lundi 21 juin 2021

La Somme de Nos Rencontres


 "Dis moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es"

-kekun kekpar

Récemment je remarquais que je n'arrivais plus à endurer mes collègues de travail. Il y a eu beaucoup, BEAUCOUP, de mouvement de personnel, au point que le nouvel arrivant dans les bureaux que j'étais il y a à peine 6 mois, dont le salaire venait à peine d'être platement et chichement ajusté à la hausse, se retrouve maintenant à être pratiquement le plus expérimenté des gars de bureau, en ce moment. Mon propre patron est plus neuf que je ne le suis, avec la compagnie depuis plus de 4 ans. 


Alain Certain, y est depuis l'automne. Il doute d'absolument tout. Il dit "ok" à chaque fois qu'il pense quelque chose. Comme si son cerveau était habitué à être en perpétuelle dormance, et que chaque pensée qui lui traversait la tête bouleversait sa somnolence et il devait la pontifier toutes les fois par un "o.k.". Il doute tant de tout que je dois confirmer le nombre de pages de pièces que je lui imprime de l'imprimante, et je dois (enfin pas tant, je pourrais lui dire) lui confirmer que j'ai bien reçu ses courriels. Il n'est tellement jamais sur de rien que les phrases "je suis dans un dilemme", "Je ne sais pas trop quoi faire", "faudra que je parle à Garfield" (son boss), sont des phrases récurrentes dans une journée. Il dit TOUT à voix haute, souvent pour simplement que quelqu'un valide (ou pas) si il prend la bonne décision. Il parle toujours à voix haute. C'est assez insupportable. Il a même laissé tomber "bon je vais aller faire un bon pipi" l'autre tantôt. Et c'est la personne avec laquelle je dois travaille le plus. J'ai rarement vu quelqu'un manquer autant d'assurance. Et comme j'en ai pour deux, ça m'irrite davantage. 


Juju Dtomath est un ancien chauffeur comme moi. Lui, ça fait 5 ans qu'il travaille pour la compagnie. Il était, tout comme moi, des 3 chauffeurs originaux de la compagnie. Il vient d'arriver dans un nouveau poste de bureau. C'est mon autre voisin de bureau. Et comme celui qui le confirmait nous as quitté, il est tout aussi peu confiant de ce qu'il fait qu'Alain Certain. Il se sent abandonné. À juste titre. Celle qui doit l'épauler est engagé depuis seulement 2 mois, mais partage son temps avec une autre compagnie à elle et son chum et le temps accordé à son autre job est peut-être de 80%. Elle donne l'autre 20% chez nous. Elle n'y est qu'une journée par semaine et là, on peut prendre la pleine mesure du temps qu'elle accorde aux nombreux appels qu'elle reçoit. C'est comme avoir un commerce différent opérant trop près de nous. Elle fait du service à la clientèle qui n'a rien à voir avec le train train quotidien de ce qu'on fait. Et l'urgence des retards accumulés dans leurs tâches, devient de plus en plus inquiétant. Une collègue passée à été limogée pour (entre autre) avoir été deux semaines en retard sur les retours de liste envoyés aux villes, et à deux, ils sont actuellement 2 semaines en retard sur les retours de liste envoyées aux villes. Les villes s'en plaignent à moi et un effet domino se produit sur pas mal tout ce qu'on fait. Juju est de tempérament très smooth, fume beaucoup de joints, et en a l'habituel tempo relax. L'urgence de ce qui reste à faire est aux antipodes de son tempérament. Il est fier, il n'a donc pas tendance à demander trop souvent comment faire. Ou fait de gros efforts pour le faire. Il est aussi relativement anal, comméreux, rapporteur, accusateur, bref, il est irritant de bien des manières. Il ne peut pa cacher ses frustrations, il rougit à rien. 

Les trois m'entourent. Ce qui me donne toujours envie de porter mes écouteurs le plus souvent possible. 


Il y aussi celui qui aurait tellement aimé être #2 de la compagnie, mais qui n'en a pas les capacités intellectuelles ni le flair. Il était le troisième chauffeur, avec Juju et moi, engagé trois semaines avant moi, au tout début. Mais le premier à devenir employé de bureau. Il gère l'entrepôt, l'inventaire, le stock, et aime bien sortir de son champs de compétences pour essayer d'impressionner. Ce qu'il adore le plus: errer dans le bureau du grand boss, pour jaser "sérieux". Il est ridicule. Un vrai lèche-cul de boss. Quelques une de ses initiatives ont été écoutées et nous ont, au final, très cher. Son jugement laisse à désirer. Il m'a un jour dit, très sérieusement, "T'as vu les gars de la meute?", ce à quoi j'avais répondu un "oui" peu impressionné. Mais lui l'était, impressionné. Et il me disait qu'il pensait le joindre bientôt. Je ne me rappelle plus comment je me suis sorti de la discussion, trop flabbergasté par ce qui se bousculait dans ma tête, entre autre le fait que le gars vient de la Beauce et que je ne voulais pas croire que les Beaucerons sont tous des imbéciles. Il a tenté à maintes reprises de me dire quoi faire et j'ai dû mettre mon pied à terre et parler fort pour lui faire comprendre qu'il n'était en rien mon supérieur. Il prend souvent les mauvaises décisions, et prend aussi des décisions égoïstes. L'autre tantôt, il bricolait quelque chose dans le mur, faisant un tapage infernal, et il le faisait mal. Il est friand de ses moments qui le font sentir "qu'il est un homme".  Je l'ai vu se comporter  avec son jeune fils et il exige de sa part un respect démesurément injuste. Enfin, c'est son droit. Mais cet homme est un mal nécessaire, ne serait jamais un ami. Quand Garfield lui a dit l'autre tantôt "as tu pris rendez-vous pour je-ne-sais-trop-quoi, as tu appelé aussi je-ne-sais-trop-qui?" Il a répondu "ah non, pas encore eu le temps" ce à quoi Garfield lui a répliqué, assez justement, "et tu fais des trois inutiles dans le mur depuis tantôt?". J'ai retenu un rire. Sa manière de bouger le matin, avec ses lunettes fumées, comme si il gérait tout l'endroit est aussi très très agaçant. Je dirais comme ma mère qui regardait danser mon père: "maudit qu''i' bouge mal!"


Bref, je suis entouré de tous ces gens qui m'irritent de plus en plus. 

Mais je réalisais vendredi dernier que je ne peux en rien leur en vouloir. Si tant de gens autour de moi finissent par me pomper les nerfs, c'est assurément moi qui doit assumer que je baigne au mauvais endroit. 

J'ai pris mes trois semaines de vacances sur 8 semaines. À toutes les deux semaines, début juillet, je serai en vacances, une bonne semaine. Je compte refaire le plein d'énergie, mais aussi viser ailleurs. Cet automne, ou avant, il ne faudra plus que j'y sois. Pendant mes vacances, je mitraillerai mes CV là où je pourrai être une meilleure somme de toutes mes fréquentations. 

Car nous sommes toujours la somme de nos expériences, la somme de nos rencontres. 

Et là, je ne m'aime pas tant. 


Aucun commentaire: