vendredi 17 décembre 2010

Pendant ce temps ici-bas...

C'était un jour de la semaine, je ne me rapelle plus lequel, un jeudi? le temps s'est arrêté.

L'amoureuse était dans la pote d'entrée, revenait du boulot tard, (oui ce ne pouvait être qu'un jeudi) le téléphone sonnait au même exact moment. Je lui lançais à la blague que ce devait être son père qui appelait de la Floride pour se plaindre du fait qu'on ne lui ai pas encore souhaité bonne fête.

Qu'es-ce que je pouvais me tromper.

Ma soeur, d'une voix que je ne lui connaissais pas, me demandait, paniquée, d'accepter les frais d'interurbain. C'est le regard de l'amoureuse, posé sur mes yeux pleins d'eau qui m'a fait un peu comprendre ce qui se passait.

Aujourd'hui, l'an dernier vers 18h00, mon infaillible père tombait raide mort en quittant le dernier la glace dans un match de hockey entre amis. Il avait 62 ans. Mort les patins aux pieds, habillé en joueur de hockey.

Le reste est nébuleux. J'arrivai 273 kilomètres trop loin, trop vite, mon père mort ne ressemblait en rien à mon père, on s'est resséré les 4 qui restaient. Il y avait énormément de monde pour nous épauler, le salon funéraire a débordé. Des proches ont eu des tickets pour s'être stationné dans la rue. Nous nous mouvions, ma mère, mes deux soeurs et moi dans tout ça sans trop savoir si nous étions vivants nous-même.
"Vous aurez besoin de courage" nous disait certains.
Peut-être. Le courage ne s'apprend pas. C'est une réaction de survie. On a tous plus ou moins repris conscience sur la tard.

Tu t'es manifesté de bien drôles de manières.

En croisière, la croisière que tu devais faire avec ton amoureuse, celle où je t'ai remplacé, Mom et moi, qui assistions à un concours de karaoké...C'étais toi?
Devant nous ce téléviseur sur lequel défilait des paroles mais sans musique. Comme si quelqu'un chantait une chanson qu'on n'entendait pas et au moment où on se démande très sérieusement c'était quoi cette chanson dont les paroles défilaient toutes seules sans musique, ces paroles qui allait nous montrer le refrain, celui de la chanson qui symbolisait votre amour, la chanson qu'on avait fait jouer à ton éloge funéraire...C'étais toi?

Ta plus jeune s'en tire pas si mal, ses amours aterrissent, sa carrière aussi.
Ta deuxième, ton clone, aurait eu besoin de toi très souvent, repasses la voir avec sagesse si tu peux.
Ton amoureuse, notre mère chérie, a été fort admirable. En Octobre, on la senti renaître tranquillement. La Tunisie, celle qui aurait dû être la vôtre, l'a fait renaitre. Avec des membres de ta famille. Elle est forte, elle a ses moments de grandes peines souvent rattrappés par la joie que ton souvenir évoque.

Tu a été plus qu'un souvenir l'an dernier. Tu étais là, tout près, quand j'ai laissé Monkee à l'école de hockey que tu lui avais offert. J'en étais troublé.

Monkee va plus que bien. Tout lui réussit. C'est une superstar de son club de hockey, il a été accepté dans un collège difficile d'accès pour le passage au secondaire, il pète des scores à l'école, de la perfection même souvent, il a été élu la "perle" du mois à son école, les filles rôdent autour...tout lui sourit.
Punkee aussi va bien. Elle aurait voulu te montrer ses progrès en vélo. Elle aussi a été choisie "perle" du mois, inspirée par le grand frère. Elle danse tous les vendredis. Tu sais que j'ai souvent craqué pour les ballerines, tu craquerais pour Punkee.

L'amoureuse travaille à l'arrachée. Si fort et si bien qu'elle s'est méritée une croisière en janvier. Oui, oui une autre croisière dont je vais bénéficier des avantages par la bande en moins de 12 mois...Viendra tu nous voir?

Moi?
bah tu sais moi...toujours à chercher l'équilibre avec une intensité tantôt bonne, tantôt mauvaise, souvent les deux.

Toujours à regarder mon ombre voir si je m'y reconnais encore.
J'y arriverai, Dad
Je sais pas encore comment mais j'y arriverai.
Où?
J'sais pas.
Mais j'y arriverai.

Le temps s'est trop arrêté.
Il repart bientôt.
Ne t'en fais plus pour nous.
Reposes en paix.
XX

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