jeudi 27 avril 2017

6 Raisons De Ne Pas Écouter 13 Reasons Why

Je vous ai déjà parlé de mon visionnement de la série Riverdale qui prend un peu les personnages des BD Archie Andrews & Betty & Veronica et prend beaucoup beaucoup beaucoup (trop) de l'univers de 2017. La série est sombre là où le comic était soleil.

On a troqué la vitamine C pour le prozac et ça ne me plait pas complètement.
Mais je me rendrai jusqu'à l'épisode final. Par curiosité.

À la fin de chaque épisode, Netflix me conseillait de visionner aussi 13 Reasons Why. Un autre série produite par le réseau, avec l'appui financier de Selena Gomez, cette fois.

Au Baseball on dirait une fausse balle.
Dans les centres de préventions du suicide on dirait: un désastre.

13 Reasons Why raconte l'histoire d'une jeune fille, suicidée, et qui nous explique en 13 cassettes/épisodes pourquoi, avec de multiples retours dans le temps, nous la montrant tout à fait parmi les vivants. Ceux qui veulent voir la série et ne veulent pas de divulgâchis doivent s'arrêter de lire ici.

Récemment, deux jeunes filles de 15 ans, de milieu différents, nous ont confessé être mordues de la série. Je ne l'avais pas encore vue. Je trouvais la prémisse douteuse et malsaine. Puis, je l'ai écoutée.
Je me trompais peu.

La télévision n'est pas la science, ni la médecine. C'est du divertissement parfois, de l'info parfois aussi. C'est le mariage des deux qui ne fait pas toujours bon ménage.

Divulgâchis commence ici.

La série nous montre "pourquoi" la jeune fille de 17 ans choisit de s'enlever la vie. Il y a traumatisme suite à un viol. Traumatisme et viol explicites à l'image. il y a aussi tentative d'en parler aux adultes. Le seul avec lequel la jeune fille trouve la force de parler de son mal se plante royalement dans sa réception de la chose. Il mets du poids sur son "pourquoi".

Le suicide est nettement plus complexe que ça. La santé mentale y est pour beaucoup. Cette question est peu étudiée dans la série. J'ai eu l'impression qu'on avait laissé un sujet dangereux à des enfants. Il y a une certaine banalisation du geste très grave du suicide au profit de l'intrigue, Le suicide n'est jamais la solution. Et la série débute et se termine avec l'idée contraire. Voici comment j'ai géré mon problème pourrait en être la traduction.

Voici 6 raisons, selon moi, gens fragiles, de garder vos yeux loin du produit.

1. C'EST D'UNE LOURDEUR PHÉNOMÉNALE.
Dans la vie, vous aurez tous des problèmes. Adolescents, vous les vivrez plus difficilement puisque vos corps, vos cerveaux, seront en pleine mutation. Les choses difficiles se doivent d'être discutées. A-t-on besoin de Netflix pour nous dire de parler et d'être à l'écoute de nos ados? non. A-t-on besoin de fuir nos problèmes du quotidien en se plongeant dans des problèmes de la même trempe qui ont comme solution la suppression de sa propre vie? Pas plus. "L'écoute de la série a aggravé leur état" à dit la Docteure Johanne Renaud, chef médical du programme de pédopsychiatrie à l'institut universitaire en santé mentale Douglas. "Ils y pensent encore plus". Bien entendu, ils y voient une validation de leur malaise. Et une option brevetée et potentiellement populaire pour tout ce qu'ils n'auront jamais été pour leur proches. Selena est d'accord avec tout ça. The Heart wants what it wants.
La télé n'est pas conçue pour nous downer davantage.

2. Les avertissements.
Il y en a peu. Il y a bien un avertissement de "contenu mature pour un public adulte", mais rien de bien flagrant avant les derniers épisodes. Et bien que le sujet du suicide adolescent ne soit pas un sujet angoissant pour la plupart des adolescent, il s'agit d'un sujet très troublant pour quelques uns d'entre eux. Et quelques uns, c'est bien assez. Presque tous, nous passons vite par dessus un avertissement, et il existe même des recherches qui confirment que les avertissements peuvent être tout aussi dangereux que ce qu'ils tentent de faire. Netflix n'a pas de portier à la salle pouvant filtrer l'enfant de 12/13 ans voulant voir le contenu. Donc pendant que vous cuisiner pour vos amours, dans le sous-sol, votre adolescente est peut-être en train de regarder une de ses soeurs mourir par ses propres moyens à la télé, le pourquoi, la méthode et le raisonnement derrière exposé pour ses petits yeux chéris. Elle, elle a pris les choses en mains, pensera-t-elle peut-être. When you're ready come and get it, na na, na na.

3.Le suicide doit être discuté, mais pas comme ça.
On a beaucoup parlé de la glorification de la violence. 13 Reasons Why m'a paru exactement comme la glorification du suicide. De bout en bout. C'est notre narratrice, notre personnage principal, et elle est morte par choix. La vie d'adulte ne sera que choix. Une des raisons pourquoi l'adolescence est si difficile à gérer pour l'adolescent lui-même, c'est justement parce qu'il a, souvent pour la première fois, à faire de nombreux choix. À prendre des décisions par lui-même. La série offre un choix. Condamnable.
On montre beaucoup ceux qui restent et qui la pleurent. Qui l'ont aimée et qui se demande pourquoi et comment ils auraient pu la sauver. Ce type d'adulation post-mortem peut être séduisant et extrêmement dangereux. Et si plusieurs visaient ce type d'adulation de leur vivant et faute de le trouver, choisirait de s'enlever la vie pour au moins la créer post mortem? Dan-ge-reux. Kill'em With Kindness.

4. Ce type de série est profondément lourde pour une consommation en rafale.
Netflix se consomme facilement en rafale. Il ne s'agit pas des Gilmore Girls, ou Sex in the City où vous pouviez écouter 3 épisodes en ligne en oubliant d'aller aux toilettes ou de manger tellement vous étiez absorbés. 13 heures de "pourquoi j'ai choisi de mourir" vous habitera d'un sentiment de noirceur. Parler de suicide pendant une heure est intense. En parler pendant 13 heures de suite, pendant 6 heures, pendant 3 heures...effroyable. Lire un seul article sur le suicide d'un(e) ado peut nous habiter longtemps. 13 x 1 heure du sujet. Ouf! Comment j'ai fait? Quel effet ceci aurait sur des gens moins bien armés mentalement? It Ain't Me.

5. Ce type de mort graphique n'est pas du tout bienvenue à l'oeil.
On a peut-être justement voulu le choix de la mort si brutal pour ne jamais la rendre sexy, mais le traumatisme est transféré directement de l'image au cerveau du divan du salon. Ta-bar-nak. She's dead alright. Regardez Hannah, les jeunes, mourir dans une fiction, d'une manière qui n'a aucunement l'air fictive. Vous vous rappelez quand votre jeune de 5 ans et moins était terrifié par la baleine qui menaçait d'avaler Dory et Nemo? Ce n'était qu'un dessin animé, mais pour un enfant de 5 ans et moins, ça faisait parti du vrai. La série, pour certains ados investis dedans, fera aussi parti de leur vrai. La scène du suicide est tout ce qu'il y a de plus réaliste. Aucun ado n'a un jour besoin de voir un des siens dans cette position aussi clairement. Can we take it nice and slow, slow?.

6. L'argument que la série est justement éducative est éclipsée par l'idée qu'il pourrait s'agir d'une solution souhaitable.
Les jeunes sont intimidés tous les jours (un autre "pourquoi" de son choix). Ils sont habitués de voir des vies inventées sur Facebook, Instagram ou Twitter. Ils voient des corps qui ne sont pas vrais sur des adultes sur des plus jeunes, sur des gens de leur âge. Ils s'inventent des amis et des amoureux. Ils vivent dans une ère assez facile, ou tout peut aller très vite. et où ils n'ont plus besoin de la bibliothèque pour faire un devoir, mais ils vivent aussi dans un ère très compliquée. Tout le monde sait tout de vous sur le net et vous êtes exposés et "vulnéralisables" en tout temps. I'm on my marquise diamond, I'm a marquise diamond.

On a léché, en surface, un sujet très profond. Et qui ne s'explique pas simplement comme ça.
Le contenu existait déjà en livre (la série est adaptée du livre de Jay Asher). L'idée de l'adapter pour la télé suggère une envie de sexyfier la chose.

De mettre un glaçage sur le gâteau santé.
(Mentale)

Le suicide n'est ni sexy, ni un moyen, ni une solution.

C'est une plaie de la vie.

Québec, maintenant, s'en inquiète aussi de cette série.


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