jeudi 22 mars 2018

George Sand

Née à Paris, le 1er juillet 1804, Amantine Aurore Lucile Dupin a pour père un capitaine d'armée et pour mère, Sophie Victoire Delaborde, déjà mère deux fois, et femme légère et peu farouche, d'un milieu social inférieur. La future auteure aura toujours en elle de fortes vibrations bourgeoises (de son père) et un souci constant des plus pauvres (de sa mère).

Son père meurt à 30 ans en tombant de sa monture. Une semaine avant, le frère naissant d'Aurore ne survit pas non plus. Aurore sera élevée par sa mère et sa grand-mère. Elle passe de merveilleux moments dans un domaine, à Nohant. Ce type de décor reviendra beaucoup dans ses oeuvres à venir. Adolescente, elle se rapproche beaucoup de sa grand-mère, délicate et cultivée. Aurore découvre Jean-Jacques Rousseau, Chateaubriand, Aristote, Condillac, Montesquieu, Blaise Pascal, Jean de la Bruyère, Montaigne, Françis Bacon, John Locke, Leibniz, Virgile, Alexander Pope, John Milton, Dante et Shakespeare. Elle est maintenant passionnée de culture. On la marie de force à 18 ans. Elle sera la meilleure porte parole pour se prononcer contre les mariages toute sa vie.

Elle est vite prisonnière de son mariage. Elle donne naissance à un fils. Un an plus tard, son mari la gifle en public et elle se sent libre seulement quand il s'absente. Elle a une liaison amoureuse extra-conjugale trois ans après leur mariage. Elle a aussi une liaison avec un ami d'enfance. Et tombe enceinte. D'un père moins que certain, mais accouche d'une fille. Elle a une relation avec le romancier Jules Sandeau. Le divorce n'existe pas, mais la séparation oui. Celle-ci est prononcée en février 1836.

En fréquentant Sandeau, elle s'ouvre à la politique et au romantisme de l'époque. Elle quitte Nohant pour Paris. Elle sera des jeunes artistes et poètes du quartier latin portant des costumes extravagants.
Aurore mène une vie de bohème, et traîne dans les théâtres, les musées et les bibliothèques. Obtenant un permis de travestissement légalement auprès de la police, elle choisit de porter en permanence une redingote-guérite, costume généralement masculin. Elle se noue aussi des cravates en laine, se fait couper les cheveux aux épaules et porte un chapeau de feutre mou. Un style visuel est né. Elle commence une carrière de journaliste au Figaro. Avec son directeur de journal, elle co-écrit un premier roman sous le pseudonyme de J.Sand. J parce que Jules Sandeau y a mis beaucoup du sien aussi. Le roman connait un bon succès et l'éditeur en exige un autre du même auteur. Aurore a justement écrit une intrigue amoureuse qui est aussi une étude sociale et de moeurs, critiquant les conditions sociales des femmes: Indiana. Jules Sandeau ne veut pas associé son "J" a une oeuvre auquel il n'a pas participé du tout alors on tranche pour George Sand. George sans le "S" joue sur l'ambiguïté et l'androgynie. Aurore n'invente pas juste un style vestimentaire, mais invente aussi le pseudonyme pour une femme auteure. Et écrit dans des élans de féminisme rare pour l'époque (1832) en France.

Indiana sera un immense succès. Valentine, qui suivra assure aussi sa renommée. Elle rompt sa liaison avec Sandeau et en a une, qu'elle regrette aussitôt, avec Prosper Mérimée. Paraît ensuite Lélia, oeuvre lyrique et allégorique et très originale qui sera un autre grand succès, mais aussi un scandale car l'héroïne pousse quelqu'un au suicide et on traite d'athéisme.

Elle rencontre Alfred de Musset lors d'un dîner organisé par Françis Buloz. De Musset & Sand seront vite amants. Ils voyagent en Italie avec Stendhal. De Musset tombe malade et Sand tombe amoureuse du médecin italien qui le traite. De Musset ne tient aucune rancune, reste ami avec tout le monde, rentre à Paris tout seul. Elle créé de plus en plus: Mattea, Leone Leoni, André, Jacques, et les premières Lettres d'un Voyageur. Elle lancera 11 nouvelles lettres de cette série entre 1834 et 1836.

De Musset et Sand s'écrivent fiévreusement. Ils reprennent, sont toxiques l'un pour l'autre. Destructeurs. Elle se coupe les cheveux encore plus court afin d'attirer son attention. Désespérée, elle pose pour Eugène Delacroix.

Comme elle est toujours techniquement mariée, et qu'elle était beaucoup plus riche que son mari, celui-ci dilue la fortune "commune". Elle engage un fameux avocat, Michel De Bourges, et s'en éprend. Mais De Bourges est aussi marié. Et bien qu'il gagne la cause de Sand contre son mari, le privant de trop piger dans sa bourse, il la quitte assez vite.
De Musset présente Franz Liszt à George Sand. Ils resteront grands complices. L'auteure Marie D'Agoult, suivant l'exemple de Sand, écrira sous le nom de Daniel Stern. Elle se noue d'amitié avec Sand et Liszt. Ensemble, ils iront vivre un temps, en Suisse. Ils voyageront beaucoup. Avec plusieurs amis. Elle fréquente Frédéric Chopin. Elle écrit sur ses fréquentations Les Galériens ou Les Amours Forcés qui parle avec transparence de Liszt et D'Agoult. Mais comme elle est trop proche des sujets, elle donne son livre à Balzac qui en fera Béatrix, déguisant Lizst en compositeur Conti et D'Agoult en Béatrix.

L'abbé Félicité de Lammenais est excommunié suite à la parution de ses Paroles d'un Croyant. Il aura une grande influence sur Sand et Liszt. Elle le vénérera dans Histoire de ma Vie. Lammenais inspirera aussi grandement le roman de Sand, Spiridion.

Charles-Augustin Sainte Beuve, critique et écrivain, sera aussi confident et conseiller littéraire de George Sand. Celle ci développe des idées socialistes et écrit de nombreux romans champêtres inspirés de Nohant. Elle s'y retire après l'échec de la révolution de 1848. Elle se consacre un temps au théâtre.

Ce seront plus de 70 oeuvres qu'elle crééra, jusqu'à ses 71 ans. Elle décède à cet âge. Non seulement comme une des plus grandes auteures du XIXème siècle, mais aussi comme une femme vecteur de changement majeure. Souhaités et rèels. Une rebelle. Nettement en avance sur son époque. Brillante.

L'actrice québécoise Myriam Leblanc a une affection particulière pour George Sand.

Depuis avant-hier, elle incarne la fameuse femme au Théâtre du Rideau Vert.
Avec Liszt, Chopin, Lammenais et bien des fantômes.
Pour les femmes d'hier qui ont les yeux sur le futur.
Et les femmes du futur, fières d'hier.

Jusqu'au 21 avril.




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