lundi 17 novembre 2014

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable********************Harvest de Neil Young

Une fois par mois, un très très personnel musée sonore des albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage du temps, vous sera offert sur ce site.

Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.

J'ai baptisé mon catalogue sonore d'incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient de l'avoir déjà fait ici trop souvent. Ils sont tous les 4 mémorables pour moi en ce sens qu'Ils ont tous les 4 changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques sont dans mon ADN, j'en connais chaque son, chaque accord, et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits continuellement nouveaux même si les notes restent inchangées. Ils atterrissent tout simplement à des lieux différents selon la météo mentale et physique des saisons.

"Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan.
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop.
"Bassesse" pour Low de David Bowie.
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2.

Par ordre de création.

Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est aussi B.I.B.I. c'est à dire moi.

C'est aussi la terminaison du mot habibi quien dialecete irakien veut dire Mon amour.

Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est également parce que ça pourrait évoquer une maîtresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.

Ce que le musique est très souvent.

Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.

HARVEST de NEIL YOUNG

Plus jeune, l'idée du country, du son musical dit "country", m'était tout à fait nauséeuse. Toutefois en vieillissant, ce que j'appelle du folk, même mes Rolling Stones chéris, avaient de fortes touches "country". Il fallait bien que je me l'avoue. Bob Dylan a aussi plusieurs effluves country

Et Dylan est une drogue intraveineuse personnelle.

Mon père était un inconditionnel du country. Voilà peut-être une des raisons pour lesquelles je m'étais interdit ce type de son. Par bête rébellion générationnelle.

Neil Young lançait 10 jours après ma naissance en 1972 son quatrième album solo. Comme le mot "country" veut aussi dire "pays", que Young est Canadien, et que jusqu'à preuve du contraire, je le suis un peu aussi, il n'était donc pas farouchement étranger que je puisse aimer le son que propose Harvest un de ses jours.

Young voudra que la pochette soit biodégradable et se décompose une fois l'album déballé.
Trop compliqué, ça n'arrivera pas.

Plongée un an avant ma naissance, entre janvier et Septembre 1971.


Young recrute le batteur Kenny Buttrey, le bassiste Tim Drummond (qu'il croise dans la rue à Nashville) et le guitariste Ben Keith pour enregistrer du matériel qu'il pratique en spectacle depuis quelques mois. Après une apparition au Johnny Cash Show, il monte ce band baptisé The Stray Gators et en avril ce bijou de morceau d'ouverture y est enregistré. L'harmonica me fait toujours verser dans la mélancolie, bien que Young précise chaque fois qu'il parlait de son extrême bonheur, mais que ça sonnait triste...

La seconde chanson est aussi enregistrée en avril dans la même session que la première. La chanson titre est largement sous estimée et l'amoureuse aime encore la chanter sous la douche. John Harris y joue du piano. 

La troisième chanson comprend Jack Nitszche au piano et le London Symphony Orchestra. Young l'écrit en tombant en amour avec l'actrice Carrie Snodgress, qu'il épousera et avec laquelle il aura un enfant lourdement atteint de paralysie cérébrale. Le terme "maid" dans cette chanson fait référence à Robin des Bois et à Marion Maid comme dans la belle Marianne et non la bonne (domestique) Marianne. Le titre a été sujette à beaucoup d'ironie puisque Snodgress a complètement mis sa carrière en veilleuse pour s'occuper à temps plein de leur fils, suggérant une certaine forme de domesticité par rapport à Neil.

Du Johnny Cash Show, où Young y croise Linda Ronstadt et James Taylor, il travaille ce morceau qui deviendra un très gros hit pour lui. L'harmonica y est encore très présent tout comme les voix de Ronstadt et de Taylor. Taylor y joue aussi du banjo. Dylan détestera la chanson (bien qu'aimant beaucoup Young) trouvant qu'elle lui ressemble tellement, qu'il aurait dû lui-même la composer et la chanter. Young gardera des sentiments partagés sur la chanson aussi puisque, même si elle le rend très riche, elle le place au milieu du trafic et il préfère être moins visible et se sent plus libre en marge. Il prétend y rencontrer des gens plus intéressants.

Le morceau qui clôt la première face  comprend Graham Nash et David Crosby dans les voix. Jack Nitzsche y joue de la slide guitar. Au Canada, c'est le morceau que les radios préfèrent (étrange). Moi je trouve que ça sonne un peu comme un "filler". Ou si vous vous préférez: une chanson pour boucler de l'espace.


La Face B s'ouvrait avec Old Man. Il s'agira du second et dernier extrait envoyé aux radios. Autre gros hit. Taylor est encore au banjo et aux voix, Ronstadt aux voix. Young achète un ranch et le vieil aide qui y travaille pour lui lui demande comment un jeune comme lui (Young a 26 ans) peut se permettre d'avoir autant de moyen. Young lui répond qu'il n'est que chanceux, ce qui impressionne beaucoup le vieil homme. Young lui répond aussi avec cette chanson.

Le London Symphonic Orchestra brille aussi sur le morceau suivant. Jack Nitzsche y travaille les arrangements.

La chanson suivante est du propre aveu de Young la chanson Southern Man qu'il avait enregistrée pour son (excellent) album précédent, légèrement retravaillée. Il y invite David Crosby et Stephen Stills aux voix. Bel effet. Tout comme Southern Man, la chanson traite du racisme, une lutte que tient Neil à coeur.


"Je ne veux pas faire la leçon à personne, mais la drogue tue beaucoup de maudits bons gars" dira Young de cette chanson composée en hommage à un ami guitariste à qui la drogue a fauché la vie. L'un de ses plus beaux morceau. maintes fois repris. Sur l'album, c'est le tout premier enregistré, devant public, fin janvier 1971, avant même le Johnny Cash Show et la décision d'entrer en studio pour y enregistrer un album.

Le morceau qui ferme l'album est l'un de mes préférés de ce fameux album. Graham Nash & Stephen Stills y chantent et la guitare stridente de Ben keith contrebalance parfaitement celle de Young et le piano de Nitzsche radoucit l'ensemble. Drummond est parfait à la basse et Buttery à la batterie offre une construction rare en 11/8 dans les interludes. Brillant morceau.

Pour les amateurs de folk, de country, de jazz, de Crosby, Stills, Nash & Young, de musique de ferme, de mélodie accompagnées d'orchestre, de mélancolie, de voix hautement perchée.  

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