mardi 19 novembre 2013

Agnès & Lise

Dire des conneries.

C'est fou ce que je l'ai fait souvent ici.

Par pur plaisir, pour tuer le temps, par envie de bonheur cheap.
Par ignorance surtout.
Parfois crasse.

En 1988, j'étais en secondaire 4. J'arrivais d'une autre école. J'étais "nouveau" mais pas tant que ça. Je retrouvais des gens avec qui j'étais allé à l'école au primaire. Des gens que je n'avais pas revu depuis plus de 10 ans. Des gens qui habitaient encore ma région du 418: Sillery. J'avais quitté ces gens que j'avais quitté enfant et que je trouvais presqu'homme/femme. Parmi eux: Agnès P. L'une des toutes premières à me lancer un franc "Salut Hunter!" intéressé dans ma nouvelle école secondaire. Un "Salut Hunter" qui voulait dire "Te rappelle tu de moi?".
Oui.
Maternelle.
C'était il y avait tellement longtemps...Hélène Desrosiers se disait mon amoureuse en maternelle, ça suffisait à tout le monde pour parler de nous comme étant un couple. Moi ça m'écoeurait. "Beuuh! nooooon...je n'ai pas/ne veux pas d'amoureuse. Les filles à 6 ans? Waaaaaaaaaaaaaaach! Ça veut même pas faire le gardien de but quand on joue au hockey!

Mais là en 1988, Agnès était tout simplement...femme. Des yeux verts comme seule l'amoureuse actuelle à réussi à surpasser. Des yeux intelligents. Agnès était excellente dans toutes les matières scolaires. Elle avait une bouche pulpeuse qu'on avait envie d'embrasser. Des formes splendides que je suis certain qu'elle n'aimait pas. Des cheveux bouclés. Une voix charmante. Comme j'avais le privilège de m'être classé pour être dans la classe de Français enrichi, le même groupe se retrouvait exceptionnellement en éducation physique (nous changions habituellement de groupe pour chaque matière). Comme c'était une classe des 35 meilleurs élèves en français, il y avait bien entendu 28 filles et 7 garçons. Dans les étapes scolaires, nous avions une session de piscine...

...vous imaginez le bonheur que nous avions, les 7 testostéronés garçons, "pris" avec 28 filles de 15-16 ans, en maillot de bain, certains blancs et une fois mouillés...transparents...Les garçons restaient dans le creux afin de cacher les émotions de leurs maillots pendant les explications du professeur.

J'étais secrètement amoureux fou d'Agnès P. Elle ne l'a jamais su. Ne le saura jamais.

Plus tard, dans le cours de Français, nous devions faire des exposés oraux. Agnès avait fait un exposé sur l'engagement militaire. C'est con, je lisais déjà comme une machine, j'aurais donc du au minimum croiser le mot "circonscrit", mais jamais je ne m'étais intéressé à l'armée ou à ses histoires. Agnès, dans son exposé, avait à plusieurs reprises, répété le mot "circonscrit". Chaque fois, ça m'avait beaucoup agacé. Jusqu'à ce moment, où je finisse par craquer et dire à voix haute comme on reprendrait avec impatience quelqu'un qui se trompe à répétition:
                                                       "CIRCONCI!".

Faisant du coup exploser la classe de rire.

Honte à moi, j'étais 100% ignorant. Crrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrraaaaaaassssssssssssssssssse. Effectivement je croyais alors, 40 watts dans une classe de 100 watts, qu'Agnès se trompait chaque fois qu'elle utilisait le terme circonscrit. Non seulement j'exposais une incompréhension presque totale de ce qu'elle nous racontait sur scène, mais en plus je trahissais que je croyais, comme un total idiot, que dans l'armée...il fallait être... circonci?

QUE C'EST BÊTE! J'ai honte juste à vous l'écrire!

Ma réaction aux rires de la classe en a été une de surprise et rapidement, mais assurément fort gauchement, pour les plus perspicaces (et je le rappelle, j'étais en compagnie de bolles) j'ai joué le jeu du gars qui avait voulu faire une blague et faire rire tout le monde.

Je suis certain que la moitié de ma classe ne m'a jamais cru et a découvert avec stupeur que j'étais plutôt gnochon sur le sujet. J'ai nié toute ignorance de ma part quand mes amis m'ont questionné sur la chose après ("T'es ben cave, Jones!") mais la vérité est que j'étais vraiment, mais vraiment nul ce jour-là et que je croyais la reprendre pour vrai.

En raison de ce seul incident, je n'ai jamais pensé avoir des chances avec Agnès P. que je trouvais délicieuse à tous les niveaux.

Ce jour-là était un jour de pure connerie.

C'est à ça que j'ai pensé la semaine dernière quand j'ai entendu l'ancienne ministre Libérale sous Jean Charest, maintenant décoration dans l'opposition*, Lise Thériault.

Elle s'est amené pour faire face aux micros des journalistes, dans ses gros sabots de scandale fraichement déterré.

Convaincue d'ébranler les colonnes du temple, elle a dit sur le ton de la jeune fille outrée dans la cour de récré:
"Madame Pauline Marois a utilisé les fonds publics afin de financer le projet de documentaire d'Yves Desgagnés..."

Petite note pour Lise Thériault: arrête de dire des conneries.
TOUS les films au Québec, en tout cas au moins 99% de ceux qui se rendent en salle et surtout tout ce qui se rend à la télé, sont en partie financé par le gouvernement du Québec.

Dans le pétard mouillé, c'était du massif.

*Bon c'est injuste, elle est Leader parlementaire adjointe de l'opposition officielle depuis le 9 avril 2013.

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