mardi 16 janvier 2024

Tempêtes

(À L10nne)

"...the future lives inside you, don't forget to fight, don't forget to fight..."

-J.B. 

De la neige qui tombe n'est pas toujours une tempête.

On a beaucoup parlé du 40 centimètres de neige qui allait tomber sur le Québec le week-end dernier. Comme on se le doit de le faire. Par prévention. Le mot "tempête" a souvent été utilisé. Mais selon la région où vous habitiez, ce n'était pas toujours une tempête, c'était de la neige qui tombait. C'est tout. Et selon vos perceptions du danger, vos niveaux d'inquiétudes, il y avait moyen de circuler et de rester prudent.

"Oui mais conduire de Montréal à Québec dans ces conditions, c'est justement pas prudent" était le moto de ma conjointe logée dans la suprême inquiétude. Notre fils devait s'y rendre samedi pour un samedi et même un dimanche, entre ami(e)s. Elle était ferme, elle ne voulait pas que notre 24 ans prenne le volant. Elle en était insupportable d'inquiétude.

La notion de l'inquiétude est différente chez chacun. Il ne fait aucun doute, avoir des enfants, c'est se choisir sans toujours le savoir, un passeport pour l'inquiétude à vie. On les aura toujours à l'esprit et souhaiterons toujours le mieux pour eux. Fiston est parti malgré les inquiétudes maternelles. Trop tard, selon elle, samedi. Aux inquiétudes des conditions météos s'ajoutait maintenant la conduite nocturne assurée sur plus de la moitié de la distance. 

Mais à 24 ans, et même avant, on comprend quand il faille s'adapter. En tout cas notre gars le comprend. Il s'est rendu, sain & sauf. Sa mère en a quand même maigri d'angoisse. L'a appelé pas moins de 6 fois.

Pour une vraie tempête, il faut du vent et de la visibilité nulle. Ça s'applique pour nos précipitations neigeuses parfois mais aussi au figuré, pour nos tempêtes intérieures.

Parfois le vent occasionne la visibilité nulle. 

Depuis le début de 2024, étrangement plusieurs tempêtes intérieures sont passées sous mes yeux. Une amie qui devait annoncer l'an dernier à ses pré-ados que papa allait vivre en prison quelques temps, apprenait la semaine dernière que ses mammographies imposaient des rendez-vous d'urgence. Elle s'était vivement trompé sur son homme. Une autre, qui a vécu la mort d'un bébé confessait pleurer sa vie les vendredis, avec son/sa psy. Son couple en a pas survécu non plus. L'amertume l'habite de partout. Une dernière disait ne pas cesser de pleurer car elle allait re-quitter, celui qu'elle avait repris dans sa vie. Et ses enfants disaient avoir honte d'elle. Dur début d'année. 

Au travail, on a vécu des situations de crises. Démissions (2) sur coups de tête, prolongement de congé de maladie (20 jours de plus) un jour où on avait calculé retour au travail, et conseils extrêmes pour trouver des solutions.

J'ai eu a dire "Non" là où 7 des 9 autres disaient "oui". Ce qui a jeté un grand froid dans la réunion, Mais je me suis expliqué en privé par la suite et on a compris ma résistance à l'abus qu'on exigeait de moi et d'un autre collègue. Qui était l'autre qui avait aussi dit "non" là où tout le monde disait "oui, chef". Semaine tumultueuse pour tout ceux évoqués jusqu'à maintenant, mais dans la "tempête" de samedi vous savez ce que j'ai fait ?

J'ai été à la bibliothèque que je rebaptise personnellement Vievliothèque, car elle me garde en vie par ses contenus, et à l'épicerie pour 3 articles, à pied. 5,83 kilomètres. 898 calories brûlées. 

Ce jour là, la/les tempêtes, j'y plongeais. J'avais l'impression d'y être au coeur toute la semaine de travail de toute manière. 

On aura UNE SEULE vie sur terre. (pas moi je suis martien/vampire chuuuuuuuuuut!).

S-a-v-o-u-r-o-n-s là. Malgré les indigestions. 

Une phrase lancée à l'amie qui vivait sa rupture et des conflits avec ses enfants m'est restée.

Ce qui nous marque, nous démarque. 

J'aime bien. Même si c'est souffrant. 

Et on ne réalise pas toujours les tempêtes intérieures que chacun vivent. 

Une tempête, ça se dompte. Ça s'affronte. Une fois l'inquiétude vaincue. 

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