Voilà trois mots que je ne suis plus capable d'entendre.
Avant les devoirs, avant la douche, avant le dodo, avant les repas, avant de faire le ménage de sa chambre mon fils me lance toujours ces trois mots comme ultime résistance à nos doléances afin de compléter son match de XBox Live.
Il est installé, casque avec micro en tête, sur son lit, les stores pas ouverts même si il est 10h15 du matin. Bon ça c'est pas vraiment un problème, les stores, personnellement, sont une invention du diable en ce qui me concerne. Un filtre dont je me passerais bien dans la vie. J'aime VOIR dehors. Que les autres me voient, m'en fous pas mal, mais moi, voir dehors directement sans rideaux, sans stores, sans filtres, ça me fait respirer. Donc les stores et les rideaux, mon cerveau ne les enregistrent jamais. C'est comme si ils n'existaient pas. Fermés ou ouverts, même si ils ont un impact sur la lumière d'une pièce, c'est comme si j'avais abandonné l'idée de la fenêtre depuis le jour où le store et les rideaux ont été inventés. Voilà un secteur que je ne fréquente jamais, ouvrir ou fermer les stores? connais pas. Ça me prend toujours une fraction de seconde avant de reconnaître mentalement ce dont il s'agit. Comme si je boudais inconsciemment la fenêtre. Je me rappelle mon premier appartement à Montréal où ma mère m'avait donné un support à rideau pour ma chambre avec un joli rideau qu'elle avait confectionné elle-même. Joli en fait PARCE qu'elle l'avait confectionné elle-même mais sinon...c'était quand même juste un rideau. Vers la fin de l'année universitaire, l'une de mes amoureuses de l'époque m'avait fait remarquer que jamais je n'avais ouvert le rideau de ma petite fenêtre. Effectivement ça ne m'avait jamais traversé l'esprit. Affublé d'un rideau, une fenêtre est morte pour moi.
Mais je disgresse allègrement, tout ce que je veux dire en fait c'est que je ne peux donc pas en vouloir à Monkee de ne pas considérer ses stores (qui n'ont jamais rien de "vénitiens" d'ailleurs, j'ai été à Venise et toutes les maisons ont des volets.).
Des fois il y a variations dans ses négociations "Je peux tu juste finir ma game" me demande-t-il. Sa "game" c'est une partie de XBox Live, Call of Duty: Modern Warfare 2 ou Halo Reach qu'il joue avec ou contre des amis en ligne. Des ti-gars de son école, des amis de son club de hockey, des anciens élèves de son école primaire. Mais aussi quelques fois de grands adultes de mon âge qui se grattent le fond de culotte à force d'être écrasés dans les même boxers sales depuis trois jours sur le même futon sans dormir et ne mangeant de ring-o-los. Des gens aux noms édifiants comme Colossus Étron, DeuxGrossesBières ou Rock'N Noune. Je les entends se jaser dans leurs micros. Il y a beaucoup plus d'onomatopée que de réèlles conversations mais bon...zont du plaisir.
Je résiste à l'envie de lui raconter comment moi, à son âge, sans système vidéo, sans ordi, je passais mes journées à aller frapper des balles de baseball avec des amis, à lancer des rondelles dans des buts, à faire du vélo partout où c'était interdit, à flirter avec les filles ou l'inverse (Les filles sont encore attirées de nos jours par ceux qui déplaçent le plus d'air et j'étais le roi des imbéciles quelquefois à ce niveau). Je résiste à l'envie de lui dire qu'on manquait quelque fois le souper par mesure de représailles pour ne pas être revenu à la maison à temps après avoir passé l'ENTIÈRETÉ de la journée dehors à jouer. Je ne le dis pas car sinon j'incarnerais exactement ce que je reprochais à mes vieux qui me disaient "moi dans mon temps gnagnagna...". C'est l'erreur, naturelle, mais que nous faisons tous, de ramener toujours sur nous les choses qui ne nous concernent pas complètement. Et avoir eu accès à des jeux comme ça à son âge, soyons honnêtes, j'aurais été assurèment aussi pire que lui sur ma gestion du temps.
Aujourd'hui, époque casanière si il en est une, il faut au contraire menacer les enfants de sauter le souper si ils ne vont pas jouer dehors au moins 5 minutes une fois dans la journée.
Bonjour, mon nom est Hunter Jones et mon fils est un gamer. En tant que parents responsables, nous avons dû mettre des balises. Ce qui ne fait jamais l'affaire d'un pré-ado. Heureusement, les pré-ados résonnent aussi souvent comme des bottines.
"Ben oui, toi tu peux lire quand tu veux mais moi quand je veux jouer au XBox je peux pas quand je veux..."
"Prends la moitié du temps que tu prends pour jouer au Xbox à lire et je serais le plus heureux des hommes"
Et ça marche! Il lit davantage, et parfois beaucoup plus longtemps qu'il ne joue au Xbox. Victoire!
Mais là ces temps-ci il a une rechute. De nouveaux amis Xbox Live. Brutus, Dragon123, Punkriot, SplishSplashDan. Avant qu'il ne lui pousse des "seins d'hommes" et une petite bedaine, nous avons dû lui imposer des heures de jeu.
"Monkee as tu fait tes devoirs?"
"Non...après ma game o.k.?"
"Combien de temps ta game?"
"Jusqu'à ce que je sois mort"
La demande originale: 10h13 la réponse est venue vers 17h50.
"O.K. là je vais faire mes devoirs"
"T'es rendu bon au Xbox Live"
"Ouin...peut-être...mais pas autant que Copkiller"
"er...tu sais il y a d'autres objectifs qu'on peut se fixer à court terme, autres que d'être aussi bon que Copkiller"
"Comme quoi?"
"Tu pourrais peut-être pratiquer tes lancers an arrière, je vais m'habiller en gardien de but..."
(...)
"O.K...après ma game par exemple...j'ai rendez-vous avec GuettaisGod et KatyPerryonmyWoody après mes devoirs sur Xbox Live"
Aucun commentaire:
Publier un commentaire