mercredi 19 octobre 2011

Aériennes Nuits

Je dors mal c'est connu.

Je ne sais trop quand ça a commencé.

Tout jeune je gigotais comme un ver solitaire une bonne partie de la nuit et retrouvais mon oreiller au sol le matin, mais je dormais quand même. Enfin c'est avec le temps que j'ai compris que je dormais ainsi. Et ne voyant mon fils dormir aujourd'hui, j'ai compris en parti comment je devais dormir moi-même au même âge. Très agité mais dans le sommeil malgré tout.
Quand pour mes 15 ans, j'ai partagé mon lit avec une amie pour la première fois. Là j'ai compris que ce que j'appelais "dormir" était un calever pour une partenaire. De 10 à 14 ans, c'est la musique qui m'entrainait vers le sommeil. La musique et la littérature. Je commençais avec un livre puis, souvent quand je l'avais fini, je fermais la lumière et mettais de la musique afin de m'accompagner dans mes rêves. Des rêves électriques, érotiques, romantiques, ésotérique et magiques. Je n'ai jamais eu de réèlles difficultés à m'endormir. Le problème survient à mes multiples réveils. Plus jeune j'étais seul à gérer ce qui n'était même pas un problème. Comme je l'ai dit ça s'appelait "dormir". Je me réveillais? big deal je me rendormais. En bougeant peut-être beaucoup car j'en arrivais quelques fois à en arracher les draps mais je dormais quand même. Avec le temps j'ai réalisé que j'avais un pattern psychosomatique. Deux heures exactement après m'être endormi, trois quand j'ai pris de l'alcool, je suis parfaitement réveillé, ready for a brand new day. Souvent, avec une jolie jeune femme à mes côtés, je trouvais le moyen de nous fatiguer pour mieux nous rendormir. Mais avec le temps, l'amoureuse manque de souffle. Et quand elle dort, elle dort. Bien que je la trouve toujours aussi excitante comme au premier jour, elle, me trouvant peut-être séduisant comme au premier jour aussi, trouve plus difficile, deux ans plus âgées que moi, deux enfants plus tard, de se mettre dans des dispositions sexuelles autour de 3/4 heures du matin alors qu'elle naviguait sur les eaux douces du sommeil profond. Je ne peux pas lui imposer mon rythme d'animal en rut perpétuellement. Chaud lapin needs to relax. Et si faire l'amour nait moins du désir de l'autre que du désir de mieux dormir par la suite, disons que c'est pas ce qu'il y a de plus sexy.
Je me retrouve donc si réveillé que je quitte le lit et vais finir ma nuit au sous-sol. Et là, je m'endors pratiquement tout de suite.

Mais encore là, même routine. Deux heures, parfois trois, après m'être endormi, je regarde le cadran, tourne sur la gauche , tourne sur la droite, monte à la toilette question de changer la dynamique et réussi toujours à me rendormir assez vite. Je suis un hypercatif cérébral et de concentrer mes pensées sur "trouver mon chemin dans le noir, monter les marches, ne pas faire de bruit, ne pas tirer la chaine pour ne pas réveiller la maisonnée, redescendre, me rouler dans mes draps" suffit à me faire partir dans les bras de morphée assez vite. Je pense toutefois coucher avec mes espadrilles bientôt.

Mais récemment j'ai vécu de très beaux rêves aériens. Vraiment. Sans drogues, sans sexe, sans alcool, sans stimulants de toutes sortes. Je m'endors et avant le premeir réveil, je prend mon envol. Toujours le même départ de rêve. Je quitte mon lit en volant. Comme si j'étais mort et m'étais réincarné en esprit. Je survole la maison et vole au niveau du plafond qui semble soudainement trente fois plus haut. Je vois la maison dans tout son ensemble mais du point de vue de plafond. C'est la nuit et seul le chat, affolé, semble noter ma présence avec ses deux yeux jaunes inquiets. De toute façon les autres dorment et je reste à l'étage. Mais dans un rêve suivant, une autre nuit, je vole aussi à l'étage supérieur. Là où sont les chambres. Là où dorment mes trois amours. Je commence par voler au dessus de la chambre de l'amoureuse et m'émeut de la trouver si belle même endormie la bouche grande ouverte. Puis, je passe à la chambre de ma fille qui elle aussi non seulement dort dur mais ronfle par dessus le marché, un toutou différent toujours collé sur chaque côté de son corps. Je passe ensuite dans la chambre à mon fils, sans jamais ouvrir de porte, en longeant le plafond et toujours accompagné d'une musique aérienne de Lanois. J'ai vérifié, je ne dors pas avec mon Ipod sur une playlist qui metterais en vedette Lanois. Je dors maintenant sans musique. Mais la tête pleine assurément tout le temps.

Dans la chambre de mon fils quelque chose de fascinant se produit. Mon fils dort, dans toute sa splendeur pré-adolescentine, mais les poissons de son aquarium semblent me voir et me craindre. Ils s'agglutinent dans l'aquarium et semblent tous attendre quelque chose qui devrait se produire de ma part. Je ne suis qu'observateur. Peut-être un oiseau ou un moustique je ne sais trop. Et ce qui se produit ne vient pas de moi. Je subis ce qui m'arrive, je vogue sans autonomie réèlle. Comme un ballon à l'hélium égaré. Le jour apparait soudainement au travers des stores de la chambre de mon fils. Je prends peur et vole jusque dans la salle de bain, dans le bain plus précisément,  et je m'y cache en suspend. Comme une abeille prise dans une voiture et qui suffoquerais.
La troisième fois que j'ai vécu cette sensation en rêve, tout ce que je viens de vous dire se produisait et à la fin je finissais par passer par le trou du bain afin d'échapper au jour et à l'étouffement. Et là je découvre dans le monde du trou du bain un tout nouvel univers encore plus confus où je ne volais plus mais respirait davantage.

Je me suis réveillé chaque matin un peu vanné en me demandant qu'est-ce que ça voulait dire toutes ses niaiseries. Vampire de fabrication, j'ai toujours su, mesuré, calculé mes gestes avec le calme, le suave, la sensualité et l'appétit nécéssaire à mon rôle. Mais cette fois... dekessé calisse? suis-je aussi chauve-souris?

Je me suis conféssé de mes rêves à la belle qui en a bien ri.

"C'est le seul moyen que t'a trouvé pour me dire que tu voudrais baiser plus souvent...très imaginatif".

Pas du tout. C'était sincèrement ingénu. Se pourrais-je que je vole la nuit?

"Lave donc le plafond si tu voles la nuit, il est dû" m'a t-elle lancé.
Mais en regardant le plafond attentivement, en le scrutant, en posant mes yeux au ciel de mon fils, ce sont bien mes empreines digitales que je voyais dans la poussière du coin gauche de son plafond.

De la douche la belle me dit tout à coup:
"Hunteeeeeeeeeeer! T'as perdu combien de cheveux dans la douche, le trou du bain est bouché!!!"

Je les vu dans les yeux du chat et des poissons.
Je vole.
Et je suis animal.

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