dimanche 2 mai 2021

Cat Stevens



 Steven Demetre Georgiou est né à Marylebone, un quartier de Londres, et est le plus jeune fils d'un père Grec chypriote, et d'une mère d'origine suédoise. Il a un frère et une soeur plus âgés et tous ont travaillé au restaurant familial, à un certain moment de leur vie, tout près du très actif Piccadilly Circus, dans le district théâtral de Soho, à Londres.
Quand ses parents se séparent, il a 8 ans, et a un second frère, un demi-frère.

Très jeune, il se découvre un talent et une passion pour le piano. À 15 ans, fasciné par les Beatles, il apprend, aussi tout seul, la guitare. Il dira que voir le film West Side Story changera notablement sa vie, qu'il ne pourra plus jamais voir de la même manière par la suite. Il sera souvent disposé à l'épiphanie jusqu'à nos jours.  

Pourri à l'école, sauf en art, il se découvre un talent en dessin (ses dernières pochettes sont d'ailleurs signées de sa main) mais ne poursuit pas sa carrière dans la peinture ou le graphisme, mais opte plutôt pour la musique. Avec la claire mission de devenir populaire comme The Kinks, Dylan, Simone, Lead Belly ou Muddy Waters. Il performe les premières fois sous le nom de Steve Adams. Jouant d'abord dans un groupe, et intéressé par les morceaux de Biff Rose, Leo Kottke ou Paul Simon, il est aussi très inspiré par des compositeurs comme les frères Gershwin ou Leonard Bernstein. À 17 ans, il hérite d'un contrat d'écriture musicale pour Ardmore & Beechwood, et c'est là qu'il enregistre le demo de The First Cut is the Deepest, qui sera un succès prêté à P.P.Arnold avant qu'il en soit un pour Stevens. 


Il découvre rapidement qu'il préfère la carrière sans le band, et ne se voit pas demander un album de Steven Demetre Georgiou en magasin. Il change donc son nom pour Cat Stevens. Entre autre, parce qu'il est convaincu qu'en Amérique, on aime les animaux (une de ses copines avait aussi dit qu'il avait les yeux d'un chat).

À 18 ans, il a la chance d'enregistrer son premier album qui génère quand même 4 singles. Il est considéré comme une jeune sensation et on lui fait faire des premières parties, en tournée, avec des artistes aussi différents que Jimi Hendrix ou Engelbert Humperdinck. Les stations de radio pirate lui font de la place et avant la fin de l'année 1967, un second album est aussi lancé. Il vendra mal, mais un de ses morceaux sera un gros hit pour Arnold, Keith Hampshire, Rod Stewart, James Morrison et Sheryl Crow

Avant que ça ne devienne un hit, pour lui aussi

Il attrape une sévère tuberculose qui lui fait frôler la mort. Il reste un an alité. Il a le temps de se questionner sur la vie, de faire du yoga, d'apprendre à méditer, de se renseigner sur la métaphysique et d'étudier les religions. Il devient aussi, végétarien. Il écrit, pendant sa convalescence, plus de 40 chanson. Qui seront de ses fameux albums à venir. 

À son retour en santé, il change toute son équipe autour de lui et s'adjoint les services du bassiste des Yardbirds, Paul Sawmwell-Smith, comme producteur. Si il est légèrement connu en Angleterre, personne ne le connait en Amérique. Il veut changer cela, et son nouvel album sera un croisement folk/rock. Le guitariste Alun Davies sera une précieuse collaboration autour de Stevens. D'abord engagé simplement pour cet album, Davies sera de tous les albums suivants, sauf deux. Ils seront amis pour la vie, même pendant la plus brouillonne portion Yusuf. Son premier hit en Amérique est un morceau composé en pensant à sa copine des États-Unis, la groupie Patty D'Arbanville. Peter Gabriel joue aussi de la flute sur un de ses morceaux. L'album suivant, lancé la même année, sera un sommet en carrière. Wild World, à elle seule, vend partout dans le monde. Pas moins de 6 des 11 chansons trouveront de l'intérêt public. Il est invité à collaborer aux trames sonores de Deep End de Jerzy Skolimowski et offre 9 chansons à Harold & Maude de Hal Ashby, dont la bouleversante Father & Son.  


Son album suivant connaîtra autant de succès, vendant plus de 3 millions de fois, aux États-Unis seulement. Plus encore en Angleterre, et beaucoup beaucoup ailleurs aussi. Il est la star qu'il souhaitait être. Il est en liaison amoureuse avec Carly Simon et pendant un temps, ils écrivent l'un sur l'autre dans leurs créations. Simon prétend en avoir écrite pas moins de 50 sur Cat. En 1972, ça ne prendra que deux semaines avant que son nouvel album vendent plus de 500 000 fois. En Australie, il sera #1 pendant 15 semaines avec Catch a Bull at Four.  


En 1973, alors que des bands comme Yes ou Jethro Tull ou les Grateful Dead, ou Pink Floyd, qui obtiennent du succès avec des morceaux de parfois plus 20 minutes, Stevens pêche par excès en offrant un morceau de 19 minutes en ouverture de son nouvel album. Les artistes tentent alors d'imiter ce que les Beatles ont fait avec Abbey Road ou ce que The Who a fait avec Tommy, et l'album concept déstabilise son public. Inutilement trop ambitieux et presque pompeux. Davies n'y est pas pour cet album et les synthétiseurs, peut-être trop. Dans un avion, il tient dans une main un bouddha (il explorera presque toutes les religions) et dans l'autre, une boite de chocolat. Il réalise que si il meurt d'un écrasement, ce seront les deux dernières choses qu'il aura tenu dans ses mains, un objet spirituel et un autre tout à fait matériel. Ce sera le titre de son prochain album. Bien qu'il venait de regagner une partie de son public, il ne se dompte pas et lance un nouvel album concept en 1975, un album si cérébral que son concept sera même mathématique. Son public est perdu et sa maison de disque le menace de retravailler ses sons pour les albums suivants.
Chick Corea sera de son prochain album. Très synthé.

Mais entretemps, il a voyagé au Maroc, et on lui explique l'Islam et sa musique de prière religieuse comme étant la musique de Dieu. Il est charmé.  Après avoir passé très près de mourir noyé, il appelle à Dieu pour le sauver et dit que si il s'en tire, il se dévouera alors entièrement à (un) Dieu. Après avoir été élevé dans le catholicisme, avoir pratiqué le bouddhisme, le zen, le I Ching, la numérologie, la tarot et l'astrologie, son frère, (lui, converti au judaïsme) lui offre un Coran en "cadeau" et Cat Stevens se convertit musulman. Il prend dès 1978 le nouveau nom de Yusuf Islam. Il épousera Fauzia Mubarak Ali en 1979 et ils auront ensemble 6 enfants. Ayant une maison à Londres, mais préférant la chaleur de leur résidence de Dubaï. 


Stevens s'absente du monde musical, presque complètement pendant 25 ans. Certains musulmans trouvant que les propos et sujets de quelques unes de ses chansons passées étaient outrancières. Gagnant autour de 1,5 millions par année quand même, sur ses succès passés, il ne se sent pas l'envie d'en faire davantage en musique, investissant même beaucoup dans les écoles musulmanes de Londres. Quand, en 1989, on condamne injustement l'auteur britannique Salman Rushdie, il a des propos malheureux en faveur de l'assassinat de celui-ci. Il tentera de nier par la suite, mais bon...


Lors des attaques du 11 septembre 2001, il a en revanche l'excellente initiative de ne rien approuver et de tenter de présenter un islam différent de ces crapules. Il condamne tout. Les États-Unis lui refuse l'accès en 2004 au pays car 4 ans avant, l'Israël fait de même quand il est découvert qu'il aurait aidé financièrement le Hamas. En 2006, il peut voyager aux États-Unis. Avec Dolly Parton et Paul McCartney, il écrit un morceau sur le sujet. Stevens affirme qu'il n'a jamais eu conscience de financer quiconque. 


Il enregistre trois albums, dans les années 2000, sous le nom de Yusuf, et deux autres, en 2017 et en 2020, sous le double/nom de Yusuf/Cat Stevens. Le dernier étant une relecture de son graal de 1970. 

Stevens m'est revenu en tête par Ricky Gervais, dont j'ai (ré) couté la série Extras dont tous les épisodes se terminaient par Tea For The Tillerman et découvrant ensuite sa série Afterlife  où il utilisait Lillywhite.  De toute évidence, un fan, lui aussi. 

Il y a 50 ans, cette année, Cat Stevens connaissait une très fameuse année.  

2 commentaires:

christian a dit...

Where do the children play.
Encore une balise de grace dans la nuit.

Jones a dit...

Absolument!