jeudi 21 janvier 2021

La Relative Futilité de L'Espoir


L'espoir est comme un prêt pas toujours remboursable pour celui qui prête. 

L'espoir est l'un de nos plus exaltés sentiments. On a conféré à l'espoir une sorte de noblesse d'esprit. Un optimiste est plein d'espoir, un pessimiste croit au DÉSespoir. Dans la mythologie grecque l'espoir est la dernière chose sortant de la boîte de pandore. C'est sorti de la boîte afin d'être appliqué comme remède contre tous les maux sortis de cette même boîte. À défaut d'être un vrai remède, ça donne une raison de vivre aux Hommes. Un espoir que tout sera tellement mieux, demain. 


Il est vrai que c'est un carotte pour les ânes que nous sommes. Même si ça confirme et souligne davantage la misère dans laquelle on peut tremper. C'est l'espoir qui fait du "maintenant" quelque chose de misérable. Si misérable semble un peu fort, disons, un "maintenant" nettement moins intéressant. Parfois, ce qu'on s'imagine être agréable obscurcit le vrai plaisir du moment. L'anticipation d'un lendemain plus heureux fait oublier les joies possibles du jour. 


Pour les stoïques, l'espoir est irrationnel. Ce n'est qu'en espérant que les chose se déroulent d'une certaine manière que la possibilité qu'elles ne se déroulent PAS de cette manière devient réelle. Si là où loge la misère se trouve aussi l'espoir, là où l'espoir gît, la misère s'y cache parfois aussi. On ne souffre pas toujours de ce qu'on encaisse, mais plus souvent de ce qu'on avait espéré, qui ne se produit pas. Nous souffrons plus souvent de choses imaginaires que de choses vraiment réelles. 


Prenez tous ces zoufs qui veulent encore envahir le Capitole ou faire dérailler l'entrée en scène du Président Biden. Leur souffrance est complètement imaginaire. 

D'un autre côté, l'espoir qu'on porte sur Biden est probablement trop lourde. Même avant "l'erreur", Obama n'était pas parfait. Et en a déçu plus d'un. Mais il était complètement porteur d'espoir. Du début à la fin. Et encore aujourd'hui, lui et sa femme sont des mascottes professionnelles de l'espoir. Mais ni l'un, ni l'autre n'a le pouvoir d'avant, vraiment. 

Je ne sais pas non plus ce qu'espérait Alexei Navalny en se présentant à Moscou où il était promis d'être arrêté, comme toujours là-bas, pour rien, simple divergence d'opinion. Il a bel et bien été arrêté tout de suite.  
L'espoir est audacieuse. C'est ce qui fait rêver les gens. Mais de comprendre la relative futilité de l'espoir amenuise le radar des déceptions. 

On m'a promis une augmentation de salaire en octobre dernier. On m'a dit que oui, ça serait ajusté. Et recalculé à mon avantage rétroactivement. On m'avait promis 5 dollars de plus par heure. Et du surtemps si je suis demandé sur la route, ce qui bouscule tout ce que je fais et tout le monde. On m'a promis.   

En décembre, après trois mois de travail dans mes nouvelles fonctions au bureau, de beaucoup trop de route (donc de surtemps) impayées (autour de 60h) je suis retourné me lamenter. Aurais-je vraiment une augmentation? Et pourquoi je me donnes autant si je ne suis aucunement récompensé au final? On m'a augmenté...de 1$...


J'ai été revoir mon boss pour lui dire, vraiment? ce sera ça? Il m'a confirmé que non, que ce serait changé. Un jour. On ne sait pas quand. En janvier 2021.  Not yet. PIRE. On m'a confirmé que le dernier chauffeur engagé gagnait l'EXACT même salaire que moi. Donc, le chauffeur d'il y a trois mois gagne la même chose que moi, qui y suit depuis 3 ans et 3/4, qui combine trois tâches de bureau donc 1 relativement compliquée et que personne ne veut faire, qui fait appel à mon expérience, et moi qui fait aussi le chauffeur pour dépanner. J'ai dû dire, sans rire, au moins 20 fois entre octobre et jeudi dernier, "c'était la dernière fois pour moi sur la route qu'ils m'ont dit". C'est devenu ignoble. Je suis nettement exploité. Avec toujours la promesse que je serai augmenté. Des promesses que je ne crois plus, 111 jours plus tard. 


Qu'est-ce qui sera rétroactif? les 111 jours moins les fins de semaine? Les heures supplémentaires de route seront payées? On ne me prend pas au sérieux. On me sait nourri d'espoir comme un âne face à une carotte. 

Qui serait peut-être en caoutchouc, au final. 

Difficile de se sentir respecté. D'autant plus que mon boss actuel m'a aussi promis que si je n'avais pas 5$ d'augmentation, j'en aurais au moins 3 ou 4. 

1$...


Et le salaire d'un nouveau.

J'ai beau vivre d'espoir, je n'ai plus la foi.

Et vise maintenant ailleurs. 

Où on ne se moquera plus de nos intelligences. 

J'ai...espoir... de me trouver mieux. 
Sans trop compter dessus.
Je refuse qu'on m'empêche de respirer, d'aspirer, d'espérer.

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