mardi 4 mai 2021

Cinéma Paradiso*******************East Of Eden d'Elia Kazan

 


Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers), et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une des mes trois immenses passions: le cinéma!

Je l'ai étudié, fortement consommé, y ai travaillé, et le savoure encore goulûment asses souvent. Je suis sorti du monde du cinéma, mais l'inverse n'est pas vrai. 

Je vous parle d'un film que j'ai aimé pour son histoire, sa cinématographie, son adresse dans la réalisation, ses thèmes, ses interprètes, son audace, sa musique, souvent tout ça en même temps, bref je vous parle d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. 


Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout. 

EAST OF EDEN d'ELIA KAZAN

Quand John Steinbeck écrit son livre, en 1952, il pense l'appeler The Salinas Valley, My Valley ou Down To The Valley. Puis, lorsque qu'il inclus clairement des citations bibliques, il pense appeler son livre Cain Signs. Mais se voulant plus subtil dans cette claire allégorie épousant l'histoire de Cain & Abel, il choisira les trois dernier mots de leur histoire, comme titre final. Il dédie son livre à ses deux films qui ont alors, 4 et 6 ans. 


Steinbeck, toujours en 1952, avait travaillé avec le réalisateur Elia Kazan qui adaptait Viva Zapata! d'Edgcomb Pynchon. La relation de travail était parfaite. Steinbeck fournissait l'histoire et ne s'imposait pas sur le plateau. Kazan faisait les suggestions qui lui semblaient appropriées et ils en discutaient menant toujours à une finalité favorable. Avec East of Eden, ce sera la même chose, Kazan n'aimant pas particulièrement la première partie du livre racontant la jeunesse du patriarche et l'échec de son mariage et voulant commencer et se concentrer sur beaucoup plus tard, une fois les deux fils, plus près de la vingtaine. Steinbeck accepte que l'action, adaptée par Paul Osborn, soit concentrée sur les derniers chapitres de son livre et sera extrêmement satisfait du résultat final. 

Il s'agira du premier et seul film que James Dean verre en entier de son vivant. Ce sera aussi le tout premier film de l'actrice Jo van Fleet, qui malgré ses seulement 38 ans, incarne la mère des deux garçons dans la vingtaine et qui gagnera un Oscar pour sa performance dans ce film. 


Il raconte l'histoire de deux frères dont le plus jeune découvre que sa mère n'est pas décédée comme annoncée par son père, mais que les deux se sont plutôt séparés. Dans la relation tendue entre le père et ce fils (Dean) on navigue aussi avec le frère plus âgé et sa fiancée dont le coeur vascille entre les deux frères. Nous sommes en 1917, et l'effort de guerre contre les Allemands, fait faire de l'urticaire au grand frère (qui ne veut pas être appelé au front) et au père (qui ne veut pas profiter financièrement de la guerre). Le plus jeune des frère renouera avec sa mère et réussira à faire fructifier ses récoltes d'haricots. Mais l'ensemble est moins une histoire linéaire qu'un portrait de région, d'époque et de personnalités. 


Kazan tourne son premier film en couleurs et le fait en cinémascope. Trichant parfois le coin des images dans les scènes tendues (comme le lecture de la bible) afin d'impacter l'image. Il place volontairement des objets proche des caméras afin d'explorer les profondeurs de champs.  


Dean, issu de la method acting de New York, habitera avec l'acteur incarnant son frère et, ensemble, ils tricoteront leur relation en la jouant hors caméra autant que sur caméra. Avec la même visée, Dean garde la relation extrêmement tendue avec Raymond Massey qui incarne son père, mais avec le résultat que Massey le méprisera pour vrai. Massey méprisait tout le monde et Kazan trouvera qu'il ne livrera pas ce qu'il avait souhaité de lui, mais Massey dira que c'est quand même le meilleur personnage qu'il n'aura jamais joué sur grand écran. 


Quand Kazan rencontre Dean qui lui, rencontre son père, avec lequel il a une mauvaise relation, il comprend non seulement qu'il tient son personnage, mais aussi que ce sera le meilleur casting qu'il fera de sa carrière. Dean, agité comme un enfant sur le tournage, improvisera la petite danse dans les champs d'haricots, ce qui plaira tant à Kazan, qu'il l'embrassera après avoir filmé la scène. 


La Californie en couleurs de 1955 déguisée en 1917 est remarquable. La psychologie des personnages est extrêmement cohérente. On croit aux personnages qui ont très assurément existé pour Steinbeck. Certains éléments de mise en scène, dont une autour d'un saule pleureur, sont tout simplement formidables. De partout, on se sent baigné de la vallée californienne. Ce film est un pouls. 

Très intéressant pour l'atmosphère dans laquelle on nous trempe. Très riche.

Les films riches se font rares de nos jours avec notre cinéma, trop souvent, trop pauvre.    

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