mercredi 28 juin 2017

DDL

Daniel Day-Lewis.

J'ai toujours trouvé qu'il en faisait un peu trop. Vous savez ce que certains reprochent aux gens de théâtre?, l'excès dans le jeu et la voix, l'excès dans le ton et l'intensité.

Je vous avouerai même que je ne l'ai trouvé exceptionnel qu'une seule fois. Dans le rôle secondaire qu'il tient dans My Beautiful Laundrette de Stephen Frears. Un film que j'ai même réemprunté à la bibliothèque, mais que je n'ai pas eu le temps de réécouter encore.

DDL est le fils du très célèbre (dans son milieu) Cecil Day Lewis, poète irlandais, dont la reine Elizabeth II s'est entichée en le nommant Poet Laureate en 1967. DDL n'a alors que 10 ans. Il a une grande soeur de 6 ans son ainée. La mère de DDL est l'actrice Jill Balcon.

À 14 ans, il fait sa première apparition au cinéma. En petit vandale griffonnant des voitures gratuitement pour Joel Schlesinger. Il joue en fait son propre rôle puisqu'il habite le village de Greenwich, avec sa soeur, qu'il est régulièrement lui-même rudoyé de par la notoriété de sa famille, qu'il se défend toujours, et qu'il pratique le vol à l'étalage. DDL emprunte les accents locaux des gens de la rue à Greenwich et teste la patience de ses parents avec ses excès de tempérament. Ceux-ci sont forcés de l'envoyer à l'internat à Kent. Il a alors 11 ans. Il déteste. Mais il fera la découverte de trois passions qu'il aura toute sa vie: Le travail du bois, la pêche et le métier d'acteur. Il a 15 ans quand son père décède. Il séjournera dans un hôpital psychiatrique pour avoir tenté de se suicider tout de suite après.

Intensité...

Bien qu'il excelle sur les planches à l'école, il préfère s'inscrire dans une école d'ébéniste, chose qu'il fera pendant 5 ans.

Il ne s'empêche pas de jouer à Bristol ou à Londres dans des productions théâtrales de l'endroit et fait un peu de télévision. Il intègre la Royal Shakespeare Company.
 Il est ébloui par la performance de Robert De Niro dans Taxi Driver, et sent l'appel du cinéma. Il est accepté à la Bristol Old Vic Theater School où il jouera avec Pete Postlewaithe qu'il retrouvera beaucoup plus tard au cinéma.

11 ans après sa première apparition au cinéma (il fait du théâtre entretemps) Richard Attenborough l'engage pour une autre présence de petit voyou. Deux ans plus tard, il est second d'Anthony Hopkins dans The Bounty.  Puis, l'année suivante, il joue dans deux films, le film de Frears et A Room With a View de James Ivory. En Amérique, les deux films sortent le même jour. la différence des deux rôles est frappante. Dans le film de Frears il incarne un homosexuel extraverti, rebelle et un brin voyou, tandis que dans le film d'Ivory, il incarne une jeune homme de bonne famille, fin et raffiné.

Il est maintenant un acteur recherché. Il perd tout juste le rôle de Sid Viscious aux mains de Gary Oldman en 1986. On le retrouvera bien en tête d'affiche dans le rôle du jeune médecin Tchèque dans The Umbearable Lightness of Being auprès de Lena Olin et Juliette Binoche. Il apprend à parler Tchécoslovaque simplement afin de simplement rendre justice à l'accent que son personnage devrait avoir dans ce film tourné en anglais.

