dimanche 16 avril 2023

Brandy (& La Bière Arc-En-Ciel)

Dallas Jones est le frère de feu, mon père. 

Il lui en reste deux de vivants. Mon père est en fait l'unique décédé.

Perspective inversée.

Vous savez que Bud Light déchire actuellement les familles d'Amérique du Nord, n'est-ce pas ?

Dallas, vendredi, a bu une Bud Light. 

Samedi matin, il s'est donc réveillé gay.

On l'a surveillé quelques jours, son comportement a complètement changé. Il écoute beaucoup d'émissions de décorations, mais ne s'intéresse pas aux travaux mais aux couleurs et aux chandeliers. On le surveille car il porte des leggings qui ne l'avantagent pas, il a 79 ans, et on craint un peu pour sa sécurité en public, on voit trop son string de derrière. Mais là, on l'a, mes cousins, cousines, ma mère, mes oncles, mes tantes, mes soeurs, on l'a, dis-je, un peu perdu.

Samedi, on lui a, en gang, montré des magazines de fusils, des munitions, des magazines de voitures, on l'a fait visionner des films qui mettent en vedette Jason Statham, on l'a fait écouter le balado de Joe Rogan. On voulait le ramener chez les hétéros vous savez, mais ça ne regarde pas bien. Il n'a plus son gros Ford dans l'entrée de chez lui. Quand je suis passé en fin de journée, il y avait même une Subaru. Je suis allé le voir et lui ai demandé pourquoi il y avait une Subaru dans l'entrée, est-ce que cette auto lui appartenait ? 

Pour toute réponse, il a lancé une poignée de confettis dans les airs, a fait une sorte d'arabesque avant de faire un demi salto arrière en me disant "Yeaaaaaaaaaaaaaaah Bitch!" d'une voix nasillarde. 

Il a disparu depuis samedi soir.

On est allé au Cox, bar gay du centre-ville de Montréal d'où j'avais été sifflé en marchant avec des shorts probablement trop courtes et des cuisses beaucoup trop peu poilues (sans mon consentement, je suis autochtone peu de poils en général) quand j'avais 20 ans. On s'y était aussi rendu, parfaitement saoûl à la demande de notre co-loc (fille) qui voulait nous voir dans un contexte gay et on avait été trop paf pour se rendre compte d'où on était. On habitait alors sur Logan, beaucoup trop proche du Cox. Naïfs, on avait pas réalisé non plus qu'on habitait au coeur du village gay. Un homme m'avait pris par le menton pour me dire "beaux yeux, belle bouche, t'es pas hétéro j'espère ?". Ma co-loc m'était sauté au cou pour se prétendre ma blonde.

J'ai aussi travaillé coin Berri/Ste-Catherine dans le magasin de musique centenaire qui fermera ses portes définitivement le 19 mai. J'étais minoritairement hétéro. Et je trippais Bowie/The Smiths/REM, imaginez les messages troubles qu'ils comprenaient!

Je connaissais donc le secteur à Montréal et ai servi de guide à mes oncles et tantes qui cherchaient aussi mon oncle Dallas. Leur frère, maintenant Brandy. Mais on ne l'a pas trouvé. 

On ne rigole plus. J'ai personnellement vu un homme barbu avec une tuque, boire une Bud Light et son truck est devenu le soir même une Volkswagen rose avec des cils autour des phares en avant. Il avait aussi changé de look. 

Si on avait été aux États-Unis, on aurait prié et tout aurait été oublié quelques heures plus tard, comme ils font si bien avec les tueries, mais non. On a fait quelques bibliothèques afin de voir si il faisait la lecture aux enfants en drag queen. Il nous as nargué en nous textant qu'il vivait sa best life. Il a désactivé sa géolocalisation. Impossible de savoir où il se terre. Mais on a été un peu rassuré, il était vivant, et nous as envoyé une photo de ses nouveaux ongles. Il s'est fait poser de faux ongles de couleurs vives. Des doigts de pieds aussi.

J'ai seulement tenu la bouteille qu'il avait bu et depuis ce poignet est de plus en plus mou et effeminé quand je marches. Il n'arrête pas d'être manièré quand je me déplace comme si je ne le contrôlais plus. Mes hanches troches aussi. Si vous croisez Brandy, ne l'approchez pas, faites simplement jouer Stranglehold de Ted Nugent ou ZZTop, et donnez lui du beef jerky.

Peut-être que lui offrir une Bud Lime...non...ça pourrait empirer sa nouvelle identité troublée.

Les Jones sont tous des alphas, on ne peut pas supporter un gay dans nos rangs irlando-Atikamekw toughs. Même un demi-gay comme une drag queen.

On a suivi une piste de confettis. Mais on est arrivé chez Eric Duhaime. On a pas posé de questions. On était pas au bon endroit. On aurait vu Oncle Dallas/Brandy se magasiner des albums de Liza Minelli, de Céline Dion et de Judy Garland. En 33 tours. Il n'a même pas de tourne-disque. Il est plus que confus. 

MÉFIEZ VOUS DE LA BUD LIGHT QUI A OSÉ POSER UN ARC-EN-CIEL SUR SES PRODUITS EN SOUTIEN À LA COMUNNAUTÉ LGBTQ+!

J'ai fait le plein de Miller, personnellement. 

Alpha. Christ. Vive les pénis.

Mon oncle Brandy m'a aussi texté les trois derniers mots que je vous ai écrit. Vive les pénis

 Mais je ne sais pas comment le comprendre...

Brandy Dallas, reviens-nous !

Alpha !

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