mercredi 22 mai 2013

GNe...

Comme dans GouverNEr.

La seule fois que j'ai croisé Degnis Coderre c'était au Benny & Co.

Benny & Co est un maître rotisseurs fondé par les frères Benny qui fait du sapré bon poulet depuis 1960. C'était sur Pie-IX à Montréal-Nord. Mon fils est dans la même classe que le petit-fils Benny. Faudra y retourner un jour, du sapré bon poulet.

Degnis aussi reconnaît la valeur de ce poulet. Quand je l'ai vu, il était seul et attendait lui aussi sa commande. Il était seul mais Coderre, à Montréal-Nord, n'est jamais réèllement seul. Il jasait avec tout le monde et personne à la fois. Il me faisait penser à Raymond Fillion, oui, oui, celui de la télévision, avec lequel je suis allé à l'école secondaire et qui se tenait dans les corridors lançant des phrases à tous et chacun. Mais si Fillion tendait des perches à la recherche d'amis, Coderre en revanche semblait savoir à qui il parlait et les gens intéréssé à ses propos. Des gens de la rue qui le connaissaient pour vrai et vice-versa. Il était au Fédéral à l'époque et j'avais peine à me faire une image de cet homme en ministre. C'était l'été et il portait une casquette des expos. Il portait aussi un t-shirt et des bermudas parfaitement dépareillés, si il voulait passer inaperçu s'était tout le contraire qui marquait d'emblée notre oeil.  Il portait aussi au bout du pied des espadrilles et de pâles bas tirant sur le beige. Bref, il avait un look assez particulier et on aurait pas tout de suite pensé "ministre" si on le voyait pour la première fois. Je ne l'avais pas jugé sur la forme, il a bien le droit de s'habiller comme il veut, après tout je suis d'avis que nous nous habillons d'abord et avant tout pour ne pas être nu publiquement. Mais quand sa commande de trois poulets est arrivée, là, je l'ai jugé d'aplomb et j'ai méchamment pensé que les trois poulets étaient tous pour lui.

Je méritais une baffe.
Je pensais tout de même que Degnis Coderre était au bon goût ce que Benny & Co. est à la haute gastronomie.

J'avais quitté les lieux du Benny & Co en me disant qu'il ne faisait pas sérieux. Les propos qu'il tenait, (dont je ne me rappelle plus le contenu trop distrait par le contenant), était aussi dignes des lignes ouvertes. Selon moi un dirigeant doit, oui, communier avec le peuple, mais se garde un peu au-dessus de la mêlée aussi. Il m'avait donné l'impression d'un homme très très seul. Depuis longtemps.

Ce sont souvent les gens seuls qui ont besoin de tremper dans la sauce de la foule tout le temps.

C'est pas vrai! C'était pas la seule fois! je l'avais aussi vu sortir en trombe d'un édifice tout près de l'aréna de Montréal-Nord. Comme quelqu'un qui devait aller mettre des sous dans un parcomètre. Cette fois en tenue officielle complet/veston/cravate. Seul à nouveau, ce qui a dû jouer sur mon subconscient quand je l'ai revu, seul, chez Benny & Co.

Quand Degnis-je suis incapable de parler de lui sans gnochonner son prénom-a finalement posé sa candidature à la mairie de Montréal jeudi dernier, après des mois et des mois de tâtage de terrain (afin d'évaluer ses appuis et de fourbir ses armes je présume), il a du même coup éventé le secret politique le moins bien gardé de l'Île. Alors qu'on savait tous que le truck arrivait dans l'entrée de la démocracie Montréalaise, on attendait tous de voir ce qu'il y avait dans le caisson. Une vision, une plateforme, une pensée, une direction. Mais non, rien.

Dans le tumulte absolu de quelques revendicateurs, dont deux lâchement masqués, le pauvre Degnis avait bien peu à présenter. Il a excessivement bien réagi face aux héleurs mais outre une passion pour Montréal que nous connaissions déjà et que personne ne mettait en doute, Degnis avait tout juste une poignée de candidats à nous présenter et, la mêche refoulée au vent, il a aussi eu quelques moments de nervosité qui trahissait un manque d'assurance, que ça, on ne lui connaissait pas.

C'est vrai il y avait deux cagoulés et des chahuteurs qui lui jouaient dans le dos et plus tard un homme de 85 ans entrant dans l'angle mort d'un policier en travail qui lui répondra comme le vieil homme le méritait alors. Le même angle mort qui aurait pu jouer des tours à un discours qu'il avait tout de même pris, quoi...6 mois?... à peaufiner...

...de là l'effet de la présentation d'un hot-dog alors qu'on attendait tous au moins, au minimum une entrée...

Les grands chefs ont toujours de la personalité. Qu'ils cuisinent du poulet ou non. Régis est enfantin et le temps nous dira si il ne fait pas un Gilles Vaillancourt de sa personne. Mais sa ville fleurit. Sa cuisine sent bon. Nous avons passé le dernier week-end dans le coin avec des gens merveilleux et l'attention sur les maisons à vendre dans le secteur de notre part trahissait un intérêt.

Jean Tremblay semble ralenti par l'effet d'une drogue quand il parle publiquement et son talent à manier le verbe me rappelle chaque fois de faire mon bénévolat pour les gens moins mentalement pourvu. Toutefois les gens sont généralement content de ce qu'il fait pour son village (à un Jésus près)

Ça prendra un chef fort pour une ville comme Montréal. Une cuisine aussi sale. Un chef Ramsay.

Quand j'ai vu Coderre, j'ai eu le réflexe de laisser s'échapper toute la poésie d'un bébé de six mois par ma bouche.

J'ai dit Gne...

En pensant que le vrai leader d'une grande ville attendait probablement encore quelque part de prendre le départ pour la mairie d'une ancienne grande ville...

Qui a pourtant tout ce qu'il faut pour redevenir grande.

(si Coderre était élu un jour il ne pourrait faire pire que Vaillancourt ou Ford, grands champions des pires maires au pays...)

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