vendredi 8 juillet 2011

Il Divo

Prenant congé de l'actualité, j'ai emprunté un film à la bibliothèque.

J'en suis encore tout chaviré.



QUEL
GRAND
FILM

Le 4ème long métrage du réalisteur italien Paolo Sorrentino est un chef d'oeuvre.
(Certaines bande annonces de deux minutes sont d'ailleurs meilleures que certains films de 2 heures)

Il Divo raconte le parcours sinueux, sinon louche, du politicien Giulio Andreotti, dit "Il Divo" par référence à Jules César qui avait régné très longtemps à la tête de l'Italie. Andreotti a siégé comme député et influence chrétienne entre 1946 et 2006. Il a fait sept mandat en tant que président de la république de 1972 à 1992. On ne couvre pas touts ses mandats, se contentant de rester sur le dernier, celui de 1992 qui l'a révélé comme un associé de la mafia et un commanditaire principal du meurtre du journaliste Mino Pecorelli en 1979 entre autres choses.

Ce film sur les magouilles du pouvoir italien, sur ce système politique où raisonner est toujours facultatif, est tout simplement grandiose.

Tout d'abord pas de générique.
Messages aux réalisateurs: 1.ne pas mettre de générique nous force à embarquer dans l'intrigue plus vite.
                                         2.Quand on ignore qui jouera dans le film, on passe de surprise en surprise en voyant les personnages apparaitre comme Fanny Ardant s'exprimant dans un italien impeccable.
                                          3.Quand le film a rempli sa mission de nous couper le souffle, on est cloué à notre siège à la fin et on le lira le générique. Et généreusement à part ça.

La photo de Luca Bigazzi est tout simplement splendide. Le mouvement de caméra est si fluide que quiconque se sentirait rebuté par une trame narrative politique l'oubliera et se croira dans un suspense. Les titres, en guise de présentation des nombreux personnages, sont d'une telle originalité qu'ils font figure d'oeuvre d'art. La trame sonore de Teho Teardo passe du minimalisme au classique en passant par le rock, la pop, le dance et le crooner.

Les trouvailles de mise en scène sont tout simplement remarquables.

Une scène de chat qui trouble la routine d'Andreotti, les scènes de marches nocturnes bordées de ses nombreux gardes du corps, une scène de rouli-roulant dans le canniveau et une autre plus surréaliste dans la chambre des communes, une porte de voiture bloquée sous la pluie, une scène de rencontre entre la mafia et Andreotti servie par un ventilateur et bercée par une chanson pop anglophone.

Y a du Fellini là-dedans et qui dit Fellini m'appelle toujours un peu en même temps.

Des regards, ce film sur une racaille aux grosses lunettes offre toute sorte de regards à l'image.
Celui de la femme d'Androetti (jouée par une remarquable Anna Bonauito) qui comprend enfin l'homme qui est à ses côtés depuis toujours, celui d'une agent de bord qui fait sa présentation et reconnait l'illustre passager, celui des gens autour du Divo qui sentent que leurs jours sont comptés.

Andreotti est peut-être responsable d'attentats entre 1969 et 1984 qui ont fait 236 morts et 817 bléssés. Mais sous Berlusconi, dont on voit les séances de bunga-bunga dans ce film, les rapaces sont protégés. Andreotti est libre malgré des preuves accablantes contre sa personne.

Il est toujours vivant et a toujours échappé à ses détracteurs.
Pour comprendre comment l'Italie de Berlusconi se retrouve dans le bain actuel, ce film est d'une grande utilité.

Je voulais me couper de l'actualité mais finalement je m'y suis replongé.
Comme disait Andreotti: La vie n'est rien sans politique.

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