dimanche 24 novembre 2019

Les Étincellants & Les Ennuyants

Je suis pas monarchiste du tout. Mais leurs histoires peuvent être fascinantes.

La série The Crown sur Netflix, sur des gens qui ne m'intéressaient en rien, a réussi à grandement m'épater. Intelligemment dirigé, écrit,  joué, pensé.

Vraiment brillant.
Humain.

Dans la troisième saison que je viens de consommer, il est porté à notre attention que chaque époque a eu son leader involontaire et légèrement drabe, et son proche plus éclatant, sans la bride de la responsabilité royale.

L'ennuyé(e) et l'éclaté(e).

Dans les 182 dernières années de règnes monarchiques en Angleterre, il y a toujours eu cette dynamique répétée de celui ou celle qui allait être la couleur vive, et celui ou celle qui serait la couleur pâle. Le/la tenue par les brides, le/la libre.

Une sorte de schéma répété de chimies entre personnalités opposées qui ont trouvé au final un certain équilibre.

Victoria/Edward VII (1837-1910)
Quand les trois grands frères de Victoria meurent trop jeunes, c'est la jeune Vic, 18 ans, qui devient la reine d'Angleterre. Elle aura le règne le plus long, soit 63 ans et 7 mois. Elle sera Reine d'Angleterre et d'Irlande, Impératrice de l'Inde, dans une ère de formidable développement industriel, culturel, politique, scientifique et militaire pour le Royaume-Uni. Elle est devenue une icône nationale guidée par des standards de moralité personnels stricts et austères. Veuve à partir de 1861, elle choisit de vivre en réclusion jusqu'à la fin de ses jours, le mystère sur sa vie ajoutant au mythe et à la légende. Quand elle décède en 1901, ce sera son playboy de fis aîné, Edward VII qui prendra sa place sur le trône.
Comme maman trône si longtemps, fiston a le temps de vivre un fameux 60 ans dans l'oisiveté, la paresse, le luxe et l'absolue liberté royale. Il n'a pas attendu 6 décennies pour savourer ses privilèges, il a goulûment croqué dans la pomme en tout temps en investissant sur les bonnes tables, le jeu et les Femmes. Avant même ses 20 ans, ses conquêtes féminines étaient nombreuses et sa réputation était connue. Mais l'Angleterre a adoré son "dirty Bertie", parcourant l'Europe et le monde afin d'aller gagner des tournois de cartes, courir les Femmes ou encore joindre les partys les plus fous sur terre. Il ne sera roi que 9 ans. Décédant à 68 ans.

George V/Edward VIII (1910-1936)
George était troisième dans la lignée de succession, derrière son grand frère et leur père Edward VII. Une pneumonie emporte son grand frère à l'âge de 28 ans ce qui place George roi dès 1910. À 46 ans, il est couronné roi. Son règne verra les grands courants de pensée politiques naître: socialisme, communisme, fascisme, l'Irlande Républicaine et le mouvement d'indépendance de l'Inde. Il sera roi pendant la Première Guerre Mondiale. Grand fumeur, il décède du poumon à 70 ans.
Edward est fait prince de Galles pour ses 16 ans, 9 semaines après que son père eût été fait roi. Il sera soldat pendant le Première Guerre Mondiale. Beau garçon, il multiplie les conquêtes féminines, ce qui inquiète la royauté. Devenant roi quand son père décède, il montre vite de l'impatience face au protocole et respecte très peu les conventions. L'oiseau sauvage se sent en cage. Quelques mois assermenté seulement, il propose en mariage une double divorcée des États-Unis, Wallis Simpson. C'est inacceptable aux yeux de l'Église, de la royauté et du gouvernement, qui marchent main dans la main de toute manière. Il choisit bravement l'amour, abdique, avec un des plus courts règnes royal d'un roi d'Angleterre, 326 jours. Il se refait une carrière militaire mais quand accusé de sympathies nazies, il est "caché" au Bahamas par la famille royale. Il sera amoureux de Miss Simpson (et vice-versa) jusqu'à sa mort.

 George VI/Edward VIII (1936-1952)
George VI ne devait pas être roi. Mais quand son frère choisit l'amour, il est celui qui hérite du trône. Son règne doit composer avec la montée Nazie et la Seconde Guerre Mondiale. Il ne sortira pas glorifié de la Seconde Grande Guerre, les succès des alliés faisant mal paraître l'Angleterre plus ou moins habile dans cette guerre. L'Irlande a pris du gallon loin des Britanniques. L'indépendance de l'Inde et celle du Pakistan donnent aussi l'impression que tout échappe à l'Angleterre.Le stress de la guerre, secondé de sa compulsion pour la cigarette le diminuent grandement, il meurt du cancer du poumon à 56 ans. Laissant dans le deuil ses deux filles Élisabeth, 26 ans, et Margaret 22. Elisabeth lui succèdera, jusqu'à nos jours.

Lilibeth/Margaret (1952-2002)
La série The Crown nous montre fabuleusement bien les différences majeures entre celle qui ne voulait pas être reine, qui ne sera jamais plus heureuse qu'autour de chevaux, qui doit composer avec une ignorance imposée par sa propre famille, et qui devient touchante de vulnérabilité tellement elle est désarmée face à à peu près tout; et celle qui dès son enfance lui propose d'aller voir les autorités royales afin de leur demander si on ne pouvait pas inverser l'ordre de la royauté en plaçant sa grande soeur, qui ne veut pas être reine, seconde, et celle qui a toujours voulu l'être, Margaret elle-même, celle qui était née pour l'être, première dans l'ordre de succession. Ça ne fonctionnera bien entendu pas, mais donne un épisode de la saison III extraordinaire.
Margaret voudra épouser un écuyer, ce qu'on lui refusera. Même si celui-ci divorce sa femme pour elle. Mariée au photographe Antony Armstrong-Jones, ils auront ensemble deux enfants, mais elle le divorce en 1978. Ce qui cause aussi, de la publicité négative à la famille royale. Elle sera la party girl de l'élite, faisant des concours de limericks vulgaires avec Lyndon B.Johnson. Elle sera associée amoureusement au parrain de sa fille, et aussi au neveu de l'ancien Premier Ministre Alec Douglas-Home. Ce qu'elle nie, mais celui-ci se suicide 18 mois après qu'elle eût nié.  Elle sera aussi associée à Mick Jagger, Peter Sellers, le joueur de criquet Keith Miller, l'animateur Leslie Hutchinson, David Niven, John Bindon et Warren Beatty.

Son personnage dans la série The Crown, sa position, ses humeurs, sont les plus intéressantes dans cette maison conservatrice.

J'aurais pu ajouter William & Harry, mais bon...
Mon intérêt pour la monarchie s'étiole.

J'ai une vie plus éclatée à vivre.

Étincelante.


Aucun commentaire: