samedi 28 août 2010

Vapeurs de Zizanie


10h00 AM
Je circule dans les allées d'un grand centre commercial afin d'y acheter un cadeau d'enfant pour une fête d'amis pour ma fille.

Les hauts-parleurs crachent leur musique de 7 à 77 ans. À ma gauche marche presqu'au même rythme une jeune femme cellulaire broché à l'oreille. Elle est agitée.

"Tu ne comprends pas ce que je vis! Tu peux pas comparer ta vie à la mienne, ça n'a rien à voir!"

Je devine que là, l'interlocuteur/trice débat son point de vue à l'autre bout de la ligne.

"MAIS QU'ES-CE QUE TU VEUX QUE JE DISES CHU FAITES DE MÊME!" crie-t-elle tout à coup. Même Elton John dans le plafond a semblé faire des fausses notes.

Je m'éloigne, je ne suis pas du tout dans cet état d'esprit.

10h46
En achetant deux coffrets de dvd de Passe-Partout j'ai triché et j'ai aussi acheté un livre sur Tom Waits ce qui m'a donné gratuitement un livre sur Led Zeppelin (promotion 4 pour le prix de 3 en cours). À mes côtés pendant que je lisais la jaquette d'un livre sur Churchill, un homme et une femme, la quarantaine avancée.
Elle:
"C'est jamais la bonne affaire avec toi, pis tu fais jamais rien pour moi..."
Lui:
"PFF! t'es malhonnête fille, tu sais que ce qui s'est passé hier n'a rien à voir avec ce que tu penses, pis m'accuse pas de ne jamais rien faire pour toé j'ai quitté ma Beauce chérie pour venir habiter avec toé bébé, lâche moé les baskets, ostie."

Trop de tension, Churchill attendra un traité de paix pour finir dans mon baluchon, j'ai quitté les lieux.

12h13
Je dévorais davantage mon livre sur Tom Waits que mon sandwich, toujours dans le centre commercial quand un homme sur la table voisine, seul au téléphone, a occupé l'espace sonore.

"C'est 40 000$ que ça nous prend! 40 000 Julie! On peut pas baisser notre prix!...EILLE c'est pas moi qui a voulu me séparer!" a-t-il conclu avant de raccrocher, de découvrir un auditoire innatendu dans le petit resto où nous étions et de partir en trombe en laissant quelques sous pour la serveuse.

12h56
Dans la voiture j'écoutais pour une rare fois (et par erreur) la radio. Inexplicablement tendu, j'ai choisi de brancher mon Ipod.

13h27
En récupérant le vélo de la belle que je faisais réparer, derrière le comptoir les deux employés de la shop.

Le premier, affairé sur un vélo:
"Christ si tu voulais que je te remplace fallait me le demander pas attendre que je le devine!"

L'autre qui récupérait le vélo de ma douce:
"Cybole Martin! t'as faite toutes les samedis depuis un an! Tu trouves pas que c'est normal que je pense que tu rentres ce samedi-là?"

"PAS QUAND C'EST TOI QUI EST À l'HORAIRE!"

"Là Nicolas est en christ après moi pis je peux même pas compter sur toi pour me backer?"

"Débrouille man, j'embraque pas dans tes combines..."

Ils se jappaient après comme ça, le premier gossant sur une bécanne et l'autre avec celui de ma belle, arrêté à mi-chemin derrière le comptoir. J'étais témoin de moment d'intimité entre deux employés qui n'étaient pas de mes affaires. J'ai voulu coupé court aux hostilités.

"Je...je peux tu avoir mon vélo?"

"T'es tu Twinling Fingling?" m'a répondu le tendu tarla.

"no...non...je suis son chum pourquoi?"

"Parce que la politique ici c'est dedonner le vélo à celui ou celle qui est venu le porter, si je m'écoutais je vous le donnerais pas pantoute monsieur Fingling!"

"Jones...c'est monsieur Jones mon nom..."

Il se mit à chanter comme un ahuri:
"Mon nom, mon nom, D-Natural est mon nom..."

Il m'a ensuite fait le regard de Charles Manson devant Sharon Tate, j'ai payé et déguerpi pendant que j'en avais encore le temps.

14h00
En voiture, attendant à la lumière rouge sur ma droite est arrivée beaucoup trop vite une autre voiture concuite par une jeune fille complètement paniquée au téléphone, elle hurlait son désaroi avec une rage que j'avais rarement vu. Malgré la musique dans ma voiture, malgré les fenêtres fermées de son côté comme du mien, je l'entendais hurler quand même. À ses côtés une autre jeune fille de son âge qui semblait inquiète.
Derrière est soudainement arrivé une voiture en trombe qui a tout juste freiné à quelques pouces de sa voiture en faisant crier ses pneus. Au volant, un jeune homme excessivement aggressif qui criait lui aussi sa rage au téléphone. Il pointait du doigt avec autorité et de toute évidence les occupants des deux voitures se connaissaient. À ses côtés, un autre jeune homme, inquiet lui aussi. Attentif du moins à ce qui se criait d'un véhicule à l'autre au travers d'un téléphone.

J'étais moi aussi très (trop?) attentif de ma voiture. Que faire? Allais-je assister à un épisode de rage au volant? Cette jeune fille était-elle en danger? Quelle étais ma responsabilité citoyenne?

La lumière a changé et le deux voitures ont quitté à toute vitesse. Je me suis consolé en me disant que la présence de leurs amis dans chaque voiture devrait éviter tout dérapage...

14h14
Je suis rentré chez moi.

J'ai été voir la belle avant même de rentrer le vélo dans le garage.

"Je t'aime mon amour" lui ai-je dis avant de l'embrasser avec passion.

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