mardi 19 janvier 2016

Exit David Bowie (1947-2016)

"It was cold and it rained, so I felt like an actor..."

-D.J. 

Tu es parti mon ami.

Tu étais là, dans l'air, autour de 1985. peut-être début 1986, c'est vague. La naissance de l'amour est toujours un peu vague. C'était là dans l'air, ce visage bleu. Je crois que c'est comme ça que ça arrive, le premier coup de foudre auditif. Des mélodies, une image, qui traîne dans l'air et vos oreilles, vos yeux, votre corps, alors adolescent, qui se met à flotter comme de la vapeur qui deviendrait brouillard. Brouillon d'ado deviendra beau. Puis l'artiste et son aura se mêlent à vous comme si vous étiez tous les deux d'une même fine bruine. L'univers de l'un se fond à celui de l'autre comme si vous étiez le même nuage.

Et ce nuage ne sera jamais plus seul à nouveau, car la solitude de l'adolescentus cumulonimbus serait intolérable sans l'univers de l'autre.

Et vous vivez enfin.
Vous êtes vivant. Même si sur mars.

Vous vous sentez différent, mais cette fois, vous le revendiquer.
Vous êtes unique. Et c'est très bien comme ça.

Tu étais plus grand que nature pour moi, David. Pour tant d'autres. Tu nous as tous appris que nous n'étions pas seuls. Tu nous as montré que marcher dans la marge n'était pas quelque chose de complètement anormal.

Ou que si ce l'était, que c'était cool en tabarnak.

Dans The Man Who Felt Too Earth, tu jouais un extra-terrestre. Dans ce film, tu semblais le seul à sa place. Ce sont plus de 35 ans de créations sonores et visuelles en temps réels que tu m'auras fait vivre. Tout autant en rêves de toute sortes. Tu étais la trame sonore de ma vie. Tu le resteras.

Tu as été le plus étrange animal du monde de la musique mais aussi le plus humain. Tu étais finesse et avant-gardisme. Noblesse, dignité et obscénité. Rébellion et conformisme,  Toujours le reflet de ton époque. Quelques notes avant le heavy metal "fusion". Jazz en pop.  Oiseau de nuit. Suave et dans le vent. À l'aube du nouvel âge. Un héros.

Mon héros.

Le 10 janvier dernier, j'ai marché les rues de San Juan, Puerto Rico dans un état second. Je portais un gilet qui arborait, sans raison je le croyais, le #8. Jour de l'anniversaire de David Bowie  anniversaire qui se trouvait à avoir été célébré 48 heures plus tôt. Je me faisais prendre en photo par ma belle devant un cimetière dont les tombes étaient frappées par les vagues d'une mer magnifique. Puis j'ai appris pour mon ami Bowie.

Ces coïncidences parfois...

J'ai d'abord cru qu'on me parlait d'une critique de son dernier album, Puis j'ai lu et relu, et relu à haute voix les 4 lettres qui suivaient le nom de mon héros sur l'écran d'une télévision étrangère.

D-I-E-S.

Un trou immense s'est glissé en moi. Puis s'est peu à peu refermé. Une lumière venait de s'éteindre dans tout ce que je suis. Mais rien n'était perdu. Sinon la source de cette lumière. Bowie m'a habité, m'a guidé, m'a construit  dans ce que je suis aujourd'hui. Il y a en moi ce tiroir intérieur dans mon coeur qui s'est ouvert ce 10 janvier 2016 à Puerto Rico et dans lequel s'est placé une dernière fois David Robert Jones. Bowie se sera mis en scène jusqu'à son dernier souffle. Pour ce que je sais de lui, il était peut-être décédé depuis le 2 janvier ou le 23 décembre dernier, mais pour s'assurer de bonnes ventes de son dernier effort, pourquoi ne pas prendre la mort à la gorge et wham bam, thank you ma'am?

Du grand David Bowie. Parce que David, tu étais surtout grand.

Tu as chanté We Live for just those 20 years, do we have to die for the 50 more?
Ha! tu as même pris la mort à contrepied. tu es parti à 69 ans!

Toujours un pas devant nous. même mort.

Ton dernier effort a des passages délicieux. Lazarus surtout.
 La créativité jusqu'à ton dernier soupir.

Tu m'as appris l'audace. le risque. l'art de se réinventer, le flair, à être attentif au monde qui nous entoure.
Tu m'as surtout appris à être libre.

La liberté dans tout ce que j'entreprends, pense, projette de faire, fait.

Tu étais la mer. tu étais l'espace.
Tu t'amuses maintenant avec Terry, Freddie, Lou, Ronsey.

Tu étais un ami, un frère, un père.
C'est un deuil de presque 10 jours que je me suis accordé avant d'affronter l'inévitable.
Tu y a fait face 18 long mois en secret.

Je t'aurai toute ma vie grandement aimé. Et ton départ m'a beaucoup affecté. Me traverse encore de drôles de manière. Mon nuage est devenu gris de temps à autre. Un phare s'est éteint pour mon bateau.

Brouillard.
Tu as eu la bonne idée de nous laisser des tonnes, des TONNES, d'images pour l'éternité. Mentales ou visuelles. Tu es immortel, ça tu le savais déjà, tu travaillais dans le son et l'image.

Il y avait un monde en noir et blanc avant toi, David,
puis tu nous as donné la couleur.

Il y aura maintenant un après Bowie.

Tu nous manquera, Dave.

I'll never wave bye bye.

When I'll believe in nothing, I'll (still) call your name.

Tu es parti mon ami,
mais tu ne seras jamais loin.

Lazare n'est-il pas revenu dans l'histoire de Jésus?

Le tiroir de mon coeur est grand. Et s'ouvrira facilement.

À des millions de revisites, David.
'til the 21st century lose.

Je t'aime, t'aimais et t'aimerai encore.

Et tu sais déjà que quelqu'un là haut t'aime déjà.

Merci d'avoir existé pour nous tes fans.
Tes nuages.

Merci pour les beaux voyages.

Le ciel est maintenant magnifiquement grand avec toi dedans.

Aucun commentaire: