samedi 11 octobre 2014

Ces Enfants Qui Font de Nous des Hommes

Ils sont si adorables quand ils sont petits.
Et si têtus, ados.

Avec le premier nous apprenions. Comme nos parents avaient appris avec moi et avec l'amoureuse qui sont tous deux premiers de famille. On ferait d'affreuses erreurs des essais sur son éducation que nous ne tenterions peut-être pas avec la plus jeune quatre ans plus tard. Il serait terrorisé du visage de Charlie Chaplin ("Nooooon! Nooon! papa!") et en garderait une peur des gros plans.  Quand le court-métrage que j'avais écrit remportait un prix au Festival des Films du Monde de Montréal, il le regarderait et répéterait dans sa salopette bleue "Nooooon! Nooon! papa!", faisant dans sa couche, à chaque gros plan choisi par la réalisatrice. Il garderait aussi une peur inconsciente de la douche quand, bébé, nous l'avions inscrit à un cours de natation parent/enfant et qu'il était obligatoire de prendre une douche avant de se rendre à l'eau. Traumatisme chaque fois que l'eau atteignait sa tête, même avec toutes les précautions possibles. Il se sort tout juste, à 15 ans, de cette phobie de la douche.

Mais en somme avec notre premier, outre autour de la table où nous l'avons 100% raté en lui demandant toujours ce qu'il voulait manger (NE JAMAIS FAIRE! que croyez vous qu'ils font? ben oui! ils choisissent! et pour la vie par la suite!) tout a paru facile. Il était un leader naturel à l'école, a obtenu de fameuses notes scolaires sans trop d'efforts, s'est démarqué dans tous les sports qu'il a pratiqué et continue encore dans ces voies aujourd'hui.

Nous avons un fils facile.

Mais quatre ans après sa naissance à lui, naissait sa soeur. Difficile? non. Mais dès son arrivée, elle se démarquait par une première résistance. Alors qu'on devait provoquer sa mère, le matin même de la chose, elle choisissait de se retourner dans son ventre et de remonter (pour sortir par la gorge?) obligeant une césarienne. Le 2 juin 2003, naissait Punkee par césarienne. On me l'a montrée tout ensanglantée et on s'est sauvé avec. On a quitté avec la mère et on m'a dit d'attendre dans le corridor.

On ne m'a pas dit qu'on reviendrait me chercher, mais ça me semblait implicite. Après 20 minutes d'attente j'ai demandé si tout allait bien. "Surement" m'a dit une femme désintéressée. J'ai vu passer un infirmier qui avait travaillé sur la césarienne et je l'ai accroché:

 "Alors? madame a accouché il y a 30 minutes, ma fille est sortie par césarienne, je n'ai plus de nouvelles depuis, tout va bien pour les deux j'espère?"

"On ne vous as pas donné de nouvelles?"

"Non, on m'a peut-être oublié..."

"Si on ne vous as pas donné de nouvelles, il doit surement se passer quelque chose..." a-t-il dit pressé et se dirigeant vers des ailleurs plus pertinents pour lui.

(...)

Quel idiot

What?

Et l'inquiétude allait naître pour toujours entre moi et ma fille.

Après ce qui m'a encore paru une éternité et où l'ascenceur de la panique frappait le toit de mon cerveau, je me rendais plus loin, là où je n'avais peut-être pas le droit mais arrêtez-moi si vous vous en croyez capable, et j'ai expliqué mon statut de père dans le désert à une infirmière.

Son calme contrastait avec la sueur qui perlait sous mes aisselles.

"Madame Fingling?"
"Oui"
Il m'a semblé que la durée entière d'une symphonie de Dvorak et son thème eût le temps de jouer avant qu'elle ne parle à nouveau.

"Naissance d'une fille par césarienne?..."
"OUI!"

"Punkee Jones?"
"OUI!"

Elle a tout simplement levé le bras et effectivement, au bout de son doigt se trouvait de dos ma douce et notre puce qui dormait dans ses bras tendrement en paix. Elles avaient été bien depuis toujours. La première ronronnant pratiquement en me disant que si elle avait su que ce serait si facile la césarienne, elle l'aurait exigée pour notre premier au lieu de souffrir pendant des heures et se faire déchirer à coup de ciseau. La nouvelle-née marquant son territoire d'une anarchie toute paternelle...

Comme tout allait si bien avec notre plus vieux, nous serions, comme trop de parents, peut-être moins regardant à l'égard de la dernière née. D'autant plus que les réflexes d'encadrement seraient vieux de 4 ans, une éternité quand on est parents. Nous ne remarquerions jamais complètement, ou ne voulions pas le voir, que contrairement à son grand frère, ses notes scolaires allaient être très ordinaires. Avec elle aussi, le minimum d'effort pour y remédier. Sa cinquième année allait être une catastrophe. Et si une année doit être importante pour la rentrée au secondaire c'est bien celle-là. Nous avons travaillé extraordinairement fort, investi une fortune auprès d'un regroupement d'accompagnement scolaire pour au final n'obtenir que des notes passables et même un échec. Dans un bulletin à présenter aux école secondaires...

Nous nous relevons tout juste de cette année d'horreur avec de nouvelles méthodes, de nouveaux investissements et nettement plus de discipline mais les les résultats tardent à apparaître.

Ses choix d'écoles secondaires pourraient s'en trouver impactés.
Nous en sommes tous les deux largement responsables.
Son école beaucoup aussi.

La belle et moi, on en dort plus.

Mon horaire de nuit n'aide en rien.

Les bouchées doubles ne font quelques fois que faire engraisser.
Nous voulons courir le marathon.

Nous peinons à jogger.

Sans espadrilles.

Il n'y pas deux semaines, je me faisais du sang noir pour mon fils et son hockey.
C'est depuis réglé à notre parfait bonheur.

Maintenenant, je maigris d'angoisse pour ma fille.
Souhaitons le même type de conclusion.

Encore, nous apprenons.

Ces jeunes de ces jeunes "qu'ils poussent".
Comme on secourait le confort.
 Ils nous font aussi vieillir.
Avais-je ce cheveu gris hier?

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