lundi 16 août 2021

Parfum d'Été Meurtrier

 Des vacances ne sont jamais exemptes de facteurs de stress. 

Notre chat adoré nous garde sur la sellette au niveau de sa santé, il n'a pas 4 ans, encore. Il est vagabond nocturne et nous est revenu malade. Et depuis, incapable de manger quoi que ce soit, ni boire, sans le vomir. 

Après ne pas avoir mangé pendant 3 jours, on a dû terminer nos vacances à l'urgence vet. 


Mais vendredi, ooooooooh! vendredi cozy à la météo bénie! On est allé au condo du nord avec des amis. Lui, c'est un travailleur de la santé. Elle aussi. Ils négocient avec la mort beaucoup plus régulièrement depuis un bon deux ans.  Lui, il avait eu le temps de fonder une famille avec une autre par le passé. Elle était nouvelle pour nous, Thelma Tranquille, une jeune femme discrète. Elle s'est présentée à nous mais est restée peu bavarde dans la journée. On la sentait épuisée. Réservée dans sa nature, peut-être, aussi. De toute manière, son amoureux, notre ami, Le docteur Jason Beaukou a du discours pour deux. Il parle tant que parfois il arrive à maintenir deux conversations en même temps avec des groupes de gens différents. Ça peut même devenir étourdissants parfois. C'est peut-être ce qui est venu à bout de la mère de leurs enfants. Thelma, assez belle femme, se gardait toute en retenue comme si elle avait peur de dire la chose grossière qui l'aurait discréditée à nos yeux et nos oreilles. Franchement, nous sommes tellement rien à côté de ce que ces deux-là font, en ce moment pour le peuple Québécois. Ils sauvent des vies au sens propre. 


Ça nous faisait plaisir de les inviter et de les sortir du capharnaüm qu'est la pandémie, ne serais-ce qu'une seule journée. Je peux comprendre la retenue de Thelma, première rencontre et nous voilà tous quasi totalement dénudés sur la plage, les uns auprès des autres. Ce ne sont pas tous qui sont 100% à l'aise avec leurs corps. C'est même jamais le cas, ou presque. 

On s'est baigné dans le lac, on a fait du spa, on a bu sur la plage en échangeant, on a fait du paddleboard, du bateau, just lazy cats in a doggy dog world. Maudit qu'on était bien.


On a fait du kayak aussi. La belle et moi on flirte beaucoup avec l'idée de s'en acheter deux. Mais c'est d'un cher hors de nos budgets. L'amoureuse, sans même ramer, se dit 400% heureuse à se laisser flotter dans un kayak. On a ramé les Lac Bruno et Lac Pascal, deux lacs qui s'entrecroisent, séparés d'un petit pont de rien du tout, où l'eau en dessous n'est pas plus profonde que 6 mètres. 


Ce faisant, on a ramé jusque dans un coin du Lac Pascal où on allait pas souvent. Pour de bonnes raisons, il y a peu à voir. Mais on a tout de même découvert de belles plantes marines. C'est le bois, près de la rive, dans un rondpoint, qui était plutôt lugubre.  Même si l'automne n'est pas encore à nos portes, on y voit beaucoup de branches mortes sur des arbres bien vivants. 


Quand mon regard a croisé un poisson mort, bedaine au ciel, et que le silence s'est installé entre nous, nous qui avions tous la tête pointé vers cette forêt sinistre, j'ai dit:

"Si j'avais un cadavre à abandonner en zone tranquille et peu explorée, ce serait ici".


Cette phrase a rebondi du reflet du soleil sur le lac pour aller se loger dans la colonne vertébrale de Thelma Tranquille et est montée jusqu'à son cou, pour ensuite ramper jusqu'à son cerveau. 

Quand un trop gros corbeau noir s'est déhanché du sommet d'un arbre, l'a trop secoué, et fait fléchir toutes les branches mortes,  l'a déplumé de quelques feuiles, a fait tomber une branche au sol et une autre dans l'eau, Thelma a poussé le plus strident de cris, d'abord de stupeur, se transformant en totale frayeur pour se prolonger en presque chant d'opéra. 

Si le ciel avait été une feuille de papier, elle le fendait en deux d'un violent coup de ciseau. 

On s'est retenu un peu pour ne pas rire, mais puisque le docteur Jason a carrément chaviré, on s'est ouvert les vannes du rire. Avec une fraction de seconde de retard. 


Jouant avec sa tête comme si elle avait échappé un immense rot, Thelma a tenté de garder une certaines dignité, et faisait comme si rien ne s'était principalement passé, mais son visage, devenu pourpre, trahissait un inconfort interne. 

Une chance que Jason a tergiversé sur son kayak, de stupeur, et a finalement coulé pleine face. ça nous as fait oublier le cri Hitchcockien de Thelma Tranquille.


Mais en revenant, en voiture, sur le chemin du retour, la belle et moi, loin de nos deux amis, on a pouffé de rire se remémorant tout ça. 

On était bien en vacances. On (re) travaille ce matin.

Wach.   

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