vendredi 31 mai 2019

Brian Depalma

Brian est né le dernier garçon (de trois) à Newark dans le New Jersey. Papa est chirurgien et trompe maman allègrement. Brian le suivra fréquemment afin de l'espionner et prendre connaissance de ses adultères. Ça inspirera la création d'un personnage de son film Dressed To Kill.

Excellent étudiant, il gagne un prix pour un projet à caractère scientifique, encore adolescent, à l'école secondaire. Construisant lui-même des ordinateurs.
Étudiant en physique à l'Université Columbia, il est fortement impressionné par le ciné-club et précisément les films Citizen Kane et Vertigo. Il bifurque donc en théâtre et devient l'un des rares premiers étudiants masculin diplômés en théâtre de l'endroit, classes composées presqu'exclusivement de jeunes filles, au début des années 60.

Fortement investi dans la découverte des films des frères Maysles, d'Antonioni, de Godard, de Warhol et surtout d'Alfred Hitchcock, dont il sera le plus fidèle pasticheur (avec Chabrol), il s'achètera une caméra, ce qui en fera un jeune homme sollicité pour son outil.
Il tournera un court documentaire pour une exhibition du MOMA, qui sera extrêmement payante pour lui.

Deux ans avant, Depalma tourne avec un très jeune (et puffy) Robert DeNiro un film qui ne sortira que 6 ans plus tard. Quand Depalma se gagne une certaine réputation dans Greenwich Village. Il scénarise et tourne son premier film par lui-même en 1968. Avec William Finley, qui sera son plus fidèle comédien, jouant dans 8 de ses 30 films. DeNiro revient jouer pour Brian dans ses deux projets suivants. Il revient à la forme documentaire, maintenant obsédé par la technique du split screen qui le suivra toute sa carrière.

En 1970, il quitte New York pour aller se parfaire à Hollywood. Où il sera un proche de Coppola, Spielberg, Lucas, Scorcese, Schrader et Millius. Une bande de passionnés des mêmes films. Engagé par la Warner Brothers, il tourne une comédie dans l'esprit des Monty Python. Une commande du studio. Il n'aime pas l'expérience.
Il tournera trois projets beaucoup plus underground. Et entre le sinistre et le parodique. Sisters est inspiré des siamoises russes Mascha & Dascha Krivoshlyapova. Les critiques lui reconnaissent un vrai talent, cousin d'Hitchcock. Le film suivant sera une comédie musicale kitsch inspirée librement du Phantom of the Opera, mais dans l'univers rock. Sissy Spacek travaille aux costumes sur ce film avant d'être elle-même la star de son plus grand film (alors) deux ans plus tard. Inspiré de Vertigo, Paul Schrader lui écrit Obsession, film mettant en vedette la Québécoise Geneviève Bujold.  Mais la relation entre Depalma et Schrader en restera brouillée quand Depalma coupe la troisième partie de son film, placée dans le futur, et réécrit beaucoup du script original.

La même année, il adapte un livre qu'un ami écrivain lui avait conseillé. Le tout premier roman de Stephen King, 26 ans. Ce sera le plus gros succès commercial de Depalma et à partir de maintenant, il passera toujours d'un projet à un autre, tournant un projet personnel, suivi d'un projet d'un grand studio, plus commercial (qui financerait son projet personnel par la suite). Deux des actrices du film auront des nominations aux Oscars, Sissy Spacek et Piper Laurie.
The Demolished Man est un livre qui fascinait Depalma depuis toujours. Le livre faisait justement appel à l'esprit mathématique qui l'habitait depuis toujours. Ce sera long à mettre en images et ça donnera The Fury. Spielberg adaptera Phillip K.Dick avec Minority Report en 2002, avec une narration assez proche du propos du même film, et avec le volontaire style "Depalma". Godard sera un grand fan de The Fury. Ce qui plait beaucoup à Brian.
Depalma enseigne alors là où il avait étudié le cinéma, au Sarah Lawrence College. Il utilise ses expériences là-bas pour tourner son prochain film. Encore avec Kirk Douglas. Dressed to Kill traite d'une travailleuse du sexe témoin du meurtre d'une femme au foyer. Avec un troublant Micheal Caine et Nancy Allen que Depalma a marié l'année d'avant. Le film est fort aimé. Il la divorcera dès 1983.
Depalma est un talent recherché.
Au point qu'on lui offre de tourner Flashdance, ce qu'il refuse. Préférant tourner Personal Effects, qui devait se tourner au Canada (Depalma est un inconditionnel des Festivals de films de Toronto et de Montréal) film qui deviendra Blow Out. Un évident hommage au Blow Up d'Antonioni, mais avec des références claires à l'incident de Chappaquiddick et dont les mystères se situent au niveau du son. Ce sera un des films préférés de bien des gens de Brian. Dont moi.

