samedi 8 mai 2021

Immortels


James Graham,

Tu es le veilleur des mises à jour technologiques qui dérivent. Tu es volutes de scrupules. Tu es difformité dans la carrosserie de la vie. Tu es cyberpunk. Auteur de fables noires et modernes qui survivent à l'épreuve du temps, tu es signe de cerveau brillant. Tes ingénieuses explorations de la nature transformatoire de nos réalités nous ont éclairé. Tu as vécu une enfance en Chine pendant la guerre, ce qui t'a exposé à des atrocités à un âge impressionnable. Ça explique peut-être ta tendance à être en mesure de tracer des travers tordus avec efficacité. Tu as mis ta plume et ta brillante tête au service du plus grand nombre. Tu a été formidable pour bien des gens sur terre. Dont moi. Dieu merci, tu as été auteur et on pourra te lire et te relire autant qu'on le voudra même si tu es parti. Tu es immortel. 

Stanley,


Tu es probablement la plus grande contribution au cinéma du 20ème siècle. Martin, Steven, Wes, George, Brian, Gilliam, Ethan & Joel, Ridley, Romero, Fincher, del Toro, Lynch, von Trier, Burton, Mann, PTA et combien d'autres ont appris de manière majeure de toi. Tu nous as appris la qualité. Pas de plan perdu. Pas de errance inutile. Pas de mise en scène botchée. Une cinématographie et une esthétique époustouflante. Tu étais de ceux qui auraient rendu intéressant visuellement l'adaptation d'un recueil de poésie. Il y a dans tes films des silences qui parlent des tonnes. Il y a de l'espace pour que tes films nous entrent dans le veines et n'en sortent plus jamais. Il est devenu difficile de ne pas tourner, de nos jours, quelque chose qui ne soit pas un brin lié à ce que tu a créé de manière si formidable. Tu as fait du film si appliqué que tu as rendu certains d'entre nous beaucoup plus critiques envers les efforts des autres. Cette année, pour ma fête, je me suis procuré les deux derniers films qui me manquaient de toi, afin d'avoir tes 12 chef d'oeuvres. Parce que oui, comme ton talent, tu étais rare. Heureusement, tu es aussi immortel par ton héritage. 

Lou,


Tu te souviens en 1965? Tu peinais à faire de l'argent. Vous dépendiez presqu'exclusivement d'Andy. Vous étiez complètement articulés comme une marionnette par le vampire. Ce sera aussi bénéfique que tragique. Quand votre premier effort est lancé sur disque, c'est à cause de lui que les bonnes ventes sont freinées et que l'album est retiré des tablettes. Une histoire de droits sur l'oeuvre de la banane sur la pochette. Mais vous serez si intéressants que la rumeur dira que tous ceux qui ont acheté ce disque, on mis la main dessus, ou l'oreille, formeront, eux-mêmes, un band par la suite. Ironique que tu ai eu si besoin d'argent en 1965 et qu'à ton départ, en 2013, tu valaient entre 20 et 30 millions. Répartis entre Laurie et Merrill. À nous, tu as légué de la musique si variée, allant de la simple pop au métal. en passant par le rock, l'expérimental, le jazz, le spoken word, le proto-punk, le glam rock, art rock, noise rock. Tu étais le gris poète d'une ville que j'adore. Tu était une bestiole importante de cette jungle. Je me rappelle avoir raclé les feuilles avec mélancolie ce jour de 2013 où ton foie t'a fait passer dans l'autre monde. Je t'ai en double sur mon téléphone, mon ami. 2 h avec ton band. 3h22 en solo. Immortel tu resteras.    

David,


Le clochard le plus hot, l'homme tombé du ciel, le frêle vagabond vampire qui hurlait "you're not alone" à une jeunesse qui n'en était pas toujours convaincue ne sera jamais mort. tu étais le plus réussi de nos martiens parmi vos humains. Passant près de révéler certains de nos secrets. Tu faisais écho aux imperfections de tous. Tu nous regardais directement dans l'oeil et nous commandais de déchirer nos robes, nos visages n'étant qu'a mess de toute manière. Tu étais travesti, pionnier du glam, homme des étoiles, pirate, archiduc, homme d'une certaine classe avec une voix de plus en plus crooner. Ton spaceship a toujours su où aller. Et ça se rendait directement au coeur. Au coeur d'une jeunesse qui avait aussi besoin de se faire dire que si tu te pensais étrange, difforme, incohérent, étoile noire parmi les plus scintillantes, tu n'étais pas seul. Et qu'aimer les choses les plus étranges, aimer l'étranger était plus qu'acceptable. Tu es non seulement 8h10 dans mon téléphone, mais immortel partout ailleurs. L'eau, c'est la liberté. La terre est beaucoup plus bleue sans ta présence, David Jones. 

Prince,


Tu es véritable fantasme. Non, pas comme ça, je ne te désire pas physiquement d'aucune manière. Mais tu as, depuis toujours, réussi à créer ton terrain de jeu, bâtir ton "x" dans lequel tu créera toute ta trop courte vie. Peu d'artiste inspire la luxure comme tu le fais. Aussi minuscule que tu a été en taille, tu étais géant de ton vivant. Tu as toujours été merveilleusement accompagné de tant de beauté, je n'ai qu'une chose à te reprocher et c'est fort probablement ce rapport à la spiritualité qui t'a peut-être aidé mais qui t'as aussi fait peur et inutilement troublé. Tu as brouillé les frontières sexuelles, raciales, musicales, tu étais rebelle, comme moi, et farouchement indépendant, comme moi, aussi. Tu as fait tant de place aux femmes autour de toi que je suis certain que cette idée que la Femme est l'égale, sinon la supérieure, de l'homme m'a en partie été inculquée de visu par ce que je voyais autour de toi. Tu t'es battu toute vie pour ta liberté, ce qui est aussi mon terrain de guerre. Immortelle et unique royauté acceptable dans ma vie.  

Alain,


Ta cigarette Alain. Elle te donnais l'ai cool mais elle a fait que la vie t'a faussé compagnie trop vite. Tu avais un an de moins que mon père quand il est parti lui aussi. C'était trop vite. Ta voix, ce feutre dans lequel on trouve le réconfort, qui propose l'arrière de berline, les rêves de madame, de savourer le nectar de l'apiculteur, qui fume pour oublier qu'on boit, ce grand voyageur qui me fait tant voyager, elle me caresse l'âme encore. Le plus ricain des Frenchies. J'ai voulu me faire une petite heure de toi en liste de lecture sur mon téléphone, j'ai pas été capable de faire moins que 3h22 de ton talent. Tu as même une de tes plus splendides chansons qui se nomme Immortels. Une de tes dernières. Quand tu te savais condamné. Je te réécoute depuis plus d'une semaine. Pas capable de sacrifier une seule chanson. 3h22 qui me plaisent trop. C'est vers ta voix que je me tourne pour entendre les mots bleus, ceux qu'on dit avec les yeux. Et quand je me sens comme un insecte tourné sur le dos. Je n'avais pas deviné que des Dieux se cachaient sous des faces avinées. 

Réjean, 


Tu m'as appris à voler dans ma tête. À planer dans mon coeur. À faire danser les mots. Tu m'as appris ma Québécoiseté. Tu as appris à un enfant peu flexible a articuler des phrases empreintes de poésie. d'humour et même de noirceur bien enveloppée. Tu m'a appris à emballer la vie d'une certaine manière. Et comment la livrer. J'emprunte Bashung pour te traiter de dynamiteur d'aqueduc, où le courant verbal n'aura jamais plus été le même après ma première rencontre avec toi, au secondaire, en lecture obligée, devenue lecture incontournable. Je t'ai toute toute toute en livre (sauf ta fille de Christophe Colomb) même tes dessins. J'ai ironiquement un petit côté ramasseur de trophoux. Je t'ai surtout dans le coeur et dans l'âme. Et dans le sang. Comme tous les autres ici. Immortel parce que vivant en moi. Tout le temps.


Je ne vous attends plus personne, car vous ne livrez plus de nouveautés. Mais je vous revisite souvent. je vous redécouvre. Vous vous réinventer à votre manière. Et trop souvent, je vous vois, lis, entend, dans les oeuvres des autres.

Vous m'êtes immortels. 

Ça me console de vos départs. 

C'est Modiano qui dit qu'il ne faille par biffer les noms des disparus dans nos carnets d'adresses. 

Seul le chien se souvient.    

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