dimanche 6 août 2017

Charlie Haden

Charles Edward Haden est né à Shenandoah en Iowa. Issu d'une famille extrêmement musicale, il fait ses débuts à la radio en 1939, dans la Haden Family,...comme chanteur! La famille joue principalement du folk et du country. Charlie chantera avec la famille jusqu'à ses 15 ans, alors qu'il contracte la polio, maladie aux graves conséquences potentielles dans les années 50. Depuis un an de toute manière, il ne jure que par le jazz. Il a eu le coup de foudre sonore en allant voir Charlie Parker et Stan Kenton en concert.

Il prend donc, adolescent, des cours de basse, s'inspire de sources variées (donc Bach) et travaille comme musicien de session au Missouri pour se faire un peu d'argent et se rendre travailler à L.A.

À 20 ans, il déménage à Los Angeles dans le but d'y rencontrer le pianiste Hampton Hawes. Il avait refusé une bourse d'études collégiales parce que l'Université qui lui offrait n'avait pas de programme de musique jazz. Il travaille avec Paul Bley. Puis avec Art Pepper. Et atteint son objectif en enregistrant avec Hampton Hawes. Il partage alors un appartement avec le bassiste Scott LaFaro.
En mai 1959, il est de l'équipée d'un album légendaire d'Ornette Coleman. L'année suivante, le quartet (Coleman (sax), Haden, Don Cherry (à la trompette) et Billy Higgins (à la batterie)). Déménagé à New York, le quartet est booké 6 semaines à l'avant-gardiste café jazz Five Spot Café. Haden apprend à improviser puisque Coleman ne joue jamais la même chose sur scène

En 1960, il quitte le quartet quand il devient dépendant des narcotiques. Il se rend même en clinique de désintoxication et y fait, à la même époque, la rencontre d'Ellen, qu'il épouse.

Il travaille avec John Handy et Danny Zeitlin, puis avec Archie Shepp en Californie et en Europe (mais habite New York dans l'Upper West Side). Entre 1966 et 1967 il prête ses services aux talents de Henry "Red" Allen, Pee Wee Russell, Attila Zoller, Bobby Timmons, Tony Scott, Thad Jones & Mel Lewis Orchestra et Roswell Rudd.
En 1967, il retourne avec le band de Coleman, puisqu'il est si bon à le suivre dans ses improvisations.

Haden est aussi un membre actif du Keith Jarrett Trio, puis du Quartet entre 1967 et 1976. Il met aussi sur pieds un band d'ancien musiciens de Coleman: Old & New Dreams, qui comprend Don Cherry, Dewey Redman, Haden & Ed Blackwell. Il a un fils en 1968. Il fonde, en 1969 son premier groupe à lui, Liberation Music Orchestra (LMO) avec Carla Bley , arrangeuse et ex-épouse de Paul Bley, Redman, Cherry, Gato Barbieri, Paul Motian, Andrew Cyrille, Mike Mantler, Rudd, Bob Northern, Howard Johnson, Perry Robinson et Sam Brown. Une musique expérimentale et politique.

Leonard Bernstein le recommande pour la bourse Guggenheim qu'il se mérite en 1970. L'année suivante, son épouse et lui ont des triplées. LMO aura toujours Haden à sa tête, mais le reste du band changera constamment.

En 1971, Haden, avec le band d'Ornette Coleman, au Portugal, alors sous dictature. dédie sur scène sa chanson "Song for Che"  aux révolutionnaires anti-colonialistes dans les colonies portugaises de Mozambique, d'Angola et de Guinée. Le lendemain, il est détenu à l'aéroport de Lisbonne et longuement questionné sur son choix de dédicace par la police secrète portugaise. Il ne sera relâché que lorsque Coleman et l'attaché culturel Étatsunien y mettent du leur. De retour aux États-Unis, le FBI le questionne aussi. Depuis 1969, Haden est clair sur la guerre du Vietnam: Cette sale guerre détourne l'attention d'enjeux locaux plus importants. Il a formé LMO pour faire entendre des voix oppressées. Il a aussi beaucoup parlé de la guerre civile espagnole et de l'implication des États-Unis en Amérique du Sud. Haden dérange parce qu'il pense.

Il se sépare d'Ellen en 1975.

Haden établit le programme d'étude jazz au California Institute. Il aura pour élève le fils de John Coltrane, Ralph Alessi et Scott Colley. Il sera aussi élu "éducateur de jazz de l'année" par le Los Angeles Jazz Society.

Il fait la rencontre de Ruth Cameron qui deviendra sa seconde épouse et qui gèrera et co-produira sa carrière en partie. Il forme vers 1986 un nouveau band, Quartet West, avec Ernie Watts, Alan Broadbent et Billy Higgins.

En 1989, il inaugure la toute première soirée "invitation" au Festival de Jazz de Montréal, et ce, 8 soir de suite!

Adorant l'intimité que provoque les duos, il collabore avec Hank Jones, Pat Metheny et gagne un grammy pour le meilleur enregistrement instrumental jazz pour ce dernier effort.

En 1997, le compositeur classique Gavin Bryars, compose pour en son honneur, un adagio, enregistré par l'English Chamber Orchestra.

En 2001, il répète l'exploit du grammy avec celui du meilleur enregistrement latin jazz. Deux ans plus tard, celui de la meilleure performance latin jazz. LMO lance un nouvel album politique en 2005.

En 2008, il enregistre un album principalement familial où y participent ses trois filles, sa seconde épouse, son fils et un de ses gendre, Jack Black. Béla Fleck, Vince Gill, Pat Metheny, Elvis Costello, Rosanne Cash, Bruce Hornsby font aussi partie de la fête.

En 2009, un réalisateur suisse tourne un film sur sa vie. La même année, Haden rejoue avec Coleman, puis plus tard, avec Kenny Barron.

En février 2010, il réenregistre avec Hank Jones qui décède trois mois plus tard.

Il reçoit le NEA Jazz Masters Fellowship en 2012, puis un grammy pour l'ensemble de sa brillante carrière.

Haden avait une habileté incroyable de faire resortir le son d'une basse, d'une double-basse ou d'une contrebasse, de cultiver et approfondir la gravité de son instrument, tout en restant maître de la simplicité. Charlie Haden a joué un rôle important et révolutionnaire dans l'univers du jazz, développant un style de jeu qui, parfois accompagnait le soliste, mais parfois aussi, se jouait complètement indépendamment du rythme d'une improvisation, comme dans une voie parrallèle, mais qui assure un équilibre à un morceau qui peut se lancer dans la folie lyrique.

Il était les deux pieds sur terre quand la tête partait trop dans les nuages. Il a libéré les bassistes de la contrainte de "seulement accompagner" le rythme en parfois lui donnant le ton en étant participant d'une improvisation.

Sur ma playlist Fun(incontournables pour passer une bonne journée) sur mon téléphone, j'ai un morceau d'Haden avec Gonzalo Rubalcaba.

Au cinéma, Rainn Wilson serait tout indiqué pour l'incarner dans une fiction.

Charlie Haden meurt de séquelles de sa polio, vécue 51 ans auparavant, à l'âge de 76 ans.

Il aurait eu 80 ans aujourd'hui.


Aucun commentaire: