Assad avec le sang semble réglé...). En plein conflit, Bashar se commande des chansons des États-Unis et de l'Angleterre sur Itunes en plus de commander un livre de la série des Harry Potter. Asma al-Akhras, sa femme, a même eu un élan romantique en textant à son mari que "si ils sont forts ensemble, ils vaincront cette crise". Une crise qui a déjà fait plus de 7000 morts...Marie-Antoinette était tout aussi déconnectée de la réalité de son peuple avant la révolution qui l'a décapitée...

Il y a dans le couple Al-Assad un "débranchement" lié à leur envie de rien perdre de leurs privilèges, peu importe si le peuple est dans le chemin. Le bien collectif du peuple syrien ne doit pas brimer le bien personnel de Bashar et Asma. Tous deux atteints de la "déconnexion" liée au culte de la personalité et propre aux plus vils dictateurs mondiaux.

Quand on vous voue un culte, que votre image est partout, qu'on vous vénère, il est facile de ne plus toucher terre.

Dans le palmarès du chic de la tyrannie se trouverait aussi Jean-Bedel Bokassa, ancien président de la République centrafricaine de 1966 à 1976, autoproclamé empereur sous le nom de Bokassa Ier de 1976 à 1979. Bokassa était un fanatique de Napoléon dont il a épousé le style de vie. À son couronnement, (de feuilles de laurier!), il fait venir des chevaux normands (qui meurent tous peu de temps après ne supportant pas la chaleur africaine) et fait chanter à des sous-fifres chevalier de la table ronde. Et pourtant c'est justement Napoléon lui-même qui disait qu'entre le sublime et le ridicule, il n'y a qu'un pas. Bokassa était à la tête d'un peuple qui trainait dans la misère.

Nicolae Ceausescu, ancien tyran roumain, a fait construire un "palais du peuple" (quelle ironie!) immense, aussi grand que la pyramide de Khéops, avec des robinets en or, avec des tableaux de maître, un palais pharonique...auquel le peuple, qui vit sans eau courante et sans électricité, n'a pas accès... Ceausescu mangeait des repas de 6 services dont les couverts étaient tout en or pendant que son peuple crevait de faim.

Ferdinando Marcos, dictateur phillipin, régnait sur son peuple grâce à la fraude électorale, il a fait supprimer son rival aux élections, il utilisait à son avantage une violence extrême, faisait emprisonnner tout opposant soupçonné de son régime. La femme de Marcos, une ancinne reine de beauté empâtée avec les années, donnait de majestueux banquets et avait une grotesque collection de milles paires de souliers et une autre de 72 paires de verres fumées.

Jean-Claude Duvalier, dictateur d'Haïti, était un amoureux des voitures de course. BMW surtout, Lamborghini, Ferrari, alors que son peuple, encore aujourd'hui vit de moins que rien. Le dictateur imposé par son père avait pour femme Michelle Bennett une fan fini des fourrures. Mais que faire de fourrures dans un climat comme le climat haitien? Duvalier réfrigérait une salle du palais présidentiel afin qu'elle puisse porter sa vanité...être si loin de la réalité de son peuple...

Et il a eu le culot de revenir au pays après le dernier tremblement de terre afin de se représenter aux élections...

La réputation de Kim Jong Ill n'est plus à faire alors que même après sa mort, des Nord-Coréens ont été emprisonnés pour ne pas avoir assez pleuré la mort de celui qui avait une statue de lui-même en or.

Saparmyrat Nyýazow, président du Turkménistan indépendant de 1991 à 2006, l'un des dictateurs les plus autoritaires du monde avait renommé les mois du calendrier au nom de sa mère et de ses amies et imposé des statues de lui-même là où elles pouvaient faire face au soleil. Donc pratiquement partout.

Hitler et Mussolini se payaient beaucoup de faste et agissaient/réagissaient dans la démesure aussi, mais Staline pour sa part, n'était intéressé que par le pouvoir. On avait davantage un dictateur visionnaire en Staline.

Les autres sont surtout de l'ordre du médiocre.

Chez le couple Al-Assad, on a un mélange des deux.

Une volonté de pouvoir très forte et très certainement un début de culte de la personalité.

Le pouvoir absolu corromp absolument.

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