lundi 4 août 2014

Garder Émilie

J'ai des amis qui quittaient pour un weekend d'amoureux et qui nous avaient demandé de garder leur jeune enfant de 5 ans, Émilie.

Nous avons bien entendu accepté.

Toutefois si nous avions prévu le manque d'intérêt pour Monkee, un grand garçon de 15 ans plus intéressé par son rendement à la FIFA sur Xbox et à converser avec des filles  qui lui manifestent de l'inmtérêt sur le iphone qu'à animer une enfant en plein été, nous n'avions pas vraiment prévu le manque d'implication de notre plus jeune, Punkee, une fille, donc une partenaire d'armes, une complice, une soeur, ne serais-ce que par le sexe. Non?

Non.

Émilie est une enfant unique, elle ne fait donc jamais face à de la résistance quand elle décide quelque chose. Elle ne négocie pas, elle dicte. Comme dans DICTature. Très vite, elle se trouvait à pleurer parce que ma fille ne faisait pas ce qu'elle exigeait d'elle. Si bien que Punkee s'est vite lassée de cet enfant pourrie.

Ce n'est que là que je me suis rappelé que j'étais incapable depuis trois ans d'imaginer sa mère autrement qu'en train de dire au père de sa fille: "Tu peux tu t'occuper d'Émilie?" même (surtout en fait) quand elle n'avait pas besoin d'être "occupée". Essoufflés, je voyais bien que les deux parents avaient besoin de congé, de temps à deux, mais je comprenais aussi qu'avec leur reine, ils engraissaient le monstre.

Émilie nous as même donné le cliché "HEYYYYYYYY REGARDEZ-MOI!" quand elle s'est donnée en spectacle sur un morceau de musique et qu'elle a jugé que nous n'étions pas suffisamment attentif.

Le charme s'est dilué comme si Lise Thibault était entré sur scène dans une conférence sur les gens en chaise roulante qui ont réussi dans la vie.

Mon fils a bien tenté de la faire rire quand elle a poussé une xème crise, mais en vain. Il n'a finalement réussi qu'en lui demandant de tirer sur son petit doigt, synchronisant au même moment un foireux pet malodorant.

J'ai bien suggéré de la laisser nager seule dans le creux sans flotteur, mais l'amoureuse a trouvé ça sans dessin.

Puis, j'ai trouvé que madame, lorsqu'on lui lisait une histoire, en faisant les voix et en se mettant dans la peau des personnages, était très attentive et très intéressée. Heureuse, je dirais même. J'ai donc enligné plusieurs livres dans l'après-midi jusqu'à ce que la fatigue ne la gagne, et me gagne aussi, croulant sur le divan, un long filet de bave menant jusqu'au sol. (wach! je sais)

"On va lui dire qu'elle n'était pas facile, hein?" ai-je suggéré à l'amoureuse au réveil.
"Ben non, ça ne se fait pas !" (bien des choses ne se font pas dans la forteresse d'orgueil de l'amoureuse) a-t-elle répondu.
Ce à quoi je réponds toujours invariablement, à la fois pour l'inquiéter mais surtout pour lui montrer que TOUT se fait "Just watch me", propos célèbres d'un grand trou de cul planétaire.

Mais je ne suis jamais ce trou de cul, je menace, je gronde, mais ne mords pas. J'ai tout de même plaidé:

"Mais il faut leur dire la vérité, ce sont des amis, on devrait être franc entre amis, être en mesure de tout se partager! si on leur fait croire que ce fût un charme, il rappliqueront avec d'autre gardiennage de la sorte et ça te tente vraiment de souffrir encore comme ça toi?"

"Non"

J'ai vu dans ses yeux que mon argumentaire la gagnait. Elle allait me donner raison. Son regard a réfléchi puis son verdict est tombé.

"Non, ça se fait pas!"

Platement tombé. Comme une fille qui vous promet une nuit olé, olé et qu'au lit, l'a vite oubliée.

Après avoir joué "à la cuisinière" et retrouvé ma virilité sur la Wii, j'ai mis les yeux dans ma bibli sur une adaptation de la nouvelle The Fall of the House of Usher d'Edgar Allan Poe pour les enfants appelée Ricky's Spooky House. Histoire pour jeunes enfants que j'ai lu quelques instants avant que les parents d'Émilie ne reviennent à la maison la reprendre à leur compte.

La Chute de la Maison Usher raconte l'histoire de jumeaux malades, un homme et une femme et d'un narrateur non identifié. Lorsque le jumeau lit un poème, il jure que la maison prend ensuite vie. La végétation se mêle à la maçonnerie. Le jumeau annonce ensuite que sa soeur jumelle est décédée et qu'il la gardera 15 jours au sous-sol avant de l'enterrer, mais elle est en vérité vivante, et il l'enterre ainsi. La fin est plus glauque encore avec la jumelle entrant dans une pièce dans son suaire tout en sang et mourrant dans les bras de son frère.

Zont adaptés ça pour les kids!
Et c'est assez réussi.
Tout en subtilités.
Comme ma lecture et mes interprétations de voix l'avaient été.

Émilie a semblé si impressionnée par ma lecture, l'atmosphère lugubre de l'ensemble, voire hantée, que ses yeux étaient ronds comme des 25 sous.

Mon plan allait fonctionner.

Ce fût confirmé quand la petite Émilie a serré ses parents si forts dans ses bras que c'en était une promesse de "plus jamais ici, maman..."

Quand je veux quelque chose...

Just watch me.

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