lundi 26 octobre 2020

Borat Plus Que Jamais


 Il y a 14 ans, le trop intelligent Sacha Baron Cohen, sous les traits de Borat, choquait le monde entier en personnifiant les déduction paresseuses et les préjugés crasses occidentaux par rapport au reste du monde. 

Le journaliste du Kazakhstan est de retour dans des États-Unis changés, altérés de manière permanente par une combinaison apocalyptique Trump/coronavirus dans un nouveau film au titre excessif: Borat Subsequent Moviefilm: Delivery of Prodigious Bribe to American Regime for Make Benefit Once Glorious Nation of Kazakhstan. 


On en parle simplement comme de Borat Subsequent Film. Tout comme on a abrégé à Borat, il y a 14 ans de Borat: Cultural Learnings of America For Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan

C'est à la fois rassurant de savoir que des gens comme Sacha Baron Cohen existent, tout comme ça fait peur de voir à quel point certains travers Nord-Américains sont épouvantables. Comme la fameuse émission de Jean-René Dufort, Infoman, il ne suffit que de placer la loupe aux bons endroits et le ridicule s'invite tout seul. 


Afin de rafraîchir sa narration, Cohen a invité l'actrcie Maria Bakalova à incarner sa fille adoptive, Tutar, en séjour aux États-Unis aussi, adoptant lentement la version de la jeune conservatrice Tomi Lahren de la position sociale de la Femme aux États-Unis. Bien entendu, ça ce confirme très vite assez rétrograde et forcément raciste. Dans le premier film, l'effet de surprise et de nouveautés a permis à Cohen d'enligner plusieurs vignettes et interventions, sans totale suite narrative. Dans cet effort toutefois, il lorgne davantage vers le scénario continu. 


Il faut admettre qu'avec le passage de Donald Trump à la présidence des États-Unis, il est de plus en plus difficile de choquer le public. Exploiter le racisme est une loupe sur les États-Unis de nos jours. Et Dieu que ces États sont désunis et laids! On en sous-estime beaucoup la pensée. Les blagues sur Melania ou Mike Pence que vous lisez sur Twitter, sont incarnées en temps réel et en vrai par le moustachu journaliste. 


Cohen confirme à nouveau le crapulisme de Rudy Giulani. La Maison-Blanche ne se fend pas en quatre pour s'assurer que vous êtes exempt de Covid ni ne s'inquiète que vous ayez fréquenté ou non quelqu'un d'affecté. Cohen réussit aussi facilement à convaincre des supporteurs de Donald Trump de chanter des chansons haineuses sans que ceux-ci ne semblent réaliser l'ignominie de leur être. 


C'est de l'exposition de travers mentaux fort quotidiens au pays de l'Oncle Sam. Les inconforts sont, bien entendu, innombrables. Borat, même déguisé, peu dire les pires absurdités.  Mais il les expose aussi. Quand il loge chez deux rednecks, des grands consommateurs de faussetés de QAnon, on le entends dire sans rire que Hillary boit le sang d'enfants et que le coronavirus pourrait se faire tuer à coups de spray. Ça reste encore dans l'une des grandes missions du cinéma: fascinant. 


L'espoir naît parfois à de drôles d'endroit. Le déni de l'holocauste est directement attaqué (Facebook aussi) et une adorable vieille femme juive, répond à l'anti-sémitisme primaire de Borat par de l'amour en fin de film. 

Le film semble moins vouloir humilier les âmes perdues hantant les rallies pro-Trump, autant que de jeter une lumière sur la révulsion collective qui nous habite depuis la 8 novembre 2016. 


Si l'attitude régressive de Borat peut être défiée par des citoyens des États-Unis (et dans le film, elle l'est), il y a donc espoir. 

L'absurdité doit être défiée. Le timing de la sortie est donc, encore une fois avec Cohen, très intelligent. 

Borat est en ce moment aussi nécessaire que notre besoin de rire l'est.

Et avec Sacha Baron Cohen, on passe de la stupeur au choc et au rire. 

On vibre. Une autre mission du cinéma. Et de la vie. 


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