Mais le suivant sera le préféré de presque tous.

Oliver Stone combat sa propre dépendance à la cocaïne quand il adapte un film de gangster de 1932 à notre époque et le change en film d'immigrant cubain faisant son chemin dans le monde de la drogue à Miami. Stone devra aller écrire tout ça en France, pour se sevrer lui-même. Depalma tournera un film culte. Encore beaucoup aimé de nos jours. Le film auquel il sera facilement rattaché le jour de sa mort.

Depalma tournera un clip pour Bruce Springsteen qui mettra la jeune Courtney Cox à l'écran pour une de ses premières fois. 

Son film suivant est un hommage direct à Hitchcock, à Dial M for Murder, Rear Window et Vertigo, dont le sujet est le voyeurisme et situé dans le monde de la porno. Il ne fait pas mouche tout de suite et introduit Mélanie Griffith, tout en se développant un mouvement culte avec les années.
La comédie qui suivra sera un échec, mais les critiques aiment.

Mickey Rourke refuse le rôle qu'aura Kevin Costner dans le film suivant. Depalma propose le rôle d'Al Capone à DeNiro et à Bob Hoskins. Au cas où DeNiro, plus occupé, ne puisse pas le faire. Quand DeNiro accepte, Depalma envoie un chèque de 20 000 livres sterling à Hoskins avec un aussi gentil Thank you.  Hoskins le rappellera aussitôt pour lui demander si Brian n'a pas d'autres films dans lequel il ne le veut pas. The Untouchables sera un très grand succès au box-office, avec une claire référence à Eisenstein.

Le projet suivant est tiré du livre racontant un incident vrai survenu pendant la guerre du Vietnam en 1966.  Ce sera l'un des premiers films que j'enregistrerai en le doublant à l'aide de 2 vidéos VHS superposés. Le film est lancé 20 ans après les faits. Ce film est un excellent film. Dur, mais fameusement joué.

Le film suivant sera une catastrophe largement documentée dans l'excellent livre de Julie Salomon, The Devil's Candy. Elle est présente toute la durée du tournage. J'ai lu ce savoureux livre et vous le recommande, même si vous n'avez pas vu le film. Très divertissant. Depalma épouse la productrice Gale Anne Hurd avec laquelle il aura une fille. Ils divorceront deux ans après.

John Lightgow avait travaillé avec Depalma sur Obsession et Blow Out. Lightgow sera parfait dans le rôle d'un homme aux 5 personnalités. La réception du film sera modeste mais fera 25 millions de plus que ce qu'il a coûté. DePalma épouse Darnell Gregorio avec laquelle il aura une fille aussi. Mais encore une fois, ça ne durera que deux ans.
Al Pacino entend parler de Carlito Brigante en 1973 en s'entraînant au YMCA pour le film Serpico. Il y fait la rencontre du juge New Yorkais de la cour suprême Edwin Torres, auteur de Carlito's Way et After Hours (Rien à voir avec le film de son ami Scorcese en 1985). Pacino en sécurise les droits. Abel Ferrara devait tourner mais il ne s'entend pas avec les producteurs. Depalma est amené à bord. Le film sera un gros succès.

Comme il a prouvé qu'il peut encore remplir les coffres pour les studios, il est choisi pour tourner le premier film de la série télé adaptée au cinéma Mission Impossible. Ce sera son plus fortuné contrat.
Il tourne ensuite à Montréal, avec Nicolas Cage, Carla Gugino et Gary Sinise. Mais le film reste modeste. Depalma brille toutefois dans ses longs plans séquence sans coupe.

Mais Mission To Mars sera misérable. Avec un budget de 100 millions, on ne fait que rentrer dans son argent.
Femme Fatale sera tourné en Europe, et sera fameusement incohérent. Un triste fourre-tout qui ne rend pas justice à Depalma ni à ses interprètes, Il ne rapportera que la moitié de ce qu'il a coûté.
The Black Dahlia ramène Depalma dans les grands projets commerciaux. Mais ne fait pas encore ses frais par un million.

Inspiré du livre racontant l'horreur du massacre de Mahmouddiyah, le film militaire suivant de Depalma générera 782 millions n'en coûtant que 5.
Reprenant Crime D'Amour d'Alain Corneau, seulement deux ans après le film français, le thriller érotique Passion est son film suivant.  Mais il n'excite personne faisant affreusement patate. Même si deux belles filles s'embrassent.

Le 30ème film de Brian Depalma est lancé ce soir, en Amérique du Nord et en Europe, et met en vedette Jamie Lannister de Games of Thrones, le danois Nikolaj Coster-Waldau.

J'ai des moments choisis pour Brian D.P.
Principalement dans les années 70.
Me taperai peut-être un petit festival personnel prochainement.
Est-ce que je viens de m'acheter Carrie à 10$ moi?...
Ben oui...

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