samedi 20 janvier 2024

Saisons Dorées de Phil Collins

Je ne sais pas si vous avez récemment vu Phil Collins. Il fait un peu pitié à voir. 

Il ne se déplace désormais plus qu'en chaise roulante, à 72 ans. Non seulement il a développé un très handicapant abcès à un pied, mais il a été diagnostiqué diabétique de type 2, et une maladie de la colonne vertébrale le rend de plus en plus inerte. Et il est maigre à faire peur.  

En revenant de l'excellente comédie musicale des Cowboys Fringants, dans le métro de Montréal, on a croisé, arrivant du même spectacle, notre ancien voisin, un ancien gardien de buts des Remparts de Québec avec Guy Lafleur, qui a lui aussi 72 ans. Il joue au golf du jour 1 de la saison jusqu'au dernier jour des clubs de golf. Si j'atteins cette âge un jour, je veux avoir sa forme. 

Mais entre l'été 1984 et l'automne 1989, j'aurais voulu avoir la fortune de Phil Collins.

On dit à la blague que sur cette période, une chanson sur 4 à la radio, aurait été de lui où il en était impliqué.

Survol de cette ère de gloire pour le batteur/chanteur de Genesis.

1984

Été : Against All Odds. Je serais menteur de vous dire que j'ai connu cette chanson dès mes 12 ans, mais je serais menteur aussi de vous dire qu'elle ne m'a pas ému, tout en me rendant fleur bleue jusqu'à nos jours. Turn around and see me cry. J'ai dansé avec Nadine, Nancy, Caroline, Mirabelle et Elsa là dessus. Entre 1985 et 1987. principalement en 1985-1986. Mais lancée en 1984, pour la promotion du film du même titre, la chanson sera #1 au Canada. Reste encore une de ses plus belles selon moi.

Automne: Easy Lover. À cette époque, pour vendre sa musique, il est indispensable de faire un vidéo. L'ancien membre de Earth, Wind & Fire, Phillip Bailey, lançait son 3ème album solo. Phil Collins allait jouer sur les 9 premières chansons (de 10) de cet album. Le premier single serait un duo des deux. Une bonne chanson pop qui semblait emprunter l'intro de batterie de Take Me With You de Prince. Mais le video offert, tabarnak que ça brisait tout le mystique de la star rock ! C'était absolument touriste du monde musical. Regardez les amis, on va faire un video. Video imbuvable. Chanson #1 aux États-Unis et au Canada.

Hiver: Phil sera batteur de Band Aid pour Bob Geldof et Midge Ure et le chef d'oeuvre Do They Know It's Christmas ?

1985

Hiver: Sussudio. Ayant concocté un 3ème album solo, il signera son plus gros vendeur avec No Jacket Required. La chanson est lancée en janvier, l'album en février. Le mot est inventé de sa part, on avait le beat avant les paroles et on a gardé ce mot voulant dire absolument n'importe quoi. Trop cuivré, ce ne sera jamais un de mes morceaux préférés de Phil. D'ailleurs est-ce vraiment de Phil ? Il sera accusé (mais pas par sa principauté) de plagier 1999 de Prince. Phil est transparent et avouera qu'il a beaucoup écouté Prince en écrivant son dernier album. #1 aux États-Unis, #10 au Canada. On l'entend ad nauseam, c'est très 7 à 77 ans. 

Printemps: One More Night. Encore plus accessible, une ballade au piano rappelant le jazz de Chet Baker avec le minimalisme des heures de la nuit esseulé(e)s. Le video tourné en sepia dans le même bar que le clip tourné pour Sussudio, qui appartenait alors à Richard Branson, rend hommage à cette solitiude nocturne suggérée par la chanson. Soul, jazz et adulte. J'avais 13 ans, je n'aimais pas tant. Mais avec le temps, j'aime bien. #1 chez nous et aux États-Unis.


Été: Don't Lose That Number. Does humor belong to music? disait François Z. À nouveau, Phil joue au touriste du monde musical avec son video où il n'est pas certain du concept du clip dont il a envie et se fait faire des propositions. Dommage, Phil est de Genesis depuis 1970 et devrait inspirer le mythe, pas jouer au mononcle en vacances qui fait des blagues. Et on finit par oublier son remarquable travail à la batterie sur ce morceau. #4 aux États-Unis, #11 au Canada.  

