samedi 21 décembre 2019

De Frontenac à Laurier

Party de Noël de l'entreprise.

Misèèèèèèèère.

Ça s'est déroulé au Château Frontenac, souper, boissons, nuitée payée.
Donc moins misère quand même. Mais cet endroit ancestral est si habitué à ce que ses clients paient les yeux fermés que le Wi-Fi n'est même pas gratuit avec la chambre. Et ça commence avec un forfait à 32,95$. Up your asses, gentlemen. Je vais prendre mon 3G.

Avec la gang de l'entrepôt, ça restait misérable. Les tables avaient été arrangées pour que ceux qui ont le plus d'atomes crochus soient ensemble. C'était vrai pour notre table. Mais pas complètement vrai non plus puisque 5 à 6 fois je me suis levé pour aller jaser avec des gens d'autres tables. C'était moins parce que les gens de ma table étaient plates que parce que j'ai de l'entregent quand je m'y mets. Et mon plan était de vraiment écourter ma soirée, alors j'ai mis le paquet très tôt. J'ai fait gagner deux filles à un jeu questionnaire en leur soufflant les réponses. J'ai pigé le plus risible des cadeaux dans la boîte à cadeaux. J'ai croisé Stéphane Bellavance qui avait animé la veille quelque chose pour le bal du Maire. Après le (très somptueux, je dois l'avouer) repas (mais en trop petite quantité comme toujours quand c'est bon), j'ai eu le temps de m'amuser et d'amuser, mais en revenant de la salle de bain, constatant que les gens commençaient à danser, j'en ai profité pour filer à ma chambre. Et bien dormir. Et Dieu que ma batterie personnelle a rechargé. On avait quand même deux lits doubles!

J'aurais aimé vivre la même soirée en meilleure compagnie.

On mange et dort bien au château Frontenac.
Mais j'y étais quasi incognito.
J'étais monté de Montréal avec un collègue dont on avait pris le nom (le sien) pour stationner la voiture, et je n'avais pas eu besoin de m'identifier au comptoir non plus puisque mon partenaire de chambre l'avait fait avant moi et était déjà la chambre. Donc Hunter Jones n'était signé nulle part sinon à la place où j'ai mangé.
Mon fils, amoureux d'une jeune fille de Québec, était monté la veille pour la voir et revenait dans le 450 le dimanche midi. J'allais me faire conduire par mon fils pour le retour à la maison.

Étant sur mon cadran intérieur de levée de corps à 5h00 du matin, je me suis réveillé à cette heure le dimanche matin. Naturellement. J'ai lu un auteur dont l'âge et le décor étaient adéquats. J'ai eu le temps de commencer et finir le livre. Dans le divan Louis XIV de la chambre. Puis, j'ai pris la poudre d'escampette.

Marchant du Château au resto de mon neveu. 7.5 kilomètres plus loin. 1h32 de marche. Au froid. Faisait très froid avec ma petite valise. Mais le froid, vous le savez, j'aime.
La marche me forçait à longer le Chemin St-Louis où j'avais grandi. Les Plaines d'Abraham d'abord, qui nous ont offert tant d'aventures, enfants et ados. Le 902 était à vendre. Doivent demander cher. C'est bien placé, près du centre-ville, et spacieux. Au moins 18 pièces sur 3 étages. Mes parents ont vendu cher à l'époque. À un diplomate arabe.

La firme d'avocats de Marcel Aubut, nos voisins d'en arrière, ne s'affichent plus depuis qu'Aubut a été révélé trop salé.

La rue Vauquelin m'a ému. Ce cul-de-sac sert encore de stationnement quand je vais au Festival d'Été. Plus jeune, on s'y retrouvait, le peu d'enfants de notre rue, pour y jouer, dans la rue, justement. Parce que coin Chemin St-Louis/Belvédère, jouer dans la rue c'était mourir. Toujours des tonnes de voiture. C'est ça qui m'a donné l'envie d'urbain pour la vie. Je dormais la tête sur le Chemin St-Louis. Avec la lumière de circulation verte/jaune/rouge, reflétant sur mes murs de chambre dans la nuit. C'est sur Vauquelin qu'on avait découvert Mickey et les fantômes. Que faisions nous chez une vieille madame, dans son sous-sol, à écouter des histoires de fantômes? Cette dame n'avait même pas d'enfants! La rumeur veut qu'elle eût été, elle-même, un fantôme. On y lisait aussi des comics de super-héros. Ce fût mon seul flirt avec les super héros. Entre 7 et 10 ans.

Croisant la maison du lieutenant gouverneur, anciennement dans le Bois-de-Coulonges presqu'en face, jusqu'à que ça prenne dramatiquement feu en 1966, je me suis rappelé un projet idiot que j'avais eu, enfant, encore. Fallait s'amuser merde! L'entrée, peu modeste de la résidence du lieutenant gouverneur, était grillagée et le sentier menant à la maison était bordé de boulets de canon. Comme la maison est située dans la pente du Chemin St-Louis, j'avais eu la bête idée, vers 7 ou 8 ans, d'aller prendre une de ces boules et de vouloir la faire rouler le Chemin St-Louis jusqu'en bas. J'avais été intercepté par un gardien de sécurité à temps. Et sûrement grondé. Ils n'ont plus de boulets de canon comme la photo ici en fait foi.
Roll Boulet Roll...

Dans le coin de la rue Ploërmel, il y avait, auparavant, la station de radio CJRP, il n'y maintenant plus que des bureaux d'avocats. Je ne mens pas, je crois avoir croisé plus de 10 bureaux d'avocats (outre Aubut/Chabot qui a toujours été là). C'est devenu assez laid. Le nom Ploërmel est si poétique. Fab Gagnon, mon meilleur ami du primaire, et Jeff Lortie, un autre buddy de l'école. Seb Perreault aussi. Olivier Laroche. Jacques Brosseau. Ça habitait tous dans le coin.

Mon fils devait me rejoindre au resto sur le Boulevard Laurier, mais on ne s'était pas avisé de la coordination encore. J'avais improvisé ma marche, par simple envie de nostalgie, et je comptais lui texter vers 9h30, mais voilà....

Froid + écoute d'un disque téléchargé sur Spotify= téléphone passant de 84% à 1 en moins d'une heure. Je n'avais plus de moyen de rejoindre mon fils pour lui dire où me cueillir! DUCON! Pas même de fil de recharge. Pas de 50 sous pour appeler d'une cabine. Plus de cabines nulle part de toute manière! J'allais être orphelin de communication!

remisèèèèèèèèèèèère.

Mon neveu m'a sauvé. Il travaillait ce matin-là au resto. J'ai pu texter de son téléphone à lui.

Il était moins surpris de me voir à son resto que de voir la tête échevelée du gars qui s'est levé, et qui a simplement marché au froid.

Mon fils est venu me cueillir au resto comme un roseau sauvage dans un marais. Puisque j'étais passager, je me disais que je gérerais la musique du trajet Québec-Montréal.

("Ben oui fiston, j'ai marché tout ça, marcher c'est vivre, je n'en aurai même pas mal aux jambes demain!")

Je me trompais.
Juice WRLD était platement mort la veille.
Mon fils était en deuil. J'ai dû m'initier à son leg.

Misèèèèèèèèèèèèèère.

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