samedi 13 mars 2021

Une Année d'Asphyxie


 Il y a un an, jour pour jour, nos vies basculaient tous. 

On ne le comprenait pas tous complètement. On ne savait que le lundi suivant, ce ne serait pas tout le monde qui entrerait au bureau ou irait à l'école. Ma fille de 17 ans, presque plus jamais. On ne comprenait pas tout de suite ce qui nous arrivait. Moi, le premier. Si vous me relisez, dans les premiers mots, je ne faisait que frustrer davantage. L'ascenseur de l'inquiétude collective devenait mon ascenseur de la frustration. Travaillant dans le matériel de recyclage, compost et déchet, mon horaire sur la route s'en trouverait décuplé. Je suis travailleur essentiel. Comme il y avait moins de gens sur les routes, les chauffeurs que nous étions pouvaient ainsi compléter beaucoup plus d'adresses qu'auparavant. Ce que nous avons fait. (nous avons fait fortune aussi).


Du 13 mars 2020 au 13 mars 2021, CHRIST qu'on a travaillé fort. Vraiment fort. Physiquement et mentalement. Après deux mois de ce que je considérais alors comme une panique collective, je frustrais de voir ma réalité absolument ne pas correspondre à celle qui sortait de la bouche du Premier Ministre. Quand j'entendais "le Québec est pause", encore aujourd'hui, c'était/c'est comme si on me piquait d'un poignard sur le bras. Personnellement, ma conjointe aussi, rien n'a ralenti avant janvier cette année. Sinon les commissions comme l'épicerie, la quincaillerie, les centre d'achats et ainsi de suite. Tout s'est empilé. Au point que j'ai urgé mon employeur de me changer de poste. Avec "succès" je travaille maintenant dans les bureaux. Très fort tout de même car la business ne fait que croître, mais ce n'est plus aussi physique. Et je suis maître de mon temps. 


On allait réaliser, chez nous, que notre fille n'aurait pas de bal de finissantes. Pas plus qu'elle ne mettrait le pied dans des classes de CEGEP. Que notre fille en études infirmières, et notre fils en études pour devenir paramédic, nous serions 4 "travailleurs essentiels". Les deux parents souffrant du métier qui nous étoufferaient davantage, et nos deux enfants souffrant davantage d'être tenus à l'écart de leurs ami(e)s ou de nouvelles fréquentations, et composant avec l'école à distance. 


Notre fille, aussi travailleuse dans une épicerie, donc vraiment essentielle aussi, a si peu ralenti que ça lui a probablement facilité la tâche à oublier les multiples deuils qu'elle a encaissé l'an dernier. Nous avions réussi le tour de force de lui dénicher une robe de bal formidable qui nous avait coûté moins de 100$. Heureusement. Mais leur soirée étoilée entre amies, a tout de même été nuageuse. 

Ce n'est qu'en fin décembre/début janvier dernier, que je goûterais finalement, personnellement, aux joies du "travail à domicile". Ce qui me donnerait l'impression de respirer un peu dans une année d'asphyxie.


On a aussi vu un voyage au Honduras nous être soustrait. Mon employeur me doit toujours 5 jours de congé, d'ailleurs. Et ma conjointe s'est méritée une croisière, qui ne se fera pas, et qui n'est pas encore compensée.

Certains ont évolué, d'autres ont régressé. 

Je me pense dans la première catégorie. Au début, ça me choquait de voir tout le monde s'inquiéter. Je ne suis pas de nature si inquiète. Mais ça mourrait pour vrai et fallait, suivre le mouvement de restrictions. Pas simplement pour nous, mais pour les autres. On a découvert une société nettement plus narcissique qu'on l'aurait cru. On a découvert que dans la grande guirlande de la vie, il y avait beaucoup d'ampoules brulées irrécupérables. 


François Legault n'est pas le premier ministre de tout le monde. Un premier ministre/président ne l'est jamais. Encore la semaine dernière, quand il ouvrait un xème point de presse avec la phrase "maintenant que nos enfants retournent  enfin à l'école...", ça a eu l'effet d'un grand rire spontané chez nous. "Mais de quoi parle-t-il?". Nos 2 Cégepiens sont toujours interdits de CEGEP en présentiel, même si dans des études jugée "essentielles". Même si il ne parle pas au nom de tous et de toutes, il faut vraiment suivre leurs infantiles consignes si un jour on veut vraiment mettre tout ça derrière soi. Et en rire. 


Je reste à la fois fasciné et troublé de voir ce nombre de gens convaincus de voguer dans la bonne direction du sans-masque, des théories du complot et du "vol" des élections aux États-Unis. 

J'y vois parfois une large exposition de la maladie mentale. Et de la plongée profonde démentielle.

Ça peux faire peur. 

Le futur proche ne doit pas être futur poche. 

Et doit ne jamais plus faire peur. 

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