Automne: Take Me Home. Probablement mon morceau préféré de Phil tiré de cet album, avec ses allusions à la santé mentale et l'apport des voix de Sting, Peter Gabriel et Helen Terry, chanteuse dans Culture Club. Phil chante du point de vue d'un patient d'institut psychiatrique. #7 aux États-Unis, #2 au Canada. Derrière Rock Me Amadeus. Vidéo "regardez, mononcle voyage"


   1986

Hiver: Seperate Lives. Stephen Bishop signe ce morceau pour le film White Nights. Sa chanson, interprétée par Phil Collins et Marilyn Martin, dont j'achèterai le 45 tours Night Moves que j'aime encore de nos jours, sera nommé dans la catégorie de la meilleure chanson originale pour un film aux Oscars. Elle perdra pour une chanson du même film, signée Lionel Richie. Jolie morceau en duo. #1 au Canada & aux États-Unis.

Printemps:  Invisible Touch. Avec tous ses #1 il ne fait aucun doute que l'artiste est payant. Ses amis Rutherford et Banks, de Genesis, font appel à lui afin de (re)travailler ensemble. Ce qu'ils n'avaient pas fait depuis 3 ans. Ça leur aura fait du bien, ils signent un 13ème album de Genesis qui sera multimilionnaire, #1 partout dans le monde, ce qui ne les empêche pas de faire un video de touriste encore. La chanson titre est lancée un mois avant l'album et sera aussi #1 au Canada et aux États-Unis.  

Été:  Throwing It All Away. Ballade romantique et aux cordages intéressant, elle sera quelque peu plus ensoleillée que ne l'était Take Me Home, mais fera moins bien avec un #1 aux États-Unis, mais seulement #22 chez nous, au Canada.

Automne In Too Deep. Un autre choix de sophisti-pop étonnant. Superbe ballade que Phil avait composé pour la trame sonore du film Mona Lisa pour lequel il avait été approché. Elle sera du film, tout comme dans le film American Psycho, en 2000 mais dont l'action se déroule autour de 1986-1987. #1 au États-Unis, #2 au Canada.

1987

Hiver:  Tonight Tonigh Tonight. Ma préférée de cet album. La version de l'album est plus longue et offre une partie du milieu (vers 3:20) que je trouve exceptionnellement bonne. Le ton glauque me plait beaucoup. Un accro a désesperemment besoin de son fix et de son dealer de drogue. Je fréquenterai ces univers à peu près au même moment. À 15 ans. Je ne serai pas le seul à aimer ce morceau, il sera #3 aux États-Unis mais seulement #19 au Canada. 

1988 

Printemps In the Air Tonight remix for Japan. Après une tournée avec Genesis, il fait l'acteur dans le rôle du personnage titre sur le tournage du film Buster inspirée de l'histoire vraie de Busty Edwards qui y fait aussi, un caméo.  (tout comme la femme de Collins, mère de Lily). Comme sa maison de disque en exige davantage de leur machine à profits, on relance, au Japon, une de ses meilleures chansons, datant de 1981. 

Été: Groovy Kind of Love. Si le film fait un malheur au Royaume-Uni et sera le troisième plus profitable au pays cette année-là, en Amérique, il fait patate. Pas même 600 000$ alors que là bas, ça crevait le 7 millions. Phil signe une partie de la trame sonore aussi, et reprend une chanson de 1965 de Diane & Annita. Une jolie ballade qui sera #1 au Canada comme aux États-Unis.

Automne: Two Hearts. Beaucoup moins intéressante, mais qui sera aussi #1 au Canada et aux États-Unis, est ensuite lancée ce second morceau tiré de la trame sonore de Buster. Le morceau, rappelant les belles années des Temptations, Four Tops et Smokey & The Miracles, époque où se situe le gros de l'action de Buster, gagne quand même un Golden Globe et un Grammy l'année suivante, prolongeant le succès de Collins.  

1989

Automne: Another Day In Paradise. Après avoir composé son album solo suivant, Phil propose un morceau traitant de l'ittinérance et de l'indifférence générale des gens face aux sans abris, Phil lance ce premier single qui sera son dernier #1 au États-Unis et au Canada. Au Québec aussi puisque cette année là, la chanson est votée par les animateurs de radio du FM 93 comme la chanson de l'année. Cet album sera aussi son dernier #1 dans les ventes.

Pas un énorme souci pour celui qui serait actuellement le second batteur le plus riche au monde derrière Ringo Starr.

Le 22 juin 2022, Phil Collins donnait, en chaise roulante, sa dernière performance sur scène avec entre autres, Mike Rutherford et Tony Banks, ses acolytes de toujours de Genesis. 

Cette année marque les 40 ans de cette période dorée professionnellement pour lui. 

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