lundi 2 décembre 2019

Cinema Paradiso************************A Hard Day's Night de Richard Lester

Chaque mois, dans les 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans les 10 derniers), et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une des mes trois dévorantes passions: le cinéma.

Je vous parle d'un film que j'ai aimé par sa facture esthétique, sa facture sonore, son audace, son impact sociétaire, son scénario, ses interprètes, ses choix. Je vous parle d'un film dont j'ai aimé tous les choix.

Et je tente de vous expliquer le qui, le comment, le quoi.

Le cinéma peut être le moins cher des voyages.

Dans le cas d'aujourd'hui, c'est une croquée d'époque.

A HARD DAY'S NIGHT de RICHARD LESTER

C'était d'abord une décision d'affaires. Les Beatles, qui révolutionnent le monde musical international, sont sur étiquette de musique Capitol Records, boîte affiliée nord américaine de EMI. United Artists, est une compagnie de films des États-Unis qui peut aussi lancer une trame sonore. Et qui trouve comme prétexte le tournage d'un film en Angleterre, afin de surtout lancer une trame sonore composée de nouvelles musiques le plus vite possible.

Le budget pour le film sera donc minime, 200 000 livres sterling.

Alun Owen est l'auteur de la pièce No Trams to Lime Street que les Beatles ont adoré. Le Fab Four le veulent pour écrire le film car il est habile avec les dialogues Liverpooliens. Il traînera un bout de temps avec le groupe afin de leur écrire des lignes correspondant le plus à leur vraie personnalité. Les Beatles, dont on ne fait que suivre leur train de vie dans le film, de manière absurde et comique, lui diront que leur vie se résume à fréquenter un train, une pièce, une voiture, une pièce, une pièce et une pièce. Phrase qui sera évoquée par l'absurde "grand-père" de Paul McCartney traîné partout dans le film.

Le film plonge dans l'absurde délicieusement toute sa durée, dans la lignée des frères Marx. On y suivra les Beatles "prisonniers" de leur gloire montante, parfois volontairement, parfois pas. Nous présentant leur somptueuse musique que les gens découvraient avec le plus grand des bonheurs alors.

Le titre original devait être Beatlemania ou tout simplement The Beatles. Ironiquement le nom du groupe ne sera jamais prononcé dans le film (mais apparaît trois fois). Un jour/soir de long tournage commençant tôt et finissant tard, quand Ringo dit "Oh! it's been a hard day's....night", le nouveau titre est choisi et John écrit un morceau en moins de 24h avec ce titre.
Le film a pour objectif de présenter un phénomène grandissant de société et de croquer sur le vif, le plus naturellement possible, mais dans l'absurdité aussi, que la confiance d'une génération leur permet désormais de s'habiller comme ils l'entendent, de se coiffer comme ils l'entendent, de parler comme ils le souhaitent, de parler à la reine comme ils le souhaitent, de parler avec "ceux qui se sont battus à la guerre pour eux" comme ils le souhaitent. Attaquant tous les privilèges que sont la naissance, l'éducation, les accents, le langage, les traditions de respect. On voulait faire passer le message que si vous voulez quelque chose, vous prenez les moyens pour l'avoir très vite. Sans protocole à respecter.

Le film sera tourné sous format de cinéma vérité, les Beatles étant des fans de la Nouvelle Vague Française. Tourné en seulement 7 semaines, on commence le 2 mars 1964 et on boucle le 23 avril. Offert au monde Européen en juillet. En Amérique du Nord, en août.

Les États-Unis, grand enfant pourri gâté, exigeront que les voix soient doublées pour des accents d'Amérique. Ce que les Anglais refuseront prétextant que si ils doivent essayer de comprendre les accents texans de leurs westerns, qu'ils fassent l'effort de comprendre leurs accents de Liverpool.

Le film d'1h27 sera un aussi phénoménal succès que leur musique l'était. Complété sous le budget alloué (189 000 livres) et rapportant 12 299 668 dollars US.

Il est amusant de voir, en ouverture, les Beatles fuyant leur fans, un George Harrison s'enfargeant dans ses propres jambes et piquant du nez, faisant du coup plonger aussi Ringo, forçant l'un des figurants en arrière à arrêter temporairement la horde de fans, avant qu'ils ne reprennent leur course vers le Fab Four dans l'hilarité.

Ce film est léger et fait rire.

Que Décembre vous soit léger et vous fasse rire.

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