Quand les filles Shafia ont été trouvées mortes, noyées dans une voiture plongée dans une écluse à Kingston en compagnie de leur "mère" en 2009 les gens étaient estomaqués.
Qu'est-ce que Rona Amir Mohammad, 52 ans, Zanaib, 19, Sahari, 17 et Geeti, 13, 4 membres d'une famille de 10 de St-Léonard, faisaient à rouler là où c'était pratiquement impossible de rouler, la nuit, et surtout comment avaient-elles fait pour plonger leur voiture dans une écluse de seulement 5 mètres de profond sans penser sortir? Même en se perdant, il était plutôt difficile de se perdre à cet endroit précis.
Très peu de temps après le drame, des journalistes réussissaient à aller parler au père des trois filles et au mari de la morte sur son perron de St-Léonard. Un homme tout ce qu'il y a de plus disponible, qui pleurait des larmes de crocodiles et qui semblait dire "dépêchez-vous à faire votre topo télé car je ne tiendrai pas mon numéro très longtemps". Il avait bargouiné une histoire du genre, "la tante a dû vouloir donner des cours de conduite aux trois autres, elle était comme ça"...la nuit? Dans une ville qu'elles connaissaient peu, dans une écluse par ailleurs éclairée la nuit? La seconde femme du menteur masquait son visage d'actrice pleines de larmes à ses côtés. Tout tout tout sonnait faux.
Tellement faux que je n'y avais pas cru une seule seconde.
Ça m'avait tant chicoté que j'avais écris, une vingtaine de jour plus tard, un texte appelé Crime d'Honneur. C'était un texte malhabile où je ne voulais pas dénoncer ni accuser ce qui n'était alors qu'une forte impression personnelle. Je ne fais d'ailleurs aucune référence aux Shafia dans le texte. J'avais en fait voulu écrire une histoire relativement semblable mais à sexe inversé. Les crimes d'honneur font très largement, presqu'exclusivement, des victimes féminines. Je voulais voir si l'histoire de femmes qui tueraient des hommes ne suivant pas une ligne directrice donnée, créérait le même effet. C'était malhabile parce que je livrais les tueurs aux mains de la justice à la fin. Je bouclais la boucle moi-même sans même laisser place à la question "Avait-elle le droit de faire cela?" C'était poche et pas concluant sur rien. D'ailleurs ça m'a valu une (méritée) critique.
Deux ans plus tard, grâce à un micro placé intelligement dans la voiture des Shafia par les enquêteurs qui eux aussi avaient dès doutes dès le départ, on entend le père Shafia s'inquiéter de possibles caméras en train de peut-être les filmer chez eux, on l'entend aussi répéter que "rien n'est plus précieux que notre honneur" et que sa première femme et ses trois filles ont toutes trahi la culture islamique en se comportant comme des prostituées.
Les comportements de prostituées sont attribuées principalement à Zanaib, l'ainée, qui fréquentait un copain pakistanais. Les trois jeunes filles étaient des filles tout à fait de leur temps. Des filles d'origine afghane mais tout ce qu'il y a de plus montréalais. C'est-à-dire libres. Libres de fréquenter les amis qui leurs plaisaient, leur parler, rire en leur compagnie et d'utiliser des téléphones cellulaires tout en faisant la fête occasionnellement entre amis les week-ends. Une liberté d'Amérique qui venait en total conflit avec les chaines afghanes imposées par le père. Un homme qui faisait régner la terreur chez lui, sur sa première femme qu'il détestait avec véhémence, entre autre pour sa stérilité (!), mais aussi sur ses filles qu'il réprimandait sans vergogne. Le Département de la Protection de la Jeunesse avait officiellement reçu une plainte quelques mois avant le drame. Elle était intervenue 3 fois en 2 ans chez les Shafia. Zanaib a été hébergée deux mois avant le drame dans un refuge pour venir en aide aux femmes battues. Sahari avait peur d'être tuée par son père si il apprenait qu'elle avait un copain. Geeti avait demandé à la DPJ d'être placée en famille d'accueil, appel à l'aide resté sans suite.
Un autre micro à capté l'assassin patriarche dire:
"Le diable pourra déféquer sur leurs tombes, il n'y a rien comme l'honneur de la famille".
On a arrêté le père, la seconde épouse et le fils, ce dernier ayant toujours tenté d'exercer une autorité en l'absence du père et ayant fort probablement conduit la seconde voiture.
En effet des pièces des voitures accidentées des Shafia ont été trouvées à la fois sur les lieux du crime, à la fois chez lui dans sa cour de St-Léonard. Des morceaux de puzzle qui s'assemblent si bien que l'on a pu se faire une idée de la procédure. On les aurait endormies ou déjà tuées, on les aurait placées dans la voiture, deux voitures auraient alors poussé sur une troisième, celle des victimes, achetée un mois avant spécialement pour la transformer en tombeau, afin de la faire tomber à l'eau. La noyade aura été facile. La masquarade moins.
L'analyse de l'ordinateur de la famille à prouvé qu'on avait recherché sur google "où commettre un meurtre?" et "documentation sur noyade".
En Afghanistan, les femmes ne sont pas de citoyennes comme les autres. Ce sont des êtres inférieures. Elles ne marchent jamais devant un homme pour bien marquer leur infériorité. La femme là-bas est toujours coupable de quelque chose. L'effort de mon texte de juillet 2009 était vain, un homme ne meurt pas du crime d'honneur. La soumission au père et à l'homme est totale en Afghanistan. Et quelques fois s'importe malheureusement ici.
Mais voilà nous sommes au Québec. Les filles avaient pris pays en mettant le pied ici. Les trois autres n'ont jamais quitté leur Afghanistan mental. On ne sait trop ce qui arrivera des trois enfants de 8 à 14 ans remis aux authorités montréalaises.
On ne sait trop non plus si les trois accusés seront condamnés. Des procès où tout semblait écrit dans le ciel ont réussi à berner des jurys grâce à des technicalités. Tout semble facile à mettre en place. La preuve est si incriminante qu'il serait difficile de ne pas les trouver coupables de meurtre prémédité. Mais bon...
Je ne sais pas à quelle "famille" fait référence le père et mari des 4 victimes.
Certainement pas à la famille des Hommes avec un grand H.
Celle-ci réserve une place bien encagée pour les êtres inférieurs comme lui.
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