mardi 26 octobre 2021

Corridors

De jeudi dernier à samedi matin, peu dormi. Été très actif toutefois.


Mes jeudis sont généralement tranquilles au bureau, mais ce jour-là, je devais quitter à 14h00, pour un rendez-vous de test de vue pour ma fille, à 14h40. Tout était donc plus condensé, intense. Puis, presque tout de suite après le rendez-vous pour les yeux, mon fils, ma fille et moi nous rendions au centre-ville de Montréal, pour y assister en soirée à une autre défaite au match du Canadiens de Montréal. Notre club de hockey, chéri. L'amoureuse a une amie d'enfance qui a vécu les dernières années en Europe et en Asie, et qui était de passage. Elles passaient du temps agréable ensemble. Revivaient leur adolescence. Cette amie restait chez nous de jeudi à samedi. (Et je ne la croiserais que samedi matin!). Après le match, je me couchais vers 23h05. De 01h48 à 2h23, j'allais chercher mon fils, qui avait quitté après le match des Canadiens pour sortir avec ses ami(e)s, qui avait bien bu et profité de sa jeunesse, et l'ai ramené au bercail. À 4h02, mon chat venait miauler son envie de sortir. Je suis descendu, lui ai mis son collier, l'ai sorti. Me suis relevé 58 minutes plus tard, je me levais pour aller travailler mon vendredi. Nuits actives, vous dites, docteur?


Mes vendredis sont toujours intenses au boulot. On travaille les lundis, des villes compliquées et pas toujours disciplinées. Je ne vois pas passer cette journée, mais ne me repose pas non plus. J'ai toutefois choisi de prendre le temps de découvrir le dernier album de Duran Duran en bossant et d'en jaser entre amis sur mon téléphone. Dans l'intensité et la cohue, toujours se garder des corridors d'évasion. Étier mon vendredi au travail m'inquiétait peu. C'est que le souper en soirée me tentait moins encore. Cette amie de ma conjointe n'est pas vraiment la mienne. Et celle-ci avait eu la mauvaise idée d'inviter (chez nous!) deux autres personnes que je connaissais encore moins, pour y souper. Après le boulot, j'ai fait deux épiceries, puis, suis passé à la bibliothèque et ai été surpris que personne ne soit chez nous, au retour, vers 17h45.  Quand j'ai texté à l'amoureuse "à quelle heure arrivent les gens?" elle m'a répondu que non, finalement, ils sont en ville et y souperont. J'ai demandé si c'était grave que je n'y sois pas, rompu à un rythme de vie qui m'épuisait un peu. On m'a donné congé sans problème. Là, j'ai vu une fenêtre importante. Un corridor. 


Qu'est-ce que j'avais vraiment envie de faire à la place ce soir-là? VOIR DUNE AU CINÉMA! J'étais le seul intéressé par ce film de toute manière et les deux kids avaient aussi des activités avec leurs ami(e)s en soirée. Je suis allé voir Dune. Soir de première. Pas été déçu. (Sauf pour le 3D, toujours inutile pour moi). 

 Ma conjointe revivait ses 14 ans avec son amie en ville, je revivais les miens dans une salle de cinéma. Je m'étais créé ce corridor d'agréabilité qui me faisait voyager de manière tellement intéressante pendant quelques jours. Certains passages m'habitent encore. Faut voir en salle. Science-Fiction raffinée. 

Mais je me couchais autour de 1h40 du matin. "hello strangers" que j'ai dit aux Femmes le lendemain matin.

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Le même vendredi, on apprenait quelque chose de tout simplement horrible. On a tous entendu ce qui s'est passé autour du tournage, au Nouveau-Mexique d'un film produit (et avec) Alec Baldwin. Une balle de fusil, une vraie, dans un fusil à blanc, a atteint la directrice photo et le réalisateur. Halyna Hutchins, directrice photo, en a perdu la vie. Alec Baldwin l'a tuée par accident. 

Baldwin a eu une vie mouvementée. Il a été plusieurs fois impliqué dans des histoires de violence, verbales, physiques et psychologiques, qu'il a reconnu et pour lesquels il a été trouvé coupable. On comprend que c'est intense autour de lui. C'est aussi, un peu le propre des acteurs et des actrices, ce corridor d'intensité qu'il faille savoir bien calibrer. L'erreur était humaine. L'état des choses, inhumaines. Baldwin serait moins à blâmer que son son équipe de prod.

1979-2021

Tous les gens impliqués sont désormais dans un corridor  extraordinairement hanté. 

Je peine à comprendre pourquoi, dans un fusil à blanc, est-il vraiment nécessaire d'avoir parfois, une vraie balle. Ce type de réalisme ne sera jamais reproché à une équipe de production. On tournait un western. 

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Puis, finalement, il y a cette histoire que je n'ai pas réussi à chasser de ma tête. Encore jusqu'à maintenant. Un corridor aux portes fermées partout.

Serge Thériault. Vous connaissez? Un splendide talent de chez nous. Un acteur, un homme drôle. Une icône. Une moitié importante et indispensable de Paul & Paul, Ding & Dong et La P'tite Vie. Un homme qui, depuis toujours, lutte continuellement contre sa propre tête. C'est connu. Il y a plusieurs années, je me rappelle un hommage, dans une soirée de remises de prix, qu'on lui avait fait, au Québec. Sur scène, recevant son prix, je le sentais tellement inconfortable. Il l'était, très visiblement. Il semblait regarder les gens dans la salle en se disant: "je le sais pourquoi vous me donner ça. Vous voulez me sauver de moi-même.". Il ne se trompait peut-être pas.


Un documentaire autour de lui, sur ces voisins, a été tourné par Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe. A été lancé, la semaine dernière, une bande-annonce assez bouleversante. Qui me hante. Thériault, aux prises avec une grave dépression depuis 6 ans, ne sort plus de chez lui. Depuis autant de temps. Ne se nourrit presque pas. Robert, un voisin,  s'occupe de tenter de le faire vivre un semblant d'existence. De le sortir, ne serais-ce que de sa chambre. Celle qui partage la vie de Thériault, enfin qui l'a fait au moins un temps, est à l'origine de ce film. 

Ce corridor n'a que des portes fermées. On essaie de les ouvrir. Ça sort en salle le 19 novembre prochain.

Serge sort...quand? 

(de sa tête)

Ai eu le réflexe, ce week-end de revisiter son talent en réécoutant Gina et La Gammick

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