jeudi 8 mai 2014

Bigza et sa Gang

Nos conjoints, tout dépendant quand nous la vie nous as fait les rencontrer, ont eu une vie avant nous. Il faut donc parfois composer avec les amis que ceux-ci s'étaient faits avant nous.

Sans détester qui que ce soit de mes amis, je sais que l'amoureuse est plutôt inconfortable avec facilement trois de mes amis masculins. Heureusement, ceux-ci ont des amoureuses et ensemble, elles se complètent bien. Mais je sais que seule à seul avec lui, la situation serait nettement moins confortable pour elle.

Je n'ai pas vraiment de problèmes avec les amies de l'amoureuse.

Une seule de ses amies, on est peu pris avec. Par lâcheté. Elle n'a jamais rien eu en commun avec nous. Cette jeune femme (7 ans plus jeune que l'amoureuse) a suivi un cours d'anglais au début des années 90 avec l'amoureuse hors du pays et quand elles ont découvert que nous habitions tous les deux le 450, la jeune femme s'est inventée une amitié qui n'avait jamais réellement existée au préalable. Quand les deux femmes sont tombées enceintes en même temps, un rapprochement s'est fait où tous les motifs de séparation se sont peu à peu imposés.

Elle s'appelle Isabelle mais moi je l'appelais Big Isa (pour la différencier d'une autre Isabelle de notre entourage). Avec le temps et les gueules pâteuses, c'est devenu Bigza.

Nos fils sont nés à quelques semaines d'intervalles. On s'est vu quelques fois, suivant les progressions communes de nos enfants. Toutefois après le premier vaccin, alors que nos fils étaient 100% identiques dans leur progression et ont même pris le même vaccin à 2 jours d'intervalle, leur fils a eu une affreuse réaction et il est devenu un cas très lourd de Trouble Envahissant du Comportement. Il ne supporte pas le linge, devient inexplicablement violent par moments, ne remarque pas la présence d'animaux autour, ne réagit pas du tout si une assiette casse à ses côtés, vit 100% dans sa bulle, inaccessible au monde extérieur. Ça a rendu leur vie extrêmement difficile et on a beaucoup sympathisé avec eux.

Peu à peu, on s'est aussi écarté de leur vie pour plusieurs raisons.
1-Nous sommes sensationnellement différents. Ce sont de fameux amateurs de l'humour de Jean-Marc Parent et des radios FM commerciales, ils aiment la musique trash métal, ils sont à des millénaires d'aimer ce que nous aimons et tout ça fût exacerbé par un jeu de société (scrupules?) auquel nous avions joué ensemble et qui nous invitait à donner notre opinion sur des sujets de société (ex: Un ami est dans la merde, il vous doit de l'argent, vous ne souffrez pas tant que ça financièrement A) vous le collectez rapidement pour être certain qu'ils vous remboursent ou B) vous laissez le temps arranger les choses, quitte à effacer la dette qui se trouve à être moins de 100$). Nos réponses étaient presque TOUTES aux antipodes des leurs, et le malaise s'était chaudement installé entre nous. Heureusement j'avais détourné tout ça en ouvrant plusieurs bouteilles de vin (et de fort) et ça avait passé comme dans du beurre dans la poêle, mais je savais très bien au petit matin, qu'un fossé nous séparait dans nos intérêts.

2-Quand nous nous rencontrions, ils prenaient tous deux un congé bien mérité de leur fils aux troubles envahissants grandissant. Toutefois, nous, nous travaillions beaucoup puisque notre fils était constamment victime des comportements étranges de la part de l'autre. Un exemple, les amis jouent avec des jouets pendant que nous discutons et soudainement, leur fils fait une prise de tête inexpliquée à notre fils qui nous regarde en voulant dire "je fais quoi papa?". Nous étions toujours en train d'essayer de protéger Monkee des comportements inattendus de leur fils. De plus, en se présentant chez eux, on leur présentait chaque fois le fils qu'ils auraient pu avoir, et on sentait qu'a leur fatigue mentale, on rajoutait une peine douce et sourde, plus ou moins saine.

3-Quand EUX venaient chez nous, c'était pire, il fallait surveiller leur enfant en tout temps. Il démolissait sans réellement s'en rendre compte, sans souci non plus, se mettait nu, ce qui étonnait toujours, voulait tuer les chats (nous en avions alors deux) en jouant avec leur poils tel Lenny dans Des Souris et des Hommes, et autour de la piscine, il ne se baignait jamais vraiment mais menaçait toujours de se faire mal, de faire mal ou de se noyer quand même. Bref, c'était du sport.

4-À la longue, je me suis aussi aperçu que Bigza ne parlait que de cul, ce qui me laissait croire qu'il n'y en avait plus beaucoup entre les amoureux et ça finissait par me tomber de plus en plus sur les nerfs.

Bref, personnellement je sentais que nous apportions bien peu les uns aux autres.

Les exigences qu'imposait ce pauvre enfant ont fini par avoir raison de ses parents et ils ont été obligé de le placer dans un centre spécialisé. Le cas était devenu trop lourd.

L'amoureuse a "oublié" de les rappeler un jour et nos vies ont suivi des routes différentes. On a croisé leur fils dans un parc au haut d'une glissade en hiver, 5 ou 6 ans plus tard, en compagnie de ceux qui s'en occupe à temps plein. Depuis, le couple a choisi d'avoir deux autres enfants, qui sont sans symptômes ceux-là. Ils voient encore leur premier fils, mais moins. Et jamais plus que 2 jours de suite.

Nous, les deux familles, entre temps, nous ne voyions plus.

Toutefois cette "merveille" qu'est Facebook as remis l'amoureuse et Bigza en contact. Et l'amoureuse n'a pas pu (voulu?) esquiver une invitation qu'ils nous ont fait récemment.

Une invitation chez nous en fait...

Je revenais de travailler de nuit un samedi, crevé d'avoir travaillé l'équivalent de ma troisième game de hockey de nuit de suite que j'aperçois leurs bouilles dans mon salon. J'ai feint le plaisir de les revoir, mais l'amoureuse s'excusait du regard en croisant le mien, noir. J'avais aussi le cheveux fou et je me sentais sale. Habituellement je prends un douche au retour de "mon match de hockey". Ce que je fis parce que...christ j'étais pas présentable...

Au retour, Bigza semblait avoir gardé ses bonnes vieilles habitudes et me lança:
"On se raconte nos moments les plus bizarres au lit, ça va être drôle..."

Non.
J'ai noyé le poisson tout de suite:
"Une fois, j'ai fait l'amour avec l'amoureuse quand robot sexy m'a aspiré dans un vortex temporel. Traversant le cyberespace, j'ai dû affronter un armada de dinosaures, de ninja et de zombies avec une épée laser. En tranchant en deux leur maître spirituel, dieu de guerre, j'ai emprunté un Über vaisseau spatial vraiment cool avec transmission quatre temps* et suis retourné chez moi pour confesser tout ça à mon l'amoureuse. Maintenant, je vois un psy trois fois par semaine"

Ils ont ri, il y a eu malaise puis, comme on repart les essuie-glace de l'ennui, elle a relancé, voulant tuer ce silence têtu qui semblait vouloir prendre en ciment:
"Film catastrophe ou films de super-héros?"

Christ qu'on se connait pas, j'ai pensé.
Après tout ce temps.
Christ qu'on se connaît pas.

J'aurais donc dormi.

J'ai cauchemardé à la place.


*Il adore les chars autant que je m'en câlisse...



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