mercredi 25 décembre 2019

La Vie N'est pas Une Enclume

Je suis 80% de mes semaines au volant, sur la route.

Entrant sortant d'un camion, travaillant dehors, mais sur la route. C'est pas l'année qui m'a été promise.

J'ai souffert 2019.

Ma fille, Punkee, 16 ans, connait, comme prévu, une année remarquable. Nous savions en déménageant que c'était elle qui avait le plus à en gagner. Sa chambre allait être deux fois plus grande. Elle se rapprochait de son école. 80% des élèves de son âge, de son école allait habiter partout autour de nous. On le découvrirait après. Elle a trouvé l'amour. Ou l'amour l'a trouvée. Elle est régulièrement "choisie" par des garçons de son âge, mais n'avait jamais trouvé un de ses intéressés, intéressants. Cette fois, un de ses intéressés à réussi à modifier son regard sur lui. Et je trouve sa manière de gérer la relation assez comique.

Mes soeurs, même l'amoureuse, au même âge, si elles étaient en couple, allaient ne parler que de leur boy. Punkee me parait beaucoup plus indépendante*. Souvent, c'est sa mère qui lui rappelle qu'elle pourrait faire quelque chose avec son chum. Un brave garçon. Qui joue les bonnes notes pour charmer papa et maman.

Elle a connu une superbe saison de soccer où elle a largement contribué à l'attaque. Elle aussi connu une formidable saison au Flag-Football. En défensive, cette fois. Elle est finissante à son école et la frénésie naturelle de cette dernière année de l'école secondaire ajoute au feu roulant des ses activités.

Elle s'entraîne trois fois par semaine pour le défi Pierre Lavoie, elle apprend à conduire et s'est aussi trouvé un emploi. 9 heures par semaine.

Non, voilà une fleur qui s'épanouit.

Mais cet emploi justement...

Il s'agit d'un poste de caissière dans l'épicerie à deux pas de son école.

On la plaçait en soirée, pour les fermetures, les vendredis et samedis soirs. On s'est vite rendu compte que plusieurs de nos/ses samedis étaient occupés. Il a fallu intervenir et inventer un "cours avec tuteur" le samedi (de 16h30 à 18h30 afin de couvrir les deux quarts de travail). On a alors déplacé son travail les vendredis et dimanche soirs. Parfait.

Ce que nous ignorions était que, dans sa grande naïveté, elle s'était déclarée disponible tous les jours de la semaine.

Nos Noëls cette année se développe en trois jours:
Mardi le 24: chez ma Mère.
Mercredi le 25: Chez le beau-père
Jeudi le 26: Chez la belle-mère.

273 kilomètres plus loin.

Bien qu'elle ne travaille que les vendredis (quelques samedis) dimanche depuis octobre, par mesure préventive, on lui a quand même suggéré d'annoncer ce calendrier à celui qui tricotait son horaire. Un petit Gino qui n'aime pas qu'on le questionne sur les horaires. Un vendredi, elle avait un cours de conduite de prévu depuis des lunes et elle avait tenté de se faire remplacer. C'était en fait, fait. La fille s'était porté volontaire pour la remplacer, il ne restait qu'à valider avec Gino. Qui ne l'a pas fait. Trouvant insultant le procédé qui devait d'abord passer par lui. "Une nouvelle ne doit jamais se débrouiller comme ça pour les horaires, il faut passer par moi". Un "moi" légèrement boosté aux stéroïdes de l'ego meurtri dans l'enfance. MR. Power trip a ainsi refusé que celle qui allait la remplacer le fasse "...parce qu'elle était trop nouvelle". CHRIST MA FILLE EST PLUS NOUVELLE QU'ELLE ENCORE! Bref, ma fille a donc été forcée de travailler. Et moi de remettre son cours.

Mais vous connaissez le calvaire qu'est la calendrier d'école de conduite? Elle a complété tous ses cours de la phase 2 (de 4) mais il en restera 1 à faire avant d'entamer la phase 3, celui déplacé du vendredi de novembre...

...EN FÉVRIER 2020!
À cause de ce sombre crétin, portant la chemise dans ses culottes même si il n'a pas la taille pour honorer le geste, qui devait alors déployer la plus petite imposition de pouvoir sur terre.

On pouvait vivre avec ce mépris mariné en cuisine et faire comme si on avait oublié.

Mais quand Punkee a annoncé notre départ pour Québec du 24 vers 11h au 27 vers la même heure, il a encore joué au petit boss des bécosses lui rappelant que PERSONNE ne pouvait se déclarer indisponible le 24 (le 25 ils sont fermés) et surtout pas le 26.

En complicité avec une collègue malveillante qui rappelait à ma fille presque tous les jours qu'elle travaillerait le 24 jusqu'à 17h et le 26 toute la journée, nous avons vécu trois semaines avec une lourde épée de Damoclès au dessus de la tête.

Moi, surtout.
"Routier", mais surtout papa attentionné pour sa Princessa, si elle travaillait le 24 jusqu'à 17h, je restais ici avec elle, et me pointait vers Québec pour y arriver autour de 20H le 24. On fêterais le 25 chez le beau-père, mais si elle travaillait le 26, on repartait le 25 au soir même, pour qu'elle y soit le 26 toute la journée. Et serions revenus en soirée, 273 kilomètres plus loin, pour fêter Noël chez la belle-mère. Pour mieux repartir pour Montréal le lendemain...

...dans quel état?...

J'ai beau être devenu un habitué de la route, je ne fais pas exprès pour la rechercher quand je n'y suis pas forcé. Et cet horaire allait être parfaitement stupide. Un mardi et un jeudi. Deux jours qu'elle n'avait JAMAIS travaillé. Le raisonnement de Gino Poweurtrippe tenait pour des employés à 20 minutes de leur souper de Noël, même à une heure de leur souper de Noël, mais Punkee et moi étions à 2h30, 3h de notre souper de Noël.

Pour scanner des osties de légumes et faire une piasse fallait sacrifier Noël?

CHRIST!
On était menacé de pas de Noël du tout, ma fille et moi.

Jusqu'au jeudi 19 décembre, on vivait avec ce doute.
5 calisses de jours avant Noël chez ma mère on ne pouvait rien lui confirmer avec assurances.

On ne voulait pas intervenir une seconde fois (on l'avait fait pour les samedis, j'avais envoyé l'amoureuse afin que Gino soit "Snakecharmé" par ses beaux yeux) et ainsi marquer notre fille, de plus en plus appréciée au travail, qui deviendrait sur la liste noire du gestionnaire de mini pouvoir.

Quand elle ne savait identifier le gingembre aux caisses, on riait, mais là, on ne riait plus.
Intérieurement je me disais que ça allait clôturer une annus mirésabilis pour moi. Avec la route en surbrillance.

Puis, l'horaire est tombé le 19.

Elle ne travaillera aucune des dates où nous sommes à Québec.

Angoisse inutile que Gino ravalera par la trachée quand il réussira de se déprendre de la suspension par les couilles dans lequel je l'ai placé.

Il est bête, mais il a un coeur.

Le tabarnak.

Lisant ceci, nous sommes, cocktail en main, à célébrer Noël chez Grand Papa Johnny T.

Joyeux Noël, les Moldus


*un brin comme papa...

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