samedi 9 juin 2018

Présidents des États-Unis au Cinéma

Depuis les années 90, le cinéma d'Hollywood ne fait plus confiance en ses scénaristes. On préfère tourner des histoires tirées des livres, tirées de magazines de superhéros, tirées "d'histoires vraies".

Parmi ses "histoires vraies", des biopic. Aux États-Unis, on réécrit, réinvente aussi, les vies de plusieurs des figures passées de leur histoire. Parmi eux, leurs présidents.

Depuis 1991, 6 présidents des États-Unis, sur 9, ont été les sujets de tournages importants.
Revisitons ces revisites patriotiques.

JFK (1991)
Oliver Stone est un Étatsunien plus-que-fier. Passionné. Il a tourné le Vietnam trois fois. Les relations avec Cuba, deux fois. Wall Street deux fois. Sa vision d'un band mythique de la Californie. Le Football de la NFL. La grande catastrophe du 11 septembre 2001. Snowden. Il se voudrait archiviste des États-Unis mais en manque la subtilité. Il est habile de la caméra. JFK est probablement son film le plus réussi (après Platoon & Wall Street). Le casting est fameux. L'intrigue, fascinante. La cinématographie, brillante. On y parle moins de JFK que de Clay Shaw et de tous ceux qui ont été soupçonné d'avoir commandité la mort du président. 3h26 de pur plaisir. Stone reviendra deux autres fois dans cette liste.

LBJ (2017)
Tourné par Rob Reiner, le film sur Lyndon Baines Johnson fait un peu peur. Le maquillage y est lourd. La caricature, caché dans chaque scène. On oublie jamais Woody Harrelson ou Jennifer Jason Leigh qui en fait des tonnes. Pas facile de faire un film sur un président dont la femme était beaucoup plus sympathique. Le pauvre LBJ a eu la tâche ingrate de remplir les tâches du président assassiné. Avec lequel il n'avait pas les meilleures relations (avec Bobby, surtout). Le film pêche à de multiples niveaux. Parler de Johnson sans évoquer le désastre au Vietnam est aussi ridicule que de parler de Nixon sans parler du Watergate. HBO avait aussi tenté son effort sur le Texan président. Tout aussi raté. Dans le film de Reiner, la relation Bobby Kennedy/Lyndon B.Johnson est adroitement bien traitée toutefois.

Nixon (1995)
Le film d'Oliver Stone débute en 1972, avec les "plombiers" se faisant coincer au Watergate. On couvrira tout de même la plupart des aspects de la vie de tricky dickie. Paul Sorvino en Henry Kissinger semble une erreur. Le premier ayant une voix fluette tandis que l'original a la voix la plus grave qui soit. Sa meilleure scène est silencieuse, quand Nixon lui demande si lui, au moins, reste son ami, dans la tourmente. Un autre casting assez impeccable, et probablement le second meilleur film de ceux dont je vous parlerai ici, après JFK. Un autre film Frost/Nixon est tout aussi habile.

Ford/Carter
Gerald Ford n'aura fait que passer, prenant la relève de Nixon quand il a quitté dans la honte. Il est battu, deux ans plus tard, par le fils d'une riche famille ayant fait fortune dans la cacahouète. Le "bon" président sera trop doux pour les États-Unis, en constante ébullition. Adepte de la non intervention militaire, il fait front aux faucons du Pentagone. Mais la crise iranienne des otages et le fiasco des tentatives d'interventions des États-Unis lui coûtera son poste après seulement 4 ans. Carter n'a pas son film, mais le film Argo couvre cette période de crise sous son régime. Mais ne souligne jamais que 90% des succès lors de la libération des otages était d'origine 90%. Carter aura l'humilité de le dire à la sortie du film Oscarisé.

Ronald Reagan n'a jamais eu son sérieux film. Mais il était originalement acteur. C'est donc le cinéma qui s'était alors invité en politique.

George H. Bush constitue une rare exception parmi les présidents qui ont été sujets de films. Il ne l'a pas été. Mais James Cromwell est criant de vérité dans sa peau, et très présent dans le W d'Oliver Stone.

Primary Colors (1998)
Quand Joe Klein écrit Primary Colors, il s'inspire de son passage comme journaliste et de ce qu'il voit dans la campagne électorale présidentielle de Bill Clinton de 1992. Le livre est drôle, et très près de ce qu'aura été la campagne du coureur de jupon qu'est Clinton, joueur de sexophone. John Travolta incarne Bill Clinton Jack Stanton, Emma Thompson incarne Hilary, Susan Stanton, Adrien Lester incarne George Stephanopoulos Henry Burton, Billy Bob Thornton incarne James Carville Richard Jemmons, Maura Tierney incarne un croisement de Mandy Grunwald et Dee Dee Myers Daisy Green, Kathy Bates un croisement entre Betsey Wright et Vince Foster Libby Holden et Larry Hagman incarne un croisement entre Ross Perot, Harold Hughes, Reubin Askew et Jerry Brown Freddy Picker. The War Room est un brillant documentaire complémentaire à ce film de Mike Nichols.

W.  (2008)
Oliver Stone sévit une dernière fois. Il a, jusqu'à maintenant tourné la chute d'un président républicain, la mort d'un président démocrate et ici, il cible la faiblesse d'un improbable président. Qui n'aura été que le fils de l'autre. La réussite de ce film est de nous montrer un humain faillible. Josh Brolin y est plutôt habile. Elisabeth Banks, en son épouse, aussi. Le casting est encore redoutable. Oliver sait s'y prendre. Richard Dreyfuss est formidable en Dick Cheney. George W. Bush a vu le film et l'a trouvé non seulement très près de la vérité et très bon, mais triste aussi. Il fait effectivement légèrement pitié au visionnement de ce film. Étrangement intime pour un homme si public. On finit presque par l'aimer à cause du traitement d'Olivier Laroche.

Barry (2016)
Bien que très président récent, on a tourné, pour Netflix, la jeunesse de celui qui deviendrait le tout premier président noir des États-Unis et une inspiration pour des millions de gens. Il s'agit de la vie de celui qu'on appelait alors Barry en 1981, à l'Université Columbia. Ça met en vedette Devon Terrell dans le rôle titre, Anya Taylor-Joy, Jason Mitchell, Ashley Judd, Jenna Elfman, Ellar Coltrane, Avi Nash et Linus Roache. Ce n'est pas sa présidence en soi. Mais peut-être un peu de ce qui l'y a mené. Southside With You, tourné la même année, aussi sur un jeune Barack Obama, le situe dans l'action de 1989. Et introduit Michelle.

Trump n'aura pas son film de sitôt, mais il y en aura un jour, c'est certain. Le matériel s'écrit tout seul. Et reste dur à croire.
Les satires grossières et vulgaires ne sont pas encore si populaires. Peut-être que ce sera aussi un film porno.

J'ai vu LBJ la semaine dernière. Rendez-vous raté.
On a pas trouvé l'angle intéressant de traiter son passage présidentiel.

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