mercredi 10 mars 2021

Quand J'en Aurai Le Temps


 Voilà une phrase que j'entends souvent autour de moi. Une phrase précieuse quand on s'y arrête. Rien n'est plus précieux en ce moment que le temps. Le temps que l'on choisit de prendre, le temps qui nous reste, le temps passé, le temps présent. Le temps dont on se prive et qu'on ne devrait pas. 

Mais dans la bouche de Stew Peed, un collègue de travail, cette phrase est sujette à de nombreux rictus qui tentent de ne pas naître. 


Stew Peed a son bureau tout juste derrière le mien. J'ai, en fait, en plus d'une partie de ses anciennes tâches, son ancien cubicule. Il n'est pas peu fier d'avoir un immense bureau avec baie vitrée et porte qui se ferme. Il peut mieux tricher à l'abri des regards. Car c'est un tricheur. Tout le monde le sait. Il ne cesse de tenter de nous faire croire qu'il est extrêmement occupé et, moi qui le suis, je ne cesse de le voir accueillir des gens dans son bureau, se complaire dans son poste, assez ordinaire de réviseur de travail accompli qui renverra les tâches faites (ou non) aux villes et répondra au service à la clientèle. Pas de quoi se pêter les bretelles. 


Stew Peed alimente sa fierté personnelle avec Vincent Circonflexe qui lui, se pense un peu patron. Au moins #2 de l'entreprise. Ce qu'il n'est tellement pas. Circonflexe, c'est le seul qui a son bureau dans l'entrepôt, ce qui n'est pas anormal, il en est responsable. Mais il commence CHACUNE  de ses journées, café en main et petite mallette de vieux fonctionnaire des jeunes années 80, par une conversation dans le cadre de porte de Stew Peed. Même si les deux n'ont rien à se dire. On jase à bâton rompus. On prend ses aises. On marine dans la complaisance. Quand Circonflexe a fini de faire le big shot dans le bureau de Stew Peed, après une longue demie-heure en général, il passe par le bureau de Garfield Tucker pour aussi jaser de tout et de rien. Alors qu'on travaille généralement depuis une bonne heure parfois deux. (Peed, travaillant moins et toujours volontaire à cesser de travailler de toute manière) Garfield, je l'ai remarqué hier, mets fin à l'inutile conversation, auquel se joint parfois Stew Peed pour parfois continuer à jaser à deux, Peed et Circonflexe, sans avoir besoin d'inclure Tucker, mais en le dérangeant grandement, pour cesser l'envahissement donc, Tucker se rend, pour vrai ou pas, à la salle de bain pour forcer les gens à sortir de son bureau. 


Quand notre grand patron va s'entretenir avec Garfield Tucker, Stew Peed et Circonflexe sont si lèche-culs qu'ils iront aussi dans le bureau de Tucker, même si ils n'y ont rien à y voir. Mon bureau, assez dans le coin, est une vitrine parfaite pour les voir faire les putes. Je suis si occupé, entre 6h00 et 16h00, sans pause, sinon deux séjours à la salle de bain, que j'ai envie de me marrer chaque fois que j'entends les deux dirent à voix haute "Quand j'aurai le temps..." ILS EN ONT EN SACRAMENT DU TEMPS! 

Ils pelletent des nuages de complaisance all fucking day! Et c'est pas l'élite de la compagnie...


Du temps au travail, Tucker n'en a pas, moi non plus, pas plus que Jean-Mank DlaConfienss, un nouvel employé avec lequel je travaille assez étroitement. Pour lui apprendre la bizness mais aussi par la nature de nos jobs. J'importe dans nos systèmes les requêtes de villes qui seront les routes qu'il travaillera ensuite pour nos chauffeurs. Tucker, DlaConfienss et moi, on arrête jamais. Mais Circonflexe et Peed, qu'est-ce qu'ils se la coulent douce! Contrairement à ce ça laisse paraître, je n'en suis pas du tout jaloux. Mais il est dur d'avaler la plupart de leurs propos par rapport à la prétendue "surcharge de travail" dont ils se disent parfois victime. Circonflexe, c'est parfois vrai, mais ça arrive par bourrées. Et il triche pas mal mieux, je le vois faire. Ancien chauffeur, il "se perd" en route bien souvent, ou s'improvise des tours de voiture comme un prospecteur de terrain sans qu'on lui demande. (quand je vous dis qu'il se prend pour un boss...). J'ai dû faire un habile travail d'esquive autour de tout ce qu'ils voulaient pelleter dans ma cour.  La mienne est pleine. Pleinement pleine. Mon "temps" je le trouve chez nous. Mais encore, je me charge des repas, je traduis, j'écris, je lis, j'écoute les Canadiens de Montréal me déçevoir, puis me ravir. (C'est une relation bipolaire).


Cette semaine, notre grand grand patron, propriétaire de la compagnie privée, de Québec, qui nous paient (trop peu), était de passage. Oulàlà...la putasserie...c'en était gênant. C'est tout juste si ils n'allaient pas lui laver les gosses après le passage aux toilettes. 

Et comme on a engagé une très compétente jeune femme, voisine de mon bureau, pour décharger Stew Peed, parce que ce qu'il triche de manière si mauvaise, et prend tout de même du retard, il en est son imbuvable formateur, et je ne l'ai jamais vu autant se pogner le cul. Il baigne dans une fierté étouffante, montrant ce qu'il sait à madame comme si c'était un don incroyable. 


Bouh! il pue. 

Il pue la triche. 

Et moi les tricheurs...

Je vais leur tendre des pièges à tricheurs.

Quand j'en aurais le temps.

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