mercredi 11 septembre 2013

Salvador Allende


"Vive le Chili, vive le Peuple, vive les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles, j’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain et qu’au moins surviendra une punition morale pour la lâcheté et la trahison."

(Malheureusement...non, ils seront toujours impunis)

Ce sont les dernières paroles de Salavador Allende à la radio du Chili le soir du 11 septembre 1973 vers 21h. Il allait payer de sa vie dans le putsch orchestré par Pinochet avec le soutien d'Henry Kissinger, architecte des années sombres à venir au Chili.

Pendant 3 ans, de 1970 à 1973, Salvador Allende est à la tête du "menaçant" gouvernement socialiste au Chili. Le coup d'État de 1973 est la réponse de l'armée contre celui qu'ils considérait comme celui qui avait accentué et radicalisé les clivages politiques depuis trois ans.

Étrangement, quand Allende livre son dernier discours, il ne sait pas encore que c'est son propre général, Augusto Pinochet, qui va le trahir (avec la complicité des États-Unis). On venait tout juste de liquider Che Gueverra en Bolivie, la chasse aux nons-élus trouble fêtes dans le monde (lire qui ne marchaient au pas des États-Unis) battait son plein. Toutefois Allende avait été élu par le peuple. Et avait gagné en 1970 par une infime majorité. Laissant l'autre moitié du peuple chilien mécontent. Les États-Unis auraient dû respecter cet élu mis en place par le peuple, ironiquement, ils le font justement en ce moment avec l'Égypte en disant "respectez les urnes!" sans intervenir. Mais quand le processus amène un président marxiste-léniniste à la tête d'une coalition communiste-socialiste, les États-Unis ne sont plus d'accord. C'est encore la guerre froide et Nixon et Kissinger battront du fouet.

Médecin, né dans une famille tout ce qu'il y a de plus aisée, d'un père avocat, Salvador Allende doit se joindre à une coalition pour atteindre son mince 36% des votes au pays.

Élément révolutionnaire qui commence à changer les choses, Allende prend le Chili par les cornes et nationalise des éléments clés de l'économie du pays, accorde des bénéfices importants aux travailleurs, instaure des réformes du système de santé et établit une nouvelle constitution, entre autres choses.
Le Chili est riche en gisements miniers, le cuivre, le nitrate et l'or entre autre, où s'est développé une bourgeoisie qui s'est organisée et qui exploite le prolétariat et Allende est élu en 1970 par ses travailleurs exploités. Il y avait bien une vague d'espoir en sa faveur mais la population était divisée. Les États-Unis avaient alors profité de cette instabilité afin de créer davantage de dissension. En soutenant la grève des camionneurs entre autres astuces, démarche qui avait mobilisé plus de 40 000 personnes.

Pinochet n'était chef de l'armée que depuis le 20 août. Et c'est en complotant avec les États-Unis qu'il a tricoté ce coup d'état dans le dos de son chef.

C'est la même date qu'un autre 11 septembre plus connu encore, c'était alors la même vision apocalyptique pour les Chiliens que de voir leur palais présidentiel bombardé du ciel et envahi à la mitraille au sol par leur propre armée. C'est un symbole de démocratie sud-américaine qui était ainsi détruit.

On a déclaré que Salvador Allende s'est suicidé dans le palais sous les bombes, mais la vérité est ailleurs. On se suicide rarement avec des balles dans le dos.

Augusto Pinochet allait prendre le pouvoir et être à la tête d'une période extrêmement noire de ce peuple si civilisé, progressiste et si bon. Plus de 3000 morts "politiques" et des répressions sanglantes inhumaines.

Le Chili de nos jours, qui, ironiquement met face à face la fille d'un général qui avait résisté à Pinochet et la fille d'un général qui a servi Pinochet, est en bien meilleure santé morale.

Ils sont 12 000 Chiliens chez nous, et ont toutes les raisons d'être fiers de ce grand président assassiné.

Tel le capitaine d'un navire qui allait sombrer, Salvador Allende, un véritable héros celui-là, dictait ses dernières directives au peuple aujourd'hui dans un grand discours historique, à la hauteur du I have a dream de MLK, mais pour l'Amérique du Sud, il y a 40 ans.


Aucun commentaire: