vendredi 27 août 2021

Mots Imbuvables


Si vous en voulez tout plein, surfer Twitter ou Facebook, triste jungle parfois.

Oeuvrant dans le monde du mot depuis longtemps, et sans le savoir bien avant longtemps déjà, il y a une série de mots que vous ne verrez jamais utiliser. Par choix. Je vous en EXplique quelques uns, et vous dit un peu pourquoi.

Baskets: 

Jamais. Jamaisjamaisjamaisjamais. On a un mot (pas bon, mais beau) pour ce que portent dans leurs pieds les gens quand ils veulent faire du sport ou tout simplement avoir l'air sportif. ESPADRILLES. C'est même un très très joli mot, presqu'une bestiole volante pleine de couleurs. Essayez-le dans votre salon: espadrilles! Ça vole presque avec élégance. Ça rappelle aussi escadrille, un vol aérien je vous dis. De l'élégant ballet.  


Baskets
? Faites-moi rire! Non seulement il s'agit d'un mot anglais qui ne m'apparait que comme un calque, mais pour nous un basket, c'est un complément de phrase comme dans panier de... ballon de..., matche de..., c'est un sport, mais très certainement ce en quoi on place nos pieds. Une fois, on m'a demandé de changer ma traduction d'espadrilles par basket, j'ai refusé de le faire. Ils l'ont peut-être changé eux-mêmes par la suite, je m'en moque. J'ai encore eût des contrats avec eux, mais ça ne pouvait pas durer quand ils ont refuser que je traduise NRJ Awards. J'ai demandé le divorce. (la vraie trad. serait chaussure de course, de toute manière). 

Ex:


Comme dans "mon ex" (amoureux/euse, conjoint/conjointe, époux/épouse). J'ai toujours eu cette piqûre interne à l'audition de ce terme brandi parfois comme un trophée de chasse. Avoir un(e) "Ex" c'est une certaine forme d'échec amoureux. Je n'en vois nullement la fierté d'exposer cela. Ça exorcise diront certain(e)s mais bon, c'est archi irritant pour mon oreille. Ceci étant dit, je ne dirai jamais devant la personne qui dit ce mot en parlant d'un(e) ancien(ne) partenaire amoureux, mais de l'intérieur, ça me fera toujours l'effet d'une morsure d'insecte, moins plaisant celui-là, et je rangerai momentanément la personne qui s'en sert comme bouclier social dans la catégorie vulgaire de mon esprit. C'est pas du snobisme. C'est du caprice verbal. Ceci étant dit, Serge Gainsbourg a réussi un tour de force quand on lui a dit qu'il ne serait jamais capable de faire une chanson complète rimant en "ex" sans utiliser le mot "sexe" pour Françoise Hardy. Non seulement le morceau est immortel pour moi, mais je supporte pleinement son "ex-amour, n'a pas de chances, ou si peu" Il faut dire qu'il a triché en glissant souvent vers la rime en "eux". Comme dans Queue,

Woke: 

Message qui ne pourrait être plus juste

Je me suis déjà expliqué là-dessus, je ne le ferai pas longtemps. Je peine à trouver que c'est un défaut de se faire traiter de "woke". Je comprends le côté péjoratif qu'on essaie de lui coller, mais un "woke" est à la base quelqu'un empreint de justice sociale. Rien de désagréable là-dedans. On semble vouloir étiqueter les EXcessifs (tiens! EX qui revient dans un contEXte négatif!) comme des "wokes". Je trouve très sincèrement que l'utilisation du mot de manière péjorative, en dit beaucoup plus long sur ceux qui se servent du mot et au finale, ça dessert complètement leur propos. Ça ressemble à quand nous étions plus jeunes et que nos parents, pour parler de mauvaises fréquentations, traitaient certains de "punk" dans les années 70-80. Quelqu'un qui utilise "woke" pour dénigrer quelqu'un d'autre se vieillit de 10-12 ans. Je ne l'utiliserai donc jamais. Je ne suis pas si vieux. (On ne m'a jamais traité de "woke" si vous pensez que c'est la source de mon refus du mot, vous vous trompez).

En s'étouffant avec le mot

Sponsorisé:

C'est ce qui a démarré l'idée de ces mots que je trouve si imbuvables. On a un mot pour dire la même chose qui est commandité. Je n'ai jamais entendu ce mot ailleurs que dans la bouche d'un(e) Français(e) de France. On est pas en France. Un sponsor, ça n'existe pas, c'est un commanditaire. C'est un affreux mot directement lié à To sponsor, (commanditer) en anglais. Je le lis de plus en plus et c'est chaque comme entendre "si j'arrais mal je te le dirais" ou "Ils jouzent". Je l'ai relu sur un site où je venais de placer un article à vendre sur le net. C'était bien mal me connaître de d'abord me proposer de payer pour de la publicité gratuite mais non! puisque je la PAIERAIS! c'est déjà un non-sens. Comme Progressiste-Conservateur. La publicité je le tolère sous la torture seulement, et je ne suis jamais volontaire, alors payer pour? Relisez le titre de ce blogue! Mais aussi, on me suggérait d'être "sponsorisé". Alors là, on tuait toute sympathie possible de ma part. Plutôt mourir que de parler de sponsor. Je tue d'ailleurs systématiquement tout ce qui est "sponsorisé" sur le fil Twitter. Même ce qui est noble. Sponsorisé ne l'est jamais. 

 Autrice:


Je me suis déjà expliqué là dessus. En 1979, le gouvernement Québécois a révisé l'entièreté des corps de métiers existants au Québec t les as tous légalement féminisé. Parce que justement, les Femmes devenaient davantage les égales des hommes à peu près partout. Un enseignant devenait une enseignante, un instituteur, une institutrice, un pompier, une pompière, un policier, une policière et ainsi de suite. Un auteur, une Auteure. Je n'ai jamais parlé d'un auteur quand il s'agissait d'une Femme, peu le faisait, c'était une auteure et quand on disait l'auteure pour bien le marquer on fait entendre le "re" en l'appuyant suffisamment pour que l'autre/les autres comprenne(nt) tout de suite la féminisation. L'Académie Française impose maintenant autrice, ce qui sonne aussi mal que factrice pour parler d'une Femme facteur, mais surtout, qui vient de la France venant dire encore aux Québécois que la langue, c'est eux qui en font la loi. Non merci. On était rendu là depuis 1979, nous. Pas de notre faute si on était déjà en avance. Pas la France qui va nous dire comment s'exprimer au Québec. Ce sera Auteure jusqu'à la fin de mes jours. 

 Stores:


C'est pas le mot que je considère comme imbuvable. C'est la chose. Des stores. Mon cerveau refuse de reconnaître l'existence des stores. Un rideau, tout juste. Mais j'ai été élevé dans une maison aux rideaux extraordinairement clairs. Que ma mère confectionnait elle-même. Et dans un chalet où il y avait absence de quoi que ce soit dans nos fenêtres, sous peine de gâcher la merveilleuse vue sur le lac que nous avions. Zéro interférence entre une fenêtre et le dehors en ce qui me concerne pour la majeure partie de ma vie. "Hey! mais je ne veux pas qu'on nous voit en dedans!" disait ma blonde aux débuts de nos co-habitations. Ma réponse était spontanément toujours la même, et aussi la plus honnête, "mais moi, je veux voir dehors!". Ça ne nous as jamais empêché de tricoter notre premier enfant sur le divan du salon. Nous habitions un deuxième étage de toute manière. J'ai fini par céder parce que ce que Femme veut...vous connaissez la tortueuse ritournelle. Mais je peux aussi vous confirmer qu'il y a une boîte de stores au deuxième étage chez nous, toujours dans le walk-in, souhaitait être installés et une autre dans le garage pour une fenêtre du sous-sol, je crois. Peu importe, je ne sais pas comment installer cela, et honnêtement, des stores? Mon cerveau oublie pour vrai de comprendre (avec mauvaise foi) à quoi c'est utile.

J'arrive:

Quand c'est vrai, on le voit

Ça c'est aussi quelque chose que je n'écrirais pas non plus. Je le lis beaucoup sous mon toit. Quand je l'utilise c'est toujours plus complet. C'est suivi de "...dans x minutes" " ...au coin de X et X" ou "...autour de x heures". Des choses comme ça. Je dirais que ces deux mots, ensemble, se sont multipliés et continuent de la faire en conjugaison avec la croissance de la popularité des téléphones intelligents (qui ne seront jamais des portables encore mois des smartphones, ducon), des textos, et avec la croissance de nos enfants. Toujours utilisé quand le repas est prêt ou lorsqu'on exige quelque chose d'eux, on se fait souvent répondre "j'arrive" et trop souvent, je suis forcé de répondre, après plusieurs minutes que ce n'est pas vrai. Une fois face à la personne, je reste désagréable en rajoutant, "écrire j'arrive, c'est toujours prouver le contraire, quand c'est vrai, on ne se questionne pas, on le voit.". 


Pisse-vinaigre.

Mais aussi vrai.

Allez! en ce beau vendredi, je dois sponsoriser l'annonce de mon ex, une autrice, tout à fait woke, la maudite, qui vend des stores que je lui avait posé dans notre appart à l'époque.

Mon fils m'a demandé si j'avais mis ses baskets par texto. Et ben oui! les deux paires se ressemblent tellement, je les avais bien dans mes pieds! Il m'a demandé de lui descendre, il avait un match de deck-hockey. Je lui ai texté j'arrive.

Mais vous ai écrit ceci, avant.   

Aucun commentaire: