vendredi 9 octobre 2020

Présidentiable


Avec deux candidats présidentiels bien avancés dans leurs 70 ans, et avec la cruauté qu'est la pandémie pour cette génération, le débat vice-présidentiel de mercredi dernier avait une saveur et une importance différente des précédents débats du genre. 

Mike Pence et Kamala Harris devaient prouver qu'ils seraient prêts, dès demain, à occuper le poste de président des États-Unis. Que la présidence soit ébranlée par une violente récession, la pandémie elle-même ou des émeutes, on devait prouver qu'on était "présidentiable"


Ce que l'homme d'affaires à la place de l'actuel président n'est pas, on le sait tous. 

Le débat, comme pas mal tous les débats, n'a pas fait de gagnant clair. C'est justement, sujet à débat. On a débattu sur deux visions de la vie en général en Amérique du Nord et on a surtout établi l'absence de leadership actuelle.

Une des questions qui n'a pas été posée à Mike Pence est celle-ci: "Expliquez donc le fond de votre pensée à propos de Mulan, Mr. Pence"


Les derniers mois ont  provoqué une légère tempête autour du film de Walt Disney, Mulan. Walt Disney est dans le processus (anti-scénariste) de refaire à peu près tous ses films d'animations en réalité nouvelle ou avec de vrais comédiens, ou les deux. Peu d'originalité, beaucoup de marketing. La réaction de Mike Pence, lors de la sortie du film, le 9 mars dernier, était celle-ci: "De toute évidence, Walt Disney essaie d'influencer la jeunesse d'aujourd'hui sur le rôle des Femmes dans les rangs militaires". 


C'était dit, avec dédain. Il rajoutait, sans se douter que Mulan était adapté d'un conte folklorique datant de plus de 1500 ans, et qu'il s'agit du pain et du beurre de Walt Disney d'adapter les histoires enchantées, d'y rajouter des chansons et d'y placer quelques animaux coquets :"Je soupçonne qu'un mal intentionné libéral chez Disney déduit qu'un changement social s'effectuera dans la génération prochaine et que de voir des Femmes militaires au combat est une bonne chose". 

Il ne se trompe pas sur le changement social que Disney fait opérer sur son public. Nous avons tous la jolie bouille de Bambi qui nous revient en tête, avec ses millions de jolis cils, quand vient le temps de parler de chasse et ça freine les élans partout dans le monde. Là où il se trompe c'est partout ailleurs.


Il disait, à propos du film, que c'est très instructif que Mulan tombe amoureuse de son instructeur-chef et que personne ne semblait en saisir l'ironie. Il précisait que les jeunes hommes sont toujours attirés par les jeunes Femmes, et vice-versa, et que de les enfermer dans des univers clos comme les services militaires ne pouvaient que mener à des liaisons amoureuses, des agressions potentielles, du brouhaha. En somme, que les Femmes n'ont pas leur place chez les soldats. Que c'était un ennemi de l'intérieur.


Si Mike Pence pouvait s'extirper de sa propre ignorance, il saurait que Mulan, dans le nouveau film du même nom, tombe amoureuse d'un égal. D'un soldat. De quelqu'un qui n'a aucune autorité sur elle. Il s'agit même de l'une des multiples "critiques" (conservatrices) autour du film. Plus grave est le fait que Disney a tourné à Xinjiang, là où on estime que plus de 1 million de Ouighours sont détenus et torturés par la Chine. Plus débile encore, l'actrice principale, Liu Yifei, chinoise d'origine, a pris publiquement parti en faveur de la répression policière contre les manifestants Hongkongais pro-démocratie. (Il faut savoir que depuis la rétrocession de l'Angleterre de Hong Kong à la Chine, Hong Kong veut continuer de vivre démocratiquement tandis que la Chine les veut soumiset à leur botte).


Issu du parti qui passe sous silence l'idée qu'une Femme est agressable sans réel souci, du parti qui voulait make America great again parce que sali par un Homme noir, je ne sais trop comment il s'est senti, affrontant verbalement une Femme noire qui est 10 fois l'homme qu'il ne sera jamais. 

La vérité autour de son opinion sur Mulan c'est que c'est une opinion répandue au sein des membres de son parti que la Femme n'est pas vraiment Femme encore avant d'avoir enfanté, d'avoir prouvé sa valeur dans une cuisine, dans la tenue d'une maison propre ou dans l'éducation de ses enfants. 


Et ça, en 2020, c'est encore largement impardonnable. Et 100% pas présidentiable. 

Les mal intentionné est celui qui tient la main d'un Dieu. 

Et dont même les mouches à merde collent au toupet.

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