samedi 29 août 2015

Francisco Rabal

En 1936, quand la guerre civile espagnole fait rage, la famille de Paco Rabal quitte leur ville de Murçias et s'installe à Madrid.

Le jeune Fransisco, qui a 10 ans, apprend alors à travailler comme vendeur dans les rues et dans une fabrique de chocolat. À 13 ans, il quitte l'école définitivement pour devenir électricien dans les studios de télé/cinéma Estudios Chamartin.

Peu à peu, il travaille comme figurant ici et là. Le poète et critique Dàmaso Alonso lui trouve de la gueule et lui suggère une carrière au théâtre. Dans les années qui suivront, Rabal jouera dans les compagnies de théâtre de Lope de Vega ou Maria Guerrero. C'est là qu'il fera la rencontre de l'actrice Asuncion Balaguer, qu'il épousera et avec laquelle il restera toute sa vie.

En 1947, il obtient des rôles de plus en plus régulièrement dans les pièces de théâtre. Il utilise son véritable prénom, Francisco, mais on l'appelle de plus en plus familièrement, Paco (un diminutif de Francisco en Espagne). Il est de la famille dans l'Espagne de Franco.

Toujours dans les années 40, le cinéma est une nouvelle réalité espagnole de plus en plus en vogue. Rabal y fera d'abord de la figuration avant que ce cinéma ne soit plus muet au début des années 50. On lui fera jouer des premiers rôles romantiques. mais comme il a aussi la gueule du truand, on lui fera jouer les brigands aussi. Beaucoup.

Beaucoup plus.

Il participe à trois films du grand réalisateur Luis Bunuel: Nazarin en 1959, Viridiana en 1961 et Belle de Jour en 1967.

Quand William Friedkin, aux États-Unis, fait son casting pour tourner ce qui deviendra The French Connection, il demande à son chef de casting d'aller chercher "Cet acteur espagnol, dont je ne me rappelle plus le nom, qui joue dans les films de Bunuel" pour incarner le criminel Alain Charnier. Le chef de casting se trompe et engage Fernando Rey qui lui aussi a joué sous la direction de Bunuël dans Viridiana et tourne actuellement avec Luis dans Tristana. Rey fera amplement l'affaire, parfait, dans le film de Friedkin.

Pour se racheter, puisque l'erreur est venue aux oreilles de Rabal et que le film (et Rey) feront sensation dans le monde. Friedkin engage Rabal dans le classique culte Sorcerer en 1977, un remake du Salaire de la Peur de 1953.

Pendant sa carrière, Rabal travaillera principalement en France, en Italie et au Mexique sous la direction de Gillo Pontecorvo, Michelangelo Antonioni, Luchino Visconti, Valerio Zurlini, Jacques Rivette et Alberto Lattuada.

Plusieurs considèrent que les meilleures performances de Francisco Rabal surviennent suite à la mort de Franco en 1975, comme si un joug moral l'empêchait d'éclore.

En 1980, Rabal est du film Los Santos Inocentes, ce qui lui vaut la Palme du meilleur acteur à Cannes.  La même année il brille dans le film El Disputado Voto del Senor Cayo et dans la série télé Juncal.

Il est membre du jury pour le 39ème Festival du film de Berlin en 1989. 10 ans plus tard, il incarne Francisco Goya dans Goya en Buerdos de Carlos Saura. Pour cette performance, il gagne le Goya Award  (justement!) du meilleur acteur en Espagne.

Rabal est toujours le seul acteur espagnol à recevoir un diplôme Honoris Causa de l'université de Murcia.

Le dernier film de Francisco Rabal est tourné sous la direction de Stuart Gordon. Le film lui sera dédié car il décède avant sa sortie publique.

Dans un avion le ramenant de Montréal, où il a reçu un prix pour l'ensemble de sa carrière au Festival des films du Monde en 2001, il est victime de problèmes respiratoires des suites d'une crise d'emphysème et décède à l'âge de 75 ans.

Le film de Gordon titrera à la fin du générique:
Dédié à  la mémoire de Francisco Rabal, un acteur extraordinaire et un meilleur être humain encore.

Rabal nous quitte aujourd'hui, il y a 14 ans.

Le Festival des Films du Monde de Montréal fait rage depuis 2 jours et prendra fin le 7 septembre prochain.

Paco Rabal avait de la gueule.

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