vendredi 11 septembre 2020

L'État Dans Lequel Je Suis


"Color my life with the chaos of trouble" - S.M., S.D, I.C., C.G, R.C., S.J., S.M., M.C.          

J'ai des amis qui étaient (sont) des grands fans de la formation écossaise Belle & Sebastian.

J'avoue que je ne les connaissais pas tant. Deux trois chansons, mais que j'aimais vraiment beaucoup beaucoup beaucoup. Ce qui rendait encore plus injustifiable que je ne les explore pas davantage entre mars 1996 et septembre l'an dernier. Soit la durée de leur production musicale jusqu'à maintenant. 


Je ne sais pas trop ce qui m'a fait tomber dans un cycle Belle & Sebastian depuis deux semaines, mais j'ai beaucoup investi leur univers. Les pochettes, qui m'ont toujours séduites. Leur approche, que j'ai trouvé tout à fait charmante aussi. Un band de musique né tout simplement d'un examen final en Beaux-Arts, en Écosse qu'on a trouvé trop bon alors on leur a produit un premier disque. Stuart Murdoch, le coeur du band, dira que le band est né d'un projet capitaliste botché. J'aime.


Ils n'ont jamais souhaité jouer la game du star system. Ne placent jamais les membres du band (ou presque) sur les pochettes. Pas intéressé par l'alcool du tout, ni par les drogues, plates penserez vous, peut-être l'ai-je aussi inconsciemment pensé, mais non, groupe franchement intéressant prenant des directions musicales osées, et me plaçant dans un formidable état toute les fois.

J'ai écouté quelques albums que je ne connaissais pas d'eux (Je n'en connaissais que 2) et je vous avoue qu'un peu tous les jours, je réécoutais un nouvel album que je n'avais pas exploré encore. Je me suis fait une liste de lecture de 30 morceaux tirés des albums Tigermilk jusqu'à The Life Pursuit, leur donnant 10 ans de potentielle créativité, et j'ai aussi ajouté un morceau tiré d'un album mystère "Books?" (un EP) qui reste un morceau dont la construction musicale me plaît énormément. 

Ça me place dans un état excessivement zen. Posh isolation.

Travailler en confinement

Au travail, on m'a enfin confié un poste de bureau. J'aurai enfin ma chance moi aussi d'être forcé au confinement. Je ne me suis jamais douté qu'il fallait être ministre ou personnage politique qui parle au téléphone ou texte à quelqu'un qui a côtoyé une personne atteinte de la Covid pour être forcé d'être chez soi. Et de "travailler" de chez soi. Du lundi au jeudi, je suis presqu'inexistant pour moi-même. Ou pour quiconque, sinon mon employeur qui presse le citron. Me gardant parfois sur la route pendant plus de 10 heures à forcer comme un rameur chez les vikings, et m'exploitant les jours suivants devant un fichier excel parce qu'on me trouve toute sorte de talents harmonieux. C'est ma réalité des deux dernières semaines. Que j'ai couvertes de la trame sonore de ma liste de lecture de Belle And Sebastian.


D'Isobel Campbell. De God Help The Girl. De Looper. Camera Obscura. De la beauté rayonnante d'Alexandra Klobouk.

Ma fatigue est lourde du lundi au jeudi. Mon sommeil, famélique. Ma paye épaisse, mais ma santé physique et mentale se dirigeant vers la dégénération. L'art me sauve encore la vie.  

Comme il l'a fait pour Stuart Murdoch ou Ciara MacLaverty (la fille sur la jolie pochette de If You're Feeling Sinister). Les deux ont été victimes, le sont peut-être encore un peu (on en guérit complètement?) du syndrome de la fatigue chronique. Ça m'a fait complètement comprendre un de mes morceaux préférés du band. Morceau qui me donne toujours envie de pleurer de bonheur.


L'art a guéri Murdoch et MacLaverty (qui est poète et collaboratrice du band à ses débuts, mais surtout amie de tout le monde autour). Ciara est la fille au ballon sur la photo.

"Ì was suprised. I was happy a day in 1975. I was a puzzled by a dream. It stayed with me all day in 1995. My brother had confessed he was gay. It took the heat off me for a while. He stood up with a sailor friend. Made it known upon my sister's wedding day."

Murdoch confesse du très intime dès la première ligne du premier morceau du premier album. Une question me turlupine dans ce qu'il confesse. Le "my". Cette soeur n'était pas aussi celle de son frère? Plus de nos jour me direz vous. Peu importe. L'art lui a très certainement été thérapeutique.   


Dans tout ce que je suis, dans la fabrique de mon être, quand je m'éteins, je suis constamment rallumé par l'art. Musical, cinématographique, littéraire, photographique. L'art.

Quand j'ai dit à mes amis, qui m'avaient fait découvrir le band écossais que c'était de leur faute si je pataugeais là-dedans depuis 2 semaines, ils m'ont répondu qu'il était temps que je m'y mette. 


Comme si j'avais raté mes années 90, je me suis aussi téléchargé Odelay de Beck. Mais bon, ce sera pour une autre chronique. Celle où le martien entre dans la machine à remonter le temps. Celle où le docteur entre dans le Tardis.  

J'ai aussi pris L'Eclisse de Michelangelo Antonioni à la Vievliothèque. J'ai les deux autres films de sa trilogie de l'incommunicabilité, L'Avventura et La Notte, dans ma collection de DVD. 


La perspective de revisiter ces trois films entre vendredi matin et dimanche soir m'excite comme une lesbienne non déclarée dans un souper de filles. 

Même si je n'ai pas de problème de communication. Sinon avec moi-même. 

La liberté est un reflet de l'avenir et une capacité à gérer le temps. 

Don't look back, like Dylan in a movie.

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