Pour le rôle du poète infirme Christy Brown, DDL plonge dans l'extrémisme. Il sera handicapé en tout temps et ne sort jamais du personnage pendant tout le tournage. Des techniciens doivent le soulever de sa chaise pour qu'il aille faire ses besoins, être nourri à la petite cuillère, etc. Il gagnera son premier Oscar de la meilleure interprétation pour cet intense rôle irlandais en 1990. Son intensité naturelle sert merveilleusement bien le personnage. Il reviendra sur scène pour incarner Hamlet au Royal National Theater. Au moment où le fantôme du père d'Hamlet apparaît à son fils pour la première fois, il s'effondre sur scène et sanglote sans fin. Il refusera de revenir sur scène et sera remplacé rapidement le soir même par Ian Charleston. Pour le reste de la tournée, c'est Jeremy Northam qui tiendra le rôle. Explication? DDL a vu son père en fantôme.

Il ne retournera plus jamais sur scène.

Il fait la rencontre de l'actrice Isabelle Adjani et aura un fils avec elle, fils né en 1995, alors qu'ils sont maintenant séparés. En 1992, il apprend à dépecer des animaux, à chasser et à construire des canots, à se battre avec un tomahawk, à charger un pistolet à poudre en pleine course dans l'isolement d'une forêt pour Micheal Mann.

Pour Scorsese en 1993, il se vêt des costumes de 1870, été comme hiver, à New York, se ballade dans des décors de l'époque en haut-de forme, en chemise à jabot, avec une canne, s'isole encore et s'enregistre sous le nom de son personnage Newland Archer.

Il refuse les rôles de Tom Hanks dans Philadelphia, Ralph Fiennes dans The English Patient et du même Fiennes dans Schlinder's List, Il préfère tourner dans la peau du fils de Pete Postlewaithe dans l'histoire vraie, infâme et toute irlandaise de Gerry Conlon dans In the Name of the Father pour lequel il est à nouveau nommé aux Oscars, aux Golden Globes et aux BAFTA. Il demandera d'être torturé en cellule pour vrai pour mieux jouer le personnage pendant les répétitions. Il retrouve Wynona Ryder, avec laquelle il avait tourné pour Scorsese, pour une adaptation d'une pièce célèbre d'Arthur Miller.
Il tourne ensuite la vie de Barry McGuigan, sous la caméra de Jim Sheridan pour une troisième fois.

C'est pendant la préparation pour le rôle de John Proctor qu'il visite la maison d'Arthur Miller et y fait la rencontre de sa fille Rebecca, duquel il tombera amoureux, et vice-versa. Ils auront ensemble deux fils. Il démissionne de son métier d'acteur pour devenir ébéniste et perfectionner l'art de la cordonnerie en Italie.

Après avoir refusé le rôle d'Aragorn dans Lord of the Rings, son ami Leo Di Caprio le convainc de sortir de sa retraite pour tourner pour Gangs of New York,  OOOOOOH! qu'il en fait des tonnes dans ce film de Scorsese. Il prend des cours de boucherie, reste perpétuellement dans son rôle entre les prises, attrape une pneumonie et refuse des soins et des manteaux, inexistants à l'époque du film, avant qu'on le raisonne. Il gagne un BAFTA pour sa caricature, son rôle et est encore nommé aux Oscars. Il tourne pour sa femme en 2005.

Ooooooooooh! qu'il en fera encore des tonnes encore pour Paul Thomas Anderson dans son adaptation libre de Oil! d'Upton Sinclair.  Grossièrement grossier, il gagne son second Oscar, le BAFTA, le Golden Globe, le Screen Actors Guild Award ainsi que presque tous les prix associés à des critiques de cinéma.

En 2009, il étonne dans Nine. Il ne tournera que deux autres films par la suite. Il gagnera l'Oscar du meilleur acteur pour la troisième fois, sera le seul à le faire, pour le rôle d'Abraham Lincoln. Puis retrouve Paul Thomas Anderson pour un film à venir.

Je sais pourquoi je le préfère dans My Beautiful Laundrette.
C'est parce qu'il se jouait beaucoup plus qu'un personnage qu'il avait longuement construit.
Par la suite, je n'ai vu que lourde construction.
Patibulaire caricature.

Depuis la semaine dernière, il se retire du métier à nouveau.

...jusqu'à la prochaine fois.



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