vendredi 19 janvier 2024

Chiffres Assassins

J'encourage ouvertement le vol à l'étalage dans les épiceries 

Envoyez-moi en prison.

Si on ne met pas à l'amende ou en prison ceux qui mettent le beurre d'arachides à 12$, ça doit être moi le problème. C'est le message qu'on m'envoie. Je m'adaptes.

La vérité étant que ce monde, comme il se développe, n'est plus beaucoup pour moi. 

Je passes de traumatisme financier en traumatisme financier à tous les deux jours. D'outrages en outrages. De viols en viols. Depuis la pandémie, je ne crois pas NE PAS avoir été outré une seule fois lorsqu'allé au restaurant, à la reception de la facture. Aller au restaurant n'est jamais nécessaire, je le concède. Avant de connaître mon amoureuse (il y a 31 ans, j'en avais 20), j'avais mangé au restaurant moins de 5 fois dans ma vie avec mes parents. Et entre amis, le repas au resto était celui de Noël, dans un Thaïlandais, prélude accessoire à une beuverie qui nous faisait vomir le contenu récemment mangé, donc on a vite fait tomber le souper. "Aller manger au resto" c'est ma conjointe qui m'a appris le réflexe, mais encore de nos jours, j'ai le réflexe mou d'aller au resto. Voire presqu'inexistant. 20 ans sans penser, prévoir ou imaginer "allons manger au resto" ça enracine du non-réflexe. Avec l'amoureuse, depuis 31 ans, on est allé plus souvent. À 85% à son initiative, car mon instinct restaurant est à 9%. Et quand je parles de resto, je parles en famille ou à deux. Seul, j'ai plus-que-souvent mangé du snack ici et là. Jamais au Tim Horton. Pour un top ten de raisons. Mais je ne tiens pas à m'égarer davantage là-dessus. Les chiffres sont un sujet sur une glace très fine quand je patines. Je n'aime pas tant les chiffres. Et semble m'y interresser seulement quand ils me déplaisent. Comme maintenant. 

Maintenant, presque tous le temps. Sur mon chèque de paie, à la pompe à essence, aux caisses d'épiceries, au resto, au cinéma, je tombe des nues face aux chiffres. J'en ai le souffle coupé. Presque tout le temps. En faisant le plein dans la voiture de l'amoureuse, l'autre tantôt, une Audi Q5, j'ai senti les larmes me monter aux yeux en voyant la pompe monter à 110$. Mon propre plein m'en coûte 56$ et je trouve que c'est trop.  

Ma paie d'étudiant, l'essence que je m'apprête à siphonner la nuit, les épiceries que je voles en passant aux caisses libre service, au resto qui me bouleverse l'estomac même si je prends toujours le plat le moins cher et de l'eau, au cinéma où je passes d'une salle à l'autre si j'ai payé 16 $ pour une seule personne et un seul film, j'ai l'impression d'avoir 16 ans. D'être forcé de me comporter comme quand j'avais 16 ans. 

Je suis de la génération X. Celle sur laquelle on a mis un X. Rien ne nous as été promis nulle part et on nous voulait enfants, mais qu'on attendait pas du tout, adultes. Y a fallu se débrouiller. Se frayer des chemins.

Ma paie est si famélique à 51 ans, je préfère ne pas en parler. Le prix de l'essence est une escroquerie internationale. Les épiceries le sont devenues avec la pandémie et s'en vante dans leurs déclarations de profits (qu'ils sont toutefois obligés de déclarer, je crois). Le resto est un luxe, la solution pour en rayer les irritants est facile, le cinéma en salle est presque mort, dieu merci, avec les différentes manière de les visionner.

Je n'ai jamais mentalement enregistré la mort des clubs vidéos. La bibliothèque locale est devenue la source de 90% des films que je consomme. Un autre 5% est youtube, un autre 3% ceux que j'achètes. Je consommes donc majoritairement gratuit. Je pars donc de loin pour payer pour voir un film en salle. L'offre en salle est si pénible. Dans ma région il n'y a souvent que trois choix, un film de "super-héros"/d'action, un film pour enfants, ou une suite de films qui est toujours du marketing et pas tellement de la narration intéressante pour nous. À 51 et 53 ans, respectivement, le cinéma en salle ne nous parles pratiquement plus.

Il y a une semaine jour pour jour, nous avons choisi d'aller au cinéma. Notre fils de 24 ans reçevait des ami(e)s à souper chez nous, notre fille passait la soirée chez son amoureux, on avait une brèche pour faire une activité ailleurs à deux. L'amoureuse voulait resto/ciné.   

J'ai acheté les billets virtuellement pour le moins pire des choix ce soir-là qui était Ferrari. Pas fâcheux du tout comme film au final. Spectaculaire même. On eu l'impression d'être en Italie, deux heures. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'était pas un bio mais 1957 dans la vie du couple Ferrari, une année extraordinairement intense poue eux. Mais 32$ pour ce film....calisse...je digérais assez mal.

Si bien que le resto que j'ai imposé serait un rapide fast-food. Un snack. McDo, Harveys ou A&W.

On a choisi ce dernier. 

34$

17$ chaque. Pour de la grosse marde culinaire. 

J'en ai été tétanisé. 

État devenu presque permanent maintenant chez moi. 

Chaque fois que je dépenses quoi que ce soit.  

Ce monde n'est plus beaucoup pour moi. 

Faudra trouver des moyens de revoler ce qu'on me vole impunément. 

Je m'adaptes.  

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