lundi 24 octobre 2011

Territoires & Corridors

Deux incidents récents en Chine et un détour par chenou.

Une chinoise tente de se suicider et se tire à l'eau. Du pont et de la rive, une quinzaine de témoins. L'eau n'est pas tumultueuse. De toute évidence la femme ne sait pas nager. Tout le monde regarde, certains pointent du doigt du pont, "regarde comme elle est étrange", mais personne ne réagit. Seul un touriste des États-Unis choisit alors de sauter à l'eau et de la sauver. On ne comprendra jamais vraiment les raisons de cette envie de suicide. On comprendra encore moins cette non-assistance à personne en danger de la part de quelques chinois sur place.

L'autre incident, tout le monde l'a vu et tout le monde en a été outré. Une fillette échappe à l'attention de sa mère qui travaille dans une ruelle. Elle est happée par un camion de plein fouet. Elle baigne dans son sang dans la ruelle et pas une, pas deux, mais bien 18 personnes la contournent avant qu'une seule n'intervienne pour l'aider. Pour rajouter à l'outrage un autre véhicule lui repasse sur le corps. La petite en est morte.

La Chine est un modèle économique dit-on. Les États-Unis, en 2015, rembourseront à la Chine ce qu'ils leur doivent et cet argent servira simplement à l'armée chinoise. C'est dire la puissance chinoise (et le ravin étatsuniens). À bien des niveaux ils sont en avance sur l'occident. Au niveau humain toutefois...

Il serait par contre injuste de faire un procès à la culture chinoise au grand complet pour le manque de réaction dans les deux incidents nommés plus-haut. Les chinois sont en train de se questionner eux-même sur le sujet et c'est à eux de le faire, pas à nous. Mais on peut quand même se poser la question en se demandant si ce n'est pas sous le parapluie d'un certain individualisme dans le premier cas et au nom de la performance excessive au travail  et de la compétition que ces deux incidents se sont déroulés.

Des corridors qui deviennent quelque fois des territoires minés.

Parlant de corridors, j'ai aussi envie de jaser de l'école primaire de la puce. Elle est en troisième année, c'est donc sa quatrième année à cette école et mon fils a, au préalable, fait 7 ans à cette même école avant sa rentrée au secondaire. Malgré 4 directeurs en 7 ans et toute une pléiade de professeurs (parfois trois changements de profs dans la même classe, la même année!) nous commencons à connaître pas mal les rouages de cette institution scolaire. Nous avons compris que l'équipe de professeurs et l'équipe du service de garde sont deux clubs qui partagent très très peu. Surtout les informations. Si on averti les deux boîtes vocales et on écrit aussi deux notes afin de dire que notre enfant partira plus tôt ce jour-là, personne n'est au courant quand même quand on arrive à l'heure avisée. Toujours. Il faut aussi savoir que deux autres territoires sont 85% incompatibles*. Le territoire parent et le territoire enseignant. Les parents sont toujours le problème aux yeux des enseignants et vice-versa. Voilà deux ethnies, trois si on ajoute la variable éducatrice du service de garde, dont le mariage est presque toujours impossible. Voilà trois types de personnes qui ne semblent jamais marcher les mêmes corridors.

Il y a si peu d'abreuvement aux mêmes eaux que de couper les ponts semble maintenant tout naturel.

J'ai eu toute la misère du monde à rencontrer le prof de ma fille qui avait annulé sa réunion avec les parents en début d'année car trop peu d'entre eux (dont nous) ne pouvaient s'y rendre. Un mercredi de 16h30 à 18h00 fallait pas s'attendre à des miracles non plus. Mais pas de substitutions de réunion ou même de tenue de réunion quand même? Pas de communication du tout? Ne serais-ce que par écrit? weird.
Du côté des éducatrices du service de garde, nous remarquons que les congés pédagogiques offrent de moins en moins d'activités. Une simple sortie au parc serait déjà quelque choses mais non, on parle de vagues "activités" que l'on découvre après coup avoir étées du bricolage ou la confection d'une pizza, choses qu'ils font déjà la semaine avec ses mêmes éducatrices. Pour nous ce n'est pas très grave, car travaillant à domicile, je ne paie pas pour l'activité si elle ne m'enchante pas et j'en fais une plus agréable avec la puce ce jour-là.
Mais maintenant, nous reçevons la feuille demandant si nous souhaitons faire participer l'enfant, le jour même de la date limite d'inscription, comme si on ne souhaitais pas nous y voir en s'assurant qu'il soit trop tard, et peut-être aussi pour pouvoir avoir une petite journée tranquille avec les seuls enfants qui sont vraiment incapables d'être gardés chez eux ce jour-là. Une poignée. J'habite un quartier de desesperate housewives ou de contracteurs italiens, ils sont toujours chez eux de jour.

C'est pas facile le métier d'éducatrice de service garde. Je le dis sans ironie. Je tombe immanquablement sur l'heure de fatigue vers 16h00/16h10 alors que les éducatrices ont la responsabilité de leur groupe depuis 14h30. Sans faute, facilement 4 fois par semaine j'entends au loin ou surprend à mon arrivée au local l'éducatrice (ou une autre d'un autre groupe) être en train de gronder quelqu'un, à bout de patience.

Chaque Noël ainsi qu'à la fin de l'année on donnait à l'éducatrice de nos enfants un cadeau pour leur souligner notre sympathie et notre appréciation de leurs efforts.

Jusqu'à l'an dernier où on a surpris une éducatrice qui se plaignait des cadeaux qu'elle avait reçu des parents. Elle a tout juste eu le temps de montrer un cadeau en faisant une face de dégoût à une collègue avant de surprendre mon regard qui l'observait. Elle avait notre cadeau dans l'autre main et n'a jamais réagi me voyant la voir.

Elle a bouché le corridor du territoire parents/éducatrice.
Brûlé le pont.
Ça fait maintenant de l'espace dans notre budget scolaire.
*Même si je ne suis pas à l'ombre d'une critique professeurale, je me place quand même dans le 15%

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