samedi 7 mars 2020

Loupe et Louper

C'est une urgence mondiale qui a tué des milliers de gens et qui menace encore de le faire. Ses effets croissent et ça déstabilise l'économie et étouffe les pays les plus pauvres qui sont sans ressources ni infrastructures.

Non, ce n'est pas le coronavirus appelé Covid19.
C'est la crise climatique.

Les gouvernements ne se réunissent pas sans cesse et ne mettent pas de comité ni de plans sur la table. On ne reçoit aucune recommandation sur nos téléphones ni dans nos courriels pour agir intelligemment et maintenant. Le spectre dramatique reste fade et vague. On ne se mobilise pas de la Corée du Sud à l'Italie, en passant par le Moyen-Orient en faisant le détour en Amérique du Nord et au Mexique.

Plus de 3000 personnes ont mortes du Covid19. Selon la World Health Organization, la pollution envoie à leurs tombes trop tôt à elle seule 7 millions de personnes sur terre par année. Ça aussi ça reste trop vague.                           
Il n'y a pas de réunion Cobra pour la crise du climat.  Pas de discours sombres de la part des ministres et premiers ministres sur les mesures à prendre et sur l'urgence de la situation.  Pas de discours pour rassurer. Avec le temps, on viendra à bout d'un coronavirus. D'une pandémie. Avec les changements climatiques, nous sommes déjà en retard dans le temps. C'est la montagne de Sisyphe. On tente de limiter les dégâts.

Enfin, certains d'entre nous.

Pendant que le coronavirus mondial est présenté comme une urgence et un danger imminent, la crise sur le climat est toujours présentée comme un problème qui surviendrait dans une décennie ou deux.

Il est beaucoup plus abstrait et difficile de remarquer les effets du déclin climatique qu'il l'est quand quelqu'un tombe soudainement malade et en meurt. Les feux d'Australie sont pourtant spectaculairement assassins. En Arctique, on vit une catastrophe plus ou moins passée sous silence. Nos loupes sont ailleurs.

En raison des vagues de chaleur, des tornades et des feux, plus de 1600 personnes ont péri en Europe, au Japon et aux États-Unis l'an dernier. Le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe ont encaissé le cyclone Idai. Les ouragans Florence et Micheal ont coûté plus de 24 milliards aux États-Unis. Le Royaume-Uni est aux prises avec des inondations dévastatrices. L'Antarctique fond 6 fois plus vite qu'il y a 40 ans. La glace du Groenland, 4 fois plus vite qu'anticipé. Selon les Nations Unies, nous n'aurions plus que 10 ans pour gagner 1,5 degrés de moyenne dans nos températures météo.

Lors de la crise de l'Ebola, un remède était connu dans le monde pour le contrôler. Toutefois, le virus a d'abord sévi sur le continent le plus ignorant sur terre, l'Afrique. Ça a pris des cas chez les blancs et en Amérique pour qu'on réagisse promptement. Et 10 ans de morts entre les deux moments. L'ignorance tue aussi beaucoup.  Et continue de le faire avec tous les fiers climatosceptiques.

On ne pouvait prévoir le Covid19. On parle des changements climatiques depuis plus de 50 ans. Et même si on est préparés et informés, on manque de fonds, de moyens, et la menace ne semble pas mortelle pour personne dans l'immédiat.

L'urgence déployée autour du Covid19 devrait inspirer la volonté mondiale de se serrer les coudes, de vouloir améliorer l'air du futur, de sauver notre planète.

Ne serais-ce que pour ne pas louper notre passage dessus.
Et d'y laisser une bien meilleure trace. 


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