samedi 17 novembre 2018

Blonde & Idiote Bassesse Inoubliable***********************Ah Um de Charlie Mingus

Chaque mois, vers le milieu, comme je le fais pour la littérature (vers la fin) et pour le cinoche (vers le début), trois passions personnelles, je vous parle musique.

Le titre de la chronique est inspiré de 4 albums que j'ai tant écouté que j'en connais toutes les notes. Je les réécoute régulièrement et redécouvre les nuances et les subtilités pour le plus grand plaisir de mes oreilles. Ces 4 albums sont dans mon ADN.

Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2.

B.I.B.I c'est aussi moi. Mais c'est également le son de la terminaison du mot habibi, qui veut dire, en dialecte irakien, pays qui a beaucoup besoin d'amour, Je t'aime.

Musique, je t'aime.

L'année 1959 en jazz a été tout simplement phénoménale. Ce sera le sujet d'une autre chronique, probablement en 2019. Pour faire un chiffre rond.

Pour Charlie Mingus, il s'agit de l'année de son 22ème album, son troisième la même année (il en fera 4). C'était toutefois son tout premier pour la compagnie de disque Columbia. Et si ça se trouve, c'est une belle somme des multiples talents du contrebassiste. Si vous vous voulez vous initiez à son univers musical, voici un excellent album à se mettre en oreille.

Il est immédiatement accessible, brillamment sculpté en chansons individuelles, ses compositions et ses arrangements sont extrêmement concentrés, facile à assimiler mentalement, ce sont des morceaux parfois spontanés, mais pas 100% improvisés et free-jazz qui serait parfois dur à suivre.

Son band inclut de solides gaillards comme John Handy, Shafi Hadi et Booker Ervin au saxophone, Jimmy Knepper et Willie Dennis au trombone, Horace Parlan au piano et Dannie Richmond à la batterie (Mingus à la basse/contrebasse, bien sûr). Ils sont, ensemble, d'une précision excessivement habile. 

Il est difficile d'isoler un seul album du Mingus et de le sacrer "meilleur de ses albums", mais celui-là s'en rapproche beaucoup.

La première pièce est un classique de Mingus. Une réelle expérience spirituelle exubérante. Et un morceau signature pour toute ses tournées à venir. Joyeux. Même des voix gospel se font entendre sur le morceau. J'adore le piano de Parlan. Les cuivres sont aussi sympathiques.

Le second morceau est un lent hommage à Lester Young, décédé peu de temps avant l'enregistrement, un autre incontournable morceau du catalogue Mingus. Le tenor du saxophone est tout simplement parfait sur cette pièce.

La troisième pièce est très active et se placerait bien sur une poursuite dans un film de Godard (très en forme en 1959). Swing agressif. Parlan au piano est encore fameux. Mingus fugue de l'index comme un diable.

Le quatrième morceau avait d'abord été écrit pour le premier film de John Cassavettes, un grand fan de jazz, Shadows. Mais pour des raisons budgétaires, on avait pas utilisé le morceau.

Mingus fermait la Face A avec un hommage au Duke. Il emprunte des phrasés à trois de ses propres morceaux musicaux, Nouroog, morceau travaillé en 1957, Duke's Choice, et Slippers.

Contrairement à la croyance populaire, Bird Calls n'était pas une hommage à Charlie "bird" Parker, Mingus voulait simplement faire croire à des chants d'oiseaux en début de morceau. En fin de morceau c'est encore plus évident les petits piaillements.

Orval E.Faubus était un gouverneur de l'Arkansas aussi ridicule que Donald Trump l'est comme président actuellement. En 1957, il avait affirmé haut et fort qu'il était clairement contre l'intégration des noirs à la société civile. Principalement dans les écoles. Défiant même un ordre de la cour supérieure qui a forcé le président Eisenhower à envoyer la garde nationale afin d'assurer la sécurité de tous et chacun. Mingus a rajouté des paroles à sa fable en 1960. Le clown, c'est Faubus. 

Après avoir discuté des oiseaux, Charlie nous parlait des chats avec Pussy Cat Dues. Le solo de base est tout simplement formidable là-dessus. Tout en douceur langoureuse. Comme un chat qui s'étire en ronronnant.

L'album se ferme sur un hommage à Jerry Roll Morton, l'un des touts premiers compositeurs de jazz d'importance.

Un album pour amateurs de jazz, de cuivres, des années 50-60, de musique instrumentale, spirituelle, sympathique, politique, et unique.

Bop.

La peinture moderne de la pochette est de S.Neil Fujita. Celui-ci sera aussi l'auteur des très belles pochettes de Dave Brubeck et Miles Davis